Anthropocène Men : Devo
Connaissez vous bien Devo ? En dehors du fait que le groupe est connu pour son titre "Whip It", qu'on retrouve partout (cinéma, séries TV, pubs...) et son accoutrement basé sur une tenue anti radiation jaune surmontée d'un "pot de fleurs" rouge vif, Devo est bien, bien plus que ça. Pour commencer, il ...
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créée il y a environ 10 ans · modifiée il y a 2 joursNew Traditionalists (1981)
Sortie : août 1981 (France). Rock, New Wave, Electronic
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Après l'enregistrement de "Freedom Of Choice" qui voit Devo choisir le synthé comme un instrument prédominant de leur musique, le groupe s'embarque pour un quatrième album plus synthétique que jamais, tout en gardant un côté rock et en ajoutant parfois aux morceaux une petite touche de funk ou de jazz. Auto-produit par le groupe, Devo explore cette fois comme thématique une certaine utopie sociale (ils ont piqués le titre de l'album à un groupuscule japonais de gauche) qui se ressent dans les textes et les paroles. Si le ton était plutôt joyeux sur les albums précédents, sur "New Traditionalists", les chansons sont plus sombres. Si "Through Being Cool" pose les bases d'un album plus funky que jamais, c'est "Beautiful World" qui fait culminer le disque dans le meilleur commentaire sarcastique sur la société que le groupe n'ait jamais produit.
La production fait également la part belle aux basses et aux percussions (chose assez rare pour être mentionnée) ainsi que pour la première fois de leur discographie, les boites à rythmes, qui combinées avec le jeu de batterie d'Alan Myers, rendent les rythmes et les grooves dévastateurs.
Concernant les performances lives, c'est certainement le "New Tra Tour" qui a vu Devo à son sommet : tapis roulants, structure inspirée d'un temple grec, images en rétroprojection et soundsystem incroyable pour l'époque. Si "New Traditionalists" n'est pas forcément le meilleur opus du groupe, il n'en reste pas néanmoins mauvais et continue d'imposer la vision si particulière de notre monde selon Devo.
Q: Are We Not Men? A: We Are Devo! (1978)
Sortie : juillet 1978 (France). Rock, New Wave
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le premier album de Devo devait à la base être produit fin 1977 à Berlin par David Bowie qui considère le groupe comme "la musique du futur". Ce dernier étant absent car trop occupé avec sa propre carrière, il "délègue" le boulot à Brian Eno, dans les célèbres studios de Conny Plank. Premier disque du groupe, "Are We Not Men" recense la plupart des titres phares composés entre 1975 et 1977. Encore très marqué par un son "brut" hérité du punk, Mothersbaugh et Casale tente de minimiser la production d'Eno pendant le mix afin d'imposer pour la première fois au monde leur vision de la "dévolution".
Avec comme porte étendard la reprise "déconstruite" du "(I Can't Get No) Satisfaction" des Stones, mais également des perles comme "Gut Feeling" ou "Uncontrolable Urge", Devo nous expose son point de vue bien particulier sur fond de post-punk électronique décadent. "Jocko Homo", la chanson qui donne son titre à l'album et résume tout le concept du groupe, triomphe en position centrale sur le disque.
Reconnus aussitôt comme un OVNI par le monde entier, cet excellent premier album de Devo lance la carrière d'un groupe "à part" qui continuera d'évoluer jusqu'au milieu des années 80.
Freedom of Choice (1980)
Sortie : 1 juillet 1980 (France). New Wave, Electronic, Electro
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 9/10.
Annotation :
Si on cherche un parfait point d'entrée dans la grande discographie du groupe, "Freedom Of Choice" serait un excellent choix. Certainement le disque le plus pop que Devo n'ait jamais composé, il comprends douze titres dont plusieurs ont permis au groupe de se faire définitivement connaître dans le monde. Évidemment, impossible de passer à côté du célébrissime "Whip It", mais il est tout aussi bon de noter d'excellents titres moins connus mais peut-être meilleurs comme "Girl U Want", "Gates Of Steel", "Planet Earth" ou "Freedom of Choice", la chanson titre qui critique le consumérisme mondialisé.
Produit par Robert Margouleff (qui a travaillé avec Stevie Wonder), "Freedom Of Choice" fait la part belle aux synthés, et les mélodies sont principalement composées et conduites par ces derniers. Côté rythmique, Alan Myers s'inspire des disques de krautrock allemand et construit une ligne de conduite très "motorik" qui donnera au disque un côté très homogène.
Nous avons donc là un excellent disque à la fois pop, aux accents new wave simplistes et une dimension ironique qui conduira bientôt le groupe à aller encore plus loin. Un disque qu'un auditeur lambda qui ne connaît rien de Devo et de son message de "désévolution" n'aura aucun mal à écouter !
Hardcore Devo, Volume 1: 74–77 (1990)
Sortie : août 1990 (France). Electronic, Synth-pop
Compilation de DEVO
Blank_Frank a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
En 1990, alors que le groupe est toujours actif et sort "Smooth Noodle Maps", les têtes pensantes de Devo que sont Gerald Casale et Mark Mothersbaugh décident également de sortir en catimini leur tous premiers titres, enregistrés plus ou moins correctement en fonction de leurs moyens d'alors sur les compilation "Hardcore Devo Vol 1" et "Vol 2".
Si le groupe s'est formé peu après la tuerie de Kent State (université de l'Ohio) alors que plusieurs de leurs amis qui manifestaient en faveur de la paix seront tués par la police de Nixon, le quintette décide de transformer leur projet d'art en groupe de rock futuriste pour mieux critiquer la société américaine de plus en plus décadente. Ce faisant, ils composent entre 1972 et 1977 plusieurs titres (dont certains seront réenregistrés pour leurs deux premiers albums) qui feront date dans l'histoire du post punk, mais aussi du synthpunk, puisque Mark Mothersbaugh saupoudre toute les compositions de riffs complètement dingues provenant de son Mini Moog qu'il manie, dans ses mots, "comme les soldats manient leur M16 au Vietnam".
Plus futuriste qu'autre chose, ces titres sont néanmoins ultra importants dans l'histoire et le développement du groupe, bien avant qu'ils deviennent un groupe pop. C'est peut-être assez difficile à écouter, mais pourtant complètement dingue pour l'époque puisqu'ils sont très en avance sur leur temps (même si, sans forcément le savoir, les anglais de Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire feront des choses analogues de l'autre côté de la planète au même moment). C'est donc un disque qui s'adresse principalement aux fans "hardcore" (comme son titre l'indique), mais également un jalon à écouter en premier lieu pour mieux comprendre le concept de "dévolution" et tout l'univers de Devo.
A noter que le groupe a présenté sur scène en 2014 tout le répertoire "Hardcore" lors d'une tournée américaine éponyme. Ces versions live sont d'ailleurs disponible sur CD et permettent de découvrir ces titres en bien meilleure qualité.
Oh, No! It’s DEVO (1982)
Sortie : novembre 1982 (France). Electronic, Rock, Synth-pop
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Cinquième album de Devo, "Oh No! It's Devo" fait la parfaite synthèse de tout le travail musical effectué par le groupe depuis 1978. Entièrement produit à base de synthétiseurs et de boite à rythmes, reléguant la guitare et la batterie au second plan, ce disque produit par Roy Thomas Baker (plutôt habitué à travailler avec Queen ou The Cars) est certainement l'un des meilleurs disques de synthpop du monde.
A côté de ce côté pop "easy" qui éloigne les premiers fans du groupe qui trouvent que Devo est tombé dans le territoire de la "dance music", il faut bien comprendre les messages toujours aussi caustiques et ironiques du groupe. Sur le "tube" de l'album, "Peek a Boo", Devo annonce avec vingt-cinq ans d'avance la mainmise du renseignement américain sur la vie quotidienne de tous les citoyens du monde. Le groupe critique également le côté idéaliste de l'Amérique de Reagan sur des titres comme "That's Good", "Speed Racer" ou "What I Must Do". On note toujours l'humour, omniprésent et au comble de l'absurde, sur des titres comme "Out Of Sync" ou "Explosions".
Fatigués d'être souvent catégorisés de "clowns" et de "fascistes" (alors qu'ils ne sont ni l'uns ni l'autre), Gerald Casale a souvent dit en interview que l'idée de base pour la conception de "Oh No !" est partie de cette simple question : "comment sonnerait un album composé par des clowns fascistes ?"... Le résultat est là, et c'est dire à quel point ce disque est important dans l'histoire de Devo...
Duty Now for the Future (1979)
Sortie : 7 juin 1979 (France). Rock, New Wave
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 8/10.
Annotation :
Généralement considéré par les fans hardcores américains comme le meilleur album du groupe, "Duty Now For The Future" ("Travaillons Maintenant Pour Le Futur") impose dans une production plus maitrisée le message de "dés-évolution" sociale de Devo. Produit par Ken Scott, ce second opus est tout autant inventif que le premier, avec un registre de morceaux plus diversifiés. Le synthétiseur qui apparaissait par touches dans le premier album se montre davantage et porte des titres tels que "Devo Corporate Anthem" ou "Smart Patrol/Mr. DNA" dans le territoire de la science-fiction.
Si les textes et les paroles ne sont pas aussi directs et explicatifs que ceux du premier disque, c'est que Devo a mis de l'eau dans son vin et s'amuse de manière bien plus subtile à pondre sarcasmes, imageries sexuelles, humour absurde et philosophie sur fond de synth-punk explosif.
Si "Duty Now For The Future" est un trés bon album de Devo, il reste néanmoins un peu plus difficile à écouter d'un bloc que les disques suivant ou que le premier album.
Something for Everybody (2010)
Sortie : 15 juin 2010 (France). Rock, New Wave, Synth-pop
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Quand la plupart des groupes se cassent les dents avec les albums "come-backs" livrés parfois plusieurs décennies après le dernier disque en date, ce n'est absolument pas le cas de Devo. Sorti en 2010, soit exactement vingt ans depuis le dernier album, "Something For Everybody" remets les pendules à l'heure et prouve avec brio que la "désévolution" est réelle et que le groupe avait raison depuis le début.
Marqué par la production d'un Mark Mothersbaugh qui est parti dans l'entremise signer les bandes sons de Wes Anderson, des Razmockets et des Sims 2 (rien que ça), le son Devo de 2010 reste cependant très proche de la période 80-82, avec ses synthés qui brillent et ses boites à rythmes qui claquent et groove comme jamais. Alan Myers, batteur de génie, ne fait plus partie de Devo depuis longtemps, mais Josh Freeze (échappé de Nine Inch Nails) rends toute leur grandeur aux percussions du disque.
Livré à l'époque de la télé réalité, de l'obsolescence programmée et de l'avènement d'une société de technologies, "Something For Everybody" laisse Devo pondre un "produit commercialement viable" (comme le rappelle Gerald Casale en interview) afin de marquer les masses et de rappeler que Devo est toujours là.
Shout (1984)
Sortie : 9 octobre 1984 (France). New Wave, Electronic, Synth-pop
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Pour beaucoup de fans, "Shout" est le disque ou Devo perds complètement son sens de base et tente de livrer un produit commercial pur. Pourtant, conçu à l'origine comme une tentative du groupe de créer un album sans guitare ("un instrument dépassé à l'aube du XIXème siècle", comme se complaisent alors à dire Mark Mothersbaugh et Gerald Casale en interview autour de 1983/84), "Shout" voit le groupe tenter la surproduction à l'aide de l'ordinateur/sampleur Fairlight, qui donnera envie à Alan Myers, batteur, de quitter définitivement le groupe, ce qu'il fera après la sortie du disque.
Beaucoup moins sombre et sinistre que les disques précédents (comme le laisse entendre la pochette colorée), peut-être un poil surproduit, "Shout" recèle cependant de petites pépites mélodiques que les membres du groupe renient pourtant complètement de nos jours. La simplicité de pistes comme "Satisfied Mind", "Jurisdiction Of Love", "Please, Please" ou "Don't Rescue Me" relient pour une fois davantage le quintette d'Akron aux Beatles qu'à Kraftwerk (ils citeront même le riff de "Day Tripper" dans "Fourth Dimension").
Si vous préférez le côté punk-rock du groupe, alors il faudrait peut-être éviter l'écoute de "Shout". En revanche, si vous aimez la synth-pop "bubblegum" qui ne renie pas néanmoins l'expérimentation, vous allez être servis !
Smooth Noodle Maps (1990)
Sortie : 1990 (France). Electronic, Synth-pop
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Souvent complètement oublié lorsqu'on évoque Devo, ce qui a été pendant longtemps leur "dernier album en date" était souvent considéré comme un ratage complet. Tout récemment réhabilité lors de sa ressortie vinyle en début d'année 2019 (merci le label Futurismo), il se trouve que même si le groupe est certainement à son plus commercial et moins avant-gardiste, le groupe arrive encore et toujours à prouver qu'il peut livrer un disque avec quelques idées mélodiques fortes.
La production, enfin débarrassée du Fairlight, est cependant conçue avec des synthés et des boites à rythmes de l'époque (89/90) qui donnent au disque un son qui a d'un côté très mal vieilli, mais aussi un charme et une patine qui le rendent unique. Si on est forcé de grimaçer à l'écoute des boucles de batteries pré-samplées sur "Stuck In A Loop" et les riffs pseudo-psychédéliques créés avec des presets (déjà utilisés 1000x dans la musique pop) des synthés Roland D-50 sur "A Change Is Gonna Cum", on arrive cependant à dodeliner et voire même carrément prendre son pied sur ces petites perles que sont "Post Post Modern Man" et "Devo Has Feelings Too" (qui préfigure presque ce que They Might Be Giants feront pour la bande-son de la série "Malcolm In The Middle").
En bref, si "Smooth Noodle Maps" ne garde rien des albums du tournant des années 70/80, il reste un très sympathique disque de musique pop-rock synthétique, le tout saupoudré d'humour à la Devo. Sans toutefois le porter en éloges (ça reste un disque très moyen venant des géniteurs de "Freedom Of Choice"), il reste cependant bien meilleur que ce que les journalistes veulent vous faire croire, et meilleur aussi que son prédécesseur direct, "Total Devo"...
Total Devo (1988)
Sortie : 1988 (France). Rock, New Wave, Electronic
Album de DEVO
Blank_Frank a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
De retour quatre ans après le long-hiatus post "Shout" qui conduira quasiment le groupe à sa fin (plus de batteur, plus de label, privés de concerts), le groupe se remet sur pieds aprés avoir aidés à produire le seul et unique album du groupe new-wave de l'acteur Bill Paxton (l'excellent et trop méconnu "Holy Cow!" de Martini Ranch). Ils signent sur le petit label Enigma et engagent l'ancien batteur des Sparks David Kendrick pour remplacer tant bien que mal Alan Myers, puis sortent ce nouveau disque, qui reproduit malheureusement les mêmes erreurs que "Shout", en déléguant notamment la majeure partie de la production au travers du Fairlight.
Trop produit une fois encore pour certains, trop insipide pour d'autres, "Total Devo" sera très critiqué par les fans et les spécialistes rock, quand il n'est d'ailleurs pas complètement ignoré. Composé de treize morceaux, seuls cinq ou six pistes sont vraiment bonnes : "Baby Doll", "Disco Dancer", "Some Things Never Change", "Happy Guy" et "Man Turned Inside Out". L'insuccès flagrant du disque n'empêche pas le groupe d'enfin repartir en tournée (ils n'avaient effectués aucuns concerts depuis 1982).
"Total Devo" reste un disque à éviter, à moins d'être un inconditionnel du groupe ou un simple curieux...
P'Twaaang!!! (2006)
Sortie : 31 octobre 2006 (France).
Album de The Wipeouters
Blank_Frank a mis 6/10.
Annotation :
Album non officiel de Devo, mais regroupant tous les membres actifs du groupe pendant l'enregistrement (en 2001, donc). Renommés en Wipeouters certainement pour éviter des problèmes de droit avec leur maison de disques (à savoir, Warner Bros, le groupe n'ayant sorti aucun disque officiel depuis 1990), Devo livre ici une sorte de parodie d'album surf-rock.
Pour les plus fins connaisseurs de l’œuvre de Mark Mothersbaugh (à l'époque en plein travail sur les bandes sons des Razmockets, des films de Wes Anderson ou des Sims 2), on retrouve certains gimmicks déjà utilisé dans ses bandes originales. Globalement instrumental, le disque comprends cependant un titre chanté, "Twist'n'Launch", qui aura également droit à son clip complètement barré.