Zero Chill Dilemma

(Critique normalement sans spoilers à part les champs dédiés au spoiler)

Il est là. Une des franchises les plus miraculées du jeu vidéo fait son ultime retour pour ce qui doit être la conclusion d'une des plus fascinantes curiosités vidéoludiques des années 2010. Après un teasing et une annonce trop beaux pour être vrais, un développement sans délai et une communication impeccable, le monde des amateurs de mystère électronique retient son souffle quand débarque enfin la bête : Zero Time Dilemma, aka Zero Escape 3.

Alors, je vais être obligé de dire quelque chose que j'avais prié pour ne pas avoir à dire : Zero Time Dilemma est le jeu le moins bon de la série. Est-ce un mauvais jeu ? Certainement pas ! Cependant, il serait impensable de vous laisser en disant que le pire épisode a obtenu la note de 9, alors je vais développer un peu.

Pour faire très court, dès le premier jeu Zero Escape (999), Kotaro Uchikoshi, son créateur, n'en était pas à son coup d'essai en termes de mystère avec les visual novels de la série Infinity, notamment Ever17 et Remember11. Et le truc de Uchi (on va l'appeler comme ça si ça vous dérange pas), c'est de faire les twists les plus impensables dans le jeu vidéo, tout en restant crédible dans l'univers du jeu. Ils sont tellement fous que même en sachant qu'il y a des twists à tout va et en essayant de les deviner, vous seriez assurément surpris en jouant à cette série, si ce n'est déjà fait. Et c'est pour cette raison que les fins de 999 et VLR sont pour moi d'une intensité tellement immense que rien ne pourrait leur faire de l'ombre. Au fond de moi, j'espérais profondément avoir tort avec l'arrivée de Zero Time Dilemma. Mais malheureusement... il n'a pas été à la hauteur.

Je vais dire directement le problème avec Zero Time Dilemma : c'est la fin. Si je devais parler rapidement des points forts du jeu, je dirais simplement "tout sauf la fin". La narration est impeccable, les personnages sont vraiment intéressants, les twists vraiment dingues tout en restant crédibles, les escape rooms ont un équilibre de difficulté irréprochable... La force de Zero Time Dilemma, ce n'est pas la destination mais le voyage. Le mid-game, qui est dans 999 et VLR relativement mou, est ici d'une intensité sans précédent notamment grâce au système de fragments, qui dynamise vraiment la narration, en répartissant les événements de manière très dispersée sur la timeline du jeu. L'introduction est parfaite, extrêmement propre et ne peut que vous faire penser "voilà, CA c'est Zero Escape !".

Mais on en revient à la fin. Une des erreurs du jeu, selon moi, est d'avoir placé le climax à un endroit légèrement en retrait de la résolution, en opposition à 999 et VLR qui calent ce dernier à un moment très proche de l'épilogue pour un effet feu d'artifice final. Vous sortez du climax de ZTD, vous venez de prendre un pied monumental avec l'avalanche de révélations, et d'un coup, voilà que le jeu commence soudainement à boiter, et finit par se casser une jambe à 100 mètres de la ligne d'arrivée. Vous commencez à réaliser que certaines questions n'ont eu qu'une réponse baclée, que les motivations du mastermind sont plus que décevantes et que certaines failles ont été colmatées par des facilités de scénario...

Donc voilà. C'est un peu comme si vous dégustez le festin de votre vie, un repas d'une superbe qualité, et on vous sert un café à l'eau boueuse pour clôturer. Et puis, un dernier point qui me dérange :

(Ce n'est pas un spoiler en soi, mais si vous voulez vraiment ne rien savoir sur la manière dont finit le jeu ne regardez pas)

Pour résumer, Zero Time Dilemma est vraiment immanquable, et vous n'avez aucune raison de passer à côté si vous avez apprécié les deux premiers jeux. Cependant, si vous venez avec l'intention d'assister à la conclusion parfaite de la série, il va malheureusement falloir que vous mettiez la barre un ou deux crans plus bas avant de vous lancer.