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Les jeux bizarres, c'est mon dada, il n'y a pas de mystère, dès qu'il faut jouer à un truc méta en noir et blanc qui clignote, je suis aux premières loges. Les jeux japonais aussi, ça me connaît,...
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le 14 juil. 2022
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Jeu de G.rev, Izanagi Games et NIS America (2022 • PlayStation 4)
Les jeux bizarres, c'est mon dada, il n'y a pas de mystère, dès qu'il faut jouer à un truc méta en noir et blanc qui clignote, je suis aux premières loges. Les jeux japonais aussi, ça me connaît, même si avec le temps j'ai fini par en revenir un peu (la vieillesse, qu'on appelle ça. C'est moche). A vrai dire, même, quand c'est bien fait, je le confesse, j'ai tendance à aimer l'un comme l'autre, à plus forte raison les deux simultanément.
Raison pour laquelle j'ai surveillé (stalké, pour ainsi dire) ce Yurukill dès sa bande annonce japonaise, étonné de voir Arc System Works au générique et plutôt intrigué par ce mélange contre-nature de visual novel façon survival manga et de Manic Shooter pour débutants.
Sitôt la mise en ligne de la démo (qui permet de jouer le premier des sept chapitres dans son intégralité), j'ai sauté le pas manette à la main, prêt à couper court dans les cinq premières minutes si le résultat n'était pas à mon goût. Deux heures plus tard, ou peu s'en faut, à ma grande surprise, je précommandais illico le collector UK et tant pis pour les frais de douane.
Parce que contre toute attente et avec un de ces brios étranges dont les nippons ont le secret, qui tient peut-être de l'audace ou de l'accident, le mélange fonctionne et même : il fonctionne à merveille, les enjeux de la phase visual novel se cristallisant dans la phase manic shooter, intense mais accessible, sur le fond d'un soundtrack qui n'hésite pas lui-même à jouer la carte du grand écart, entre pistes ambiant discrètes pour les résolutions d'énigmes, techno industrielle et quelques excellentes pistes de metal à l'ancienne. Mention spéciale également pour son character-design, très élégant.
Pour peu qu'on ne soit pas totalement allergique aux ingrédients de ce pot-pourri qui ne l'est pas une seconde : une étonnante surprise moyen budget, forcément très statique dans ses sections narratives (par chance réduites à l'essentiel, ce qui nous évite les traditionnelles tartines de digressions futiles plombant habituellement les visual novels), beaucoup plus nerveuse dans ses sections arcade, qui tient le joueur en haleine pendant les dix heures nécessaires pour faire le tour de ce énième parc d'attraction mortel et déjanté, dans lequel des détenus purgeant de lourdes peines sont confrontés à leurs victimes et s'affrontent pour gagner leur liberté.
Les énigmes qui parsèment le parcours sont simplistes et il ne vous faudra souvent que quelques secondes à peine pour en venir à bout (compter deux heures de plus si vous êtes fan de Cyril Hanouna), mais elles restent stimulantes et il n'est pas rare qu'on se bloque à trop chercher la petite bête ou parce qu'on ne possède pas la culture logique adaptée.
Quelques questions à choix multiples, simples également, parfois en temps limité, viennent rompre la monotonie de la lecture, permettant tantôt d'échapper à la mort, tantôt de faire le point sur l'affaire en cours de jugement, tantôt de gagner de précieuses vies pour la partie shoot them up.
Partie shoot them up qui, en mode normal, reste très accessible (les fondus de manic seront bien inspirés de passer directement le jeu en "hell"), tout en proposant un challenge prenant et bien équilibré. On est bien jeté dans l'arène d'un vrai manic shooter, mais le nombre de vies à disposition, la relative lenteur des projectiles et la hitbox plutôt bienveillante rendent cette expérience humainement supportable, y compris pour ceux qui comme moi détestaient jusqu'alors ce type de production. Il est même possible d'aborder Yurukill comme une introduction au genre, une initiation, et même un tutoriel, qui m'a personnellement appris à apprécier ce genre que je considérais jusqu'ici pénible et fainéant.
Unique en son genre, Yurukill se savoure d'autant plus qu'une fois ses mystères éventés, il sera impossible de revivre l'aventure avec autant d'implication, mais qu'à cela ne tienne : pendant dix heures, on a plaisir à découvrir ces prisonniers pas comme les autres et à reconstituer le fils de leurs histoires forcément scabreuses, plutôt intelligentes et bien écrites, parfois même surprenantes dans leur dénouement. Dans le même registre, ce n'est pas du 999, on en est loin, mais bien que tiré par les cheveux, le récit s'en sort avec les honneurs.
Un OVNI, donc, qui ne fera pas l'unanimité, la bande annonce ne ment pas, mais qui mérite l'indulgence de la cour et qu'on lui donne sa chance.
Coupable, ou innocent, alors ?
Innocent, pour le coup, en ce qui me concerne.
Avec les félicitations du jury.
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Créée
le 14 juil. 2022
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