Cover Poésie Funky à New York City : Talking Heads

Poésie Funky à New York City : Talking Heads

Parmi tous les groupes new-yorkais nés dans les années 1970, lequel voyait trois, puis quatre étudiants en arts s'associer pour créer une musique tout autant influencée par le punk des Ramones ou de Television, le pop rock de David Bowie et des Modern Lovers, le krautrock de Can, la soul et le R'n'B ...

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10 albums

créée il y a presque 10 ans · modifiée il y a 4 mois
Remain in Light
7.8
1.

Remain in Light (1980)

Sortie : 10 mai 1980 (France). New Wave, Post-Punk

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

En toute objectivité, si l'on doit uniquement retenir qu'un seul album de Talking Heads, ce serait certainement "Remain In Light". Produit par un Brian Eno qui a tellement pris ses marques dans le groupe qu'il voulait être crédité comme le cinquième membre officiel, ce disque voit le quartet new-yorkais révolutionner l'usage du studio dans la pop musique américaine. Si Can et Holger Czukay ont déjà produits plusieurs albums en superposant des boucles d'instrumentations les unes par dessus les autres ("Saw Delight", "Movies"), c'est la première fois qu'un tel procédé est mis en œuvre avec tant de réussite pour mettre en boite un disque américain.

Autant influencé par le rock progressif que par l'afrobeat ("Expensive Shit" de Fela Kuti tournait en boucle dans le studio Compass Point au moment de l'enregistrement du disque) ou que la new wave britannique (Byrne et Harrison tentent par exemple de reproduire sur "The Overload" le son de Joy Division en ayant seulement lu des critiques et sans jamais avoir écouté la musique du célèbre groupe de Manchester), "Remain In Light" est un disque de fusion parfaite. Reposant pour la première fois autant sur les grooves et des arrangement ouvertement funk, la musique de Talking Heads atteint des sommets que nombre d'autres groupes ont pillé par la suite, reproduisant la méthode d'enregistrement ou s'inspirant fortement des thématiques et des sonorités "world". Brian Eno fait appel à de nombreux musiciens de session, dont certains feront par la suite partie du line-up live de Talking Heads. Citons parmi les noms les plus importants Adrian Belew (ex Zappa, ex Bowie, futur King Crimson) et ses soli de guitare assez impressionnants, Jon Hassell et sa trompette futuriste, la chanteuse soul Nona Hendryx ou encore Robert "Johnny & Mary" Palmer aux percussions.

Si ce n'est "que" le quatrième album de Talking Heads, il est vrai que "Remain In Light" reste certainement leur climax discographique. C'est impossible de ne pas avoir de réaction à l'écoute de monstres musicaux tels que "Born Under Punches", "The Great Curve" ou bien sûr "Once In A Lifetime", qui a eu droit à un clip bien barré mettant le groupe sur orbite pour toujours. Un disque séminal si il en est, façile à trouver et à mettre dans toutes les mains au plus vite.

Stop Making Sense (OST)
8.2
2.

Stop Making Sense (OST) (1984)

Sortie : 17 septembre 1984 (France). Rock, Soundtrack, New Wave

Bande-originale de Talking Heads

Blank_Frank a mis 10/10.

Annotation :

Généralement, quand des journalistes un peu lambda parlent de Talking Heads ou de David Byrne, le "leader" du groupe (et ce seulement en apparence, le groupe étant pourtant une vraie démocratie, ce qui d'ailleurs contribuera à le faire imploser au cours des années 80), il n'est pas rare de les voir mentionner le film "Stop Making Sense". Pour résumer la chose : il s'agit de la captation des trois derniers concerts du leg américain de la tournée de "Speaking In Tongues", alors que le groupe était au top de sa popularité après la sortie de l'album "Speaking In Tongues" et du single "Burning Down The House" qui les a vus entrer pour la première et dernière fois dans les 10 premières places des charts américains. Pour fêter la chose dignement, et parce que Byrne ne fait jamais les choses à moitié quand il imagine la production d'un nouveau show live, il imagine une scénographie inspirée de l'artiste Robert Wilson et du théâtre kabuki afin de mettre en scène le groupe pendant le concert.

Regorgeant de trouvailles, d'accessoires appartenant davantage a l'univers du théâtre que du rock et d'effets visuels surprenants; le show très visuel de Talking Heads (accompagné par cinq autres backing musiciens) est filmé par Jonathan Demme, qui n'était pas encore très connu mais qui aura su convaincre le groupe et leur management. Le film, qui sort à l'automne 1984, est un franc succès, nommé par des critiques comme "la meilleure captation d'un concert jamais réalisée" (ce à quoi je suis entièrement d'accord), se voit également servi avec sa bande-son. Ici, il s'agit d'un album live reprenant les 16 titres retenus dans le film (certains titres comme "I Zimbra" et "Cities" y ont été coupés, pour conserver du rythme à l'ensemble). Sur Senscritique, seule la version vinyle originale est dispo, avec ses 9 titres.

Absolument révolutionnaire, le film tout comme l'album live voit Talking Heads à son zénith musical. Plus "tight" et funky que jamais, le groupe fait exploser le public (et nous) de bonheur et nous force presque à devoir danser, quitte à donner envie à tous d'empoigner un instrument et de se joindre à eux sur scène tellement le groupe à l'air de s'éclater. Un grand moment de cinéma, un grand moment de rock.

Speaking in Tongues
7.5
3.

Speaking in Tongues (1983)

Sortie : 31 mai 1983 (France). Funk, Funk / Soul, Rock

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Au printemps 1982, après une année de pause pour les quatre membres de Talking Heads, le groupe se retrouve dans leur QG aux Compass Point Studios de Nassau pour composer leur cinquième album. Débarrassés d'un Brian Eno trop demandeur et un rien malhonnête (il se taille la part du lion aux côtés de Byrne sur les crédits de leur album précédent), le groupe s'autoproduit en conservant la "méthode" débroussaillée par Eno lors de l'enregistrement de "Remain In Light". Le studio devient dés lors un outil musical à part entière qui permet à chaque membre de créer de la musique en superposant des couches de sons et des boucles. Remonté par l'idée que le side project de Chris et Tina (le fameux Tom Tom Club) soit plus populaire que Talking Heads, David Byrne met de l'eau dans son vin et décide de changer d'angle d'attaque pour ce cinquième album. Il cherche à créer des chansons pop-funk en gardant le côté spontané du disque précédent.

D'un strict point de vue de production, il n'y a donc rien à relever de nouveau, sinon l'emphase sur le synthétiseur plus présent que jamais. En revanche, côté musique, Talking Heads se lâche et ne compose quasiment que des tubes : de l'ouverture du disque avec "Burning Down The House" jusque la fermeture sur "This Must Be The Place (Naive Melody)", on assiste à l'exploration pop d'un groupe pris de passion pour les grooves funk des musiciens afro-américains. Ils font par exemple appel au claviériste de Parliament-Funkadelic, Bernie Worell (qui a déjà joué avec Talking Heads pendant la tournée 1980-81) mais également Alex Weir, membre des Brothers Johnson, ou encore Wally Badarou, célèbre claviériste originaire du Bénin. En soi, la musique de Talking Heads n'a jamais été aussi joyeuse et dansante, tandis que les textes de Byrne atteignent des sommets dans la poésie du non-sens, étant donné qu'il a tenté, en vain, d'écrire les textes en glossolalie, ce qui donne son titre à l'album.

C'est l'un de mes opus préférés du groupe, et ce pour des raisons qui me sont chères : je l'ai découvert à l'aube d'une nuit blanche particulièrement mémorable lors du nouvel an 2014/2015. Même si la production n'est pas aussi psychédélique que pour "Remain In Light", et même si la plupart des titres du disque sont magnifiés dans leurs versions live dans "Stop Making Sense" ("Making Flippy Floppy" et "Girlfriend Is Better" en live, un délice); "Speaking In Tongues" reste à mon sens la dernière véritable production majeure d'un groupe de rock majeur du XX

Fear of Music
7.6
4.

Fear of Music (1979)

Sortie : 3 août 1979 (France). New Wave, Post-Punk

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 9/10.

Annotation :

Alors que Talking Heads s'est fait un nom en produisant quasiment coup sur coup leurs deux premiers albums, il faut maintenant récidiver et inscrire à jamais son nom dans l'histoire du rock. Problème : le répertoire du groupe à déjà été épuisé pendant l'enregistrement des deux albums précédents. Les quatre new yorkais s'organisent alors pour "jammer" dans le loft new-yorkais de Chris et Tina aux abords de l'East River (côté Brooklyn). Brian Eno, qui a déjà produit "More Songs About Buildings And Food" l'année passée, semble intéressé pour remettre le couvert une nouvelle fois. Afin de tenter de garder un son "brut" tel que le groupe le désirait, Eno les enregistre sur place, dans le loft, en faisant appel au camion/studio mobile du Record Plant (le camion garé en contrebas, les câbles passant par les fenêtres) et en enregistrant le groupe plusieurs dimanches de suite afin d'éviter les nuisances sonores si chères à New York City.

Le résultat ? "Fear Of Music". Toujours composé autour du quartet Byrne/Frantz/Harrison/Weymouth, Eno fait tout de même appel à son ami le guitariste Robert Fripp (King Crimson, David Bowie) pour accompagner le groupe sur le titre le plus étrange qu'ils aient alors composé : "I Zimbra", un punk-funk (d)étonnant dont le texte scandé par Byrne reprends un poème du dadaïste Hugo Ball. Le reste du disque voit Byrne parler de sujets du quotidien, comme il aime à le faire depuis "77", le premier album du groupe, mais dans une veine beaucoup plus paranoïaque qu'à l’accoutumée. Byrne "chante" sa peur des animaux sur "Animals", des villes dans "Cities", de ses amis dans "Mind", du papier dans "Paper" ou, vous l'aurez compris, des drogues dans "Drugs". A la fois dépouillé, oppressant mais également funky, "Fear Of Music" annonce pour de bon la future direction que prendra Talking Heads par la suite, sans pour autant verser dans le funk pur et en gardant un certain cordon de sûreté "punk". Le meilleur exemple de cette fusion, c'est le single "Life During Wartime", qui va rapidement devenir un classique du groupe en live (cf la version AHURISSANTE de "Stop Making Sense").

C'est je pense le meilleur disque du groupe sorti dans les années 1970, proposant des titres et des idées qui seront longtemps reprises par nombre de groupes plus ou moins importants de nos jours, de LCD Soundsystem à Black Midi en passant par Franz Ferdinand. Un bien bon album, quoi.

The Name of This Band Is Talking Heads (Live)
8.2
5.

The Name of This Band Is Talking Heads (Live) (1982)

Sortie : 1982 (France). New Wave, Post-Punk, Art Rock

Live de Talking Heads

Blank_Frank a mis 9/10.

Annotation :

Alors que le groupe est en pause à l'hiver 1981/82, Sire Records regroupe tous les enregistrement officiels (ou non) qu'ils peuvent trouver afin de mettre en boite un album live officiel de Talking Heads, longtemps demandé par les critiques et le public. Supervisé par Jerry Harrison, ce double album live voit le premier disque explorer les tournées du quartet entre 1977 et 1979, puis sur le second disque la tournée "Remain In Light" de 1980/1981. Si le premier disque rends compte du côté à la fois minimaliste, austère, nerveux et parfois même balbutiant de la musique si atypique du groupe, le second disque rends compte d'une certaine maîtrise, aussi bien technique que musicale alors que le groupe est embarqué dans la tournée la plus folle de leur histoire à ce moment là, le "Remain In Light Tour".

Entre l'été 1980 et le printemps 1981, les quatre membres officiels de Talking Heads sont accompagnés par Bernie Worell (Parliament-Funkadelic), Adrian Belew (Zappa; Bowie), Steve Scales, Busta Jones, Dolette McDonald et Nona Hendryx afin de promouvoir en live leur dernier album, le fantastique "Remain In Light". Ce dernier explorant des courants plus world et polyrythmique, le producteur Brian Eno avait prévenu le groupe qu'il fallait forcément inclure de nouveaux musiciens au line-up afin de rendre compte de la complexité des arrangements de tous ces nouveaux titres, à commencer par "I Zimbra", extrait de "Fear Of Music", qui faute de moyens et d'instruments, n'avait pu être jouée sur scène pendant la tournée de 1979.

Ce double album live rends compte de l'évolution stylistique et musicale de Talking Heads depuis le moment de la sortie de leur premier album officiel, "77".

More Songs About Buildings and Food
7.4
6.

More Songs About Buildings and Food (1978)

Sortie : 14 juillet 1978 (France). Rock, New Wave, Post-Punk

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 9/10.

Annotation :

Dans le milieu "punk" new-yorkais, les deuxièmes albums sont au moins aussi importants que les premiers : citons ceux des Ramones, de Patti Smith et ou de Television. Concernant le quatuor des Talking Heads, c'est absolument vrai également. Construit autour de titres préexistants ("Warning Sign" fait partie des tous premiers titres écrits par le groupe en 1974), c'est pourtant un peu un nouveau "premier album". Pourquoi ? Parce que c'est l'album qui voit les new yorkais esquisser aussi clairement leur son et la suite de leur carrière : le disque est produit par Brian Eno qui débute une assez longue et fructueuse collaboration avec le groupe; il est enregistré aux Compass Points Studios de Nassau aux Bahamas, qui dés lors va devenir un peu le camp de base du groupe pour les six prochaines années; enfin, il indique par les arrangements et les choix de production l'orientation funk-world que le groupe va bientôt prendre pour de bon. Il suffit d'écouter l'outro du titre "Stay Hungry" pour déjà entendre un avant goût de "Remain In Light".

"More Songs About Buildings And Food", de son titre amusant suggéré par une Tina Weymouth un peu blasée, est un disque pour le moins sympathique, comportant le premier succès populaire majeur de Talking Heads : la reprise de "Take Me To The River" du bon révérend Al Green, mais également quelques jalons de leur discographie, comme "Found a Job" et son groove déchaîné ou "The Big Country" et sa guitare slide.

Confirmant une nette démarcation avec le reste de la scène new-yorkaise de cette époque, les Talking Heads signent un disque de rock pop, franc et novateur dans la lignée du premier opus, avec en cerise sur le gâteau la patte Brian Eno qui permet de rendre le disque légèrement meilleur que "77".

Talking Heads: 77
7.5
7.

Talking Heads: 77 (1977)

Sortie : 16 septembre 1977 (France). Rock, New Wave

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 8/10.

Annotation :

Conçu autour des chansons écrites par le trio Byrne/Frantz/Weymouth (Jerry Harrison n'a rejoint Talking Heads qu'au tout début de l'année 1977, alors que toutes les chansons étaient déjà écrites), ce premier album produit par Tony Bongiovi (le cousin de Jon Bon Jovi, oui) reste souvent dans les annales pour avoir su imposer une musique à la fusion du pop-rock des Modern Lovers, du punk des Ramones et de la soul Motown. Il est clair qu'un disque étiqueté "punk new-yorkais" avec la chanson "Uh Oh, Love Comes To Town" en ouverture, qui contient une mélodie jouée au steel drum jamaïcain, ça fait grand bruit pour l'époque. Talking Heads fait ici le travail de pionnier, défrichant un tout nouveau style de rock qui deviendra quasiment une norme dans les années 2000.

Syndrome du premier album oblige, un grand nombre de gens trouvent que ce premier album de Talking Heads est leur plus réussi. En vérité, selon moi, même si c'est un disque qui propose des chansons vraiment intéressantes aux textes novateurs pour l'époque ("The Book I Read", "Don't Worry About The Government" ou encore le semi tube "Psycho Killer"), je le trouve mal produit et finalement assez brouillon à la vue de la suite de leur carrière, la faute à un producteur qui se fichait éperdument du groupe. Il s'agit toutefois d'un excellent disque de rock comme personne n'en a jamais fait auparavant (voire même après d'ailleurs), qui reste aussi un jalon de la scène "punk/post punk" new-yorkaise.

Little Creatures
6.7
8.

Little Creatures (1985)

Sortie : 10 juin 1985 (France). Rock, Alternative Rock, Pop rock

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 7/10.

Annotation :

Si l'on ne doit garder qu'un seul disque de Talking Heads pour le conseiller à un néophyte pur, qui serait autant allergique au punk qu'aux expérimentations polyrythmiques, "Little Creatures" serait certainement le plus indiqué.

Signant un retour à la "simplicité", le songwriting si cher à David Byrne devient plus pop que jamais, évitant de livrer un nouveau disque d'expérimentations et de tomber dans une routine. Alors que le groupe vient de triompher un peu partout dans le monde en enchaînant les sorties de l'album "Speaking In Tongues" et du film "Stop Making Sense" et qu'on attends d'eux toujours plus d'innovations, le groupe surprends en sortant "Little Creatures". Collection de neufs chansons "pop" conventionnelles (quoique), produites sur la base quasi seule du quatuor Byrne/Frantz/Harrison/Weymouth, cet album de 1985 reste également celui connu pour être le plus "radio friendly", comportant pas moins de quatre singles, dont les tubes "Road To Nowhere" et "And She Was". Laissant tomber les percussions africaines, les synthétiseurs funk à outrance et les overdubs psychédéliques, les Talking Heads remettent les pieds sur terre pour de bon tout en gardant une légère saveur world, incorporant parfois à leur musique des influences mexicaines, cajun et/ou acadiennes.

Considéré par Tina Weymouth comme leur "White Album" (parce qu'il a été composé uniquement par des musicien blancs et que c'est le plus pop de leur carrière), "Little Creatures" revient à la simplicité du Talking Heads des tout débuts, sans le côté "arty paranoïaque" qui peut rebuter certains à l'écoute des trois premiers albums. C'est un disque qui conviendra à toute la famille, en toute circonstances et qui pourra vraisemblablement plaire à tout le monde. "Little Creatures" sonne délicieusement 80's mais sans trop porter les stigmates de cette décennie. Sans être un excellent opus venant de la bande à Byrne, le disque reste en tout et pour tout un franc effort de livrer un produit pop finement abouti.

Naked
6.2
9.

Naked (1988)

Sortie : 15 mars 1988 (France). Rock, Electronic, Indie Rock

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Composé et enregistré tout au long de l'année 1987 à Paris, le dernier album officiel de Talking Heads est souvent considéré comme le moins bon et le plus faiblard de leur discographie. Si clairement à l'époque le groupe peinait à s'y retrouver au milieu de leurs divers projets solo (notons que Byrne à remporté l'Oscar de la meilleure bande son avec Ryuichi Sakamoto et Cong Su pour le film "Le Dernier Empereur" la même année), "Naked" reste cependant le testament d'un groupe qui a toujours su se réinventer et tenter de proposer des choses nouvelles.

Si le groupe à choisi Paris pour l'enregistrement du disque, c'était d'abord et avant tout pour s'entourer d'une flopée de musiciens directement originaire d'Afrique (comme Mory Kanté). Cherchant à nouveau à enregistrer un album en utilisant le studio comme un instrument de musique, le groupe est accompagné par le producteur de U2, Steve Lillywhite, et également quelques invités de marque tels que Johnny Marr (The Smiths), Arthur Russell et Kristy McColl. Clairement influencés par la musique pop africaine, les chansons du disque sont marquées par des ambiances très joyeuses et festives ("Blind", "Mr. Jones") qui célèbrent aussi bien la vie ("Totally Nude") que l'écologie ("Nothing But Flowers"). Notons tout de même que le groupe reste inventif ("The Facts Of Life", premier et dernier titre de musique "industrielle" signé Talking Heads) et qu'une certaine mélancolie se fait parfois sentir ("Cool Water"), présageant la rapide séparation officieuse du groupe une fois les sessions terminées à l'hiver 1987/88. Le groupe ne se sépare officiellement que trois ans plus tard, en 1991.

Désormais concurrencés par des ténors tels que Paul Simon et Peter Gabriel, qui ont à leur tour "embarqués" dans le "grand bateau" de la "world music" ("Graceland" et "So" sortis en 1986), le public est tout d'un coup moins friand de Talking Heads, quand les critiques n'y voient cette fois rien de nouveau, voire pire, un simple plagiat des deux artistes cités ici. "Naked" n'étant pas représenté par une tournée live, le disque tombe un peu dans l'oubli. Il reste pourtant un excellent album de pop sophistiquée, peut-être un peu trop sage pour du Talking Heads, mais néanmoins inventif et intéressant. Le véritable point négatif de ce disque, c'est qu'il n'aura jamais de successeur...

True Stories
6.2
10.

True Stories (1986)

Sortie : 7 octobre 1986 (France). Rock, Leftfield, Electronic

Album de Talking Heads

Blank_Frank a mis 7/10.

Annotation :

Si David Byrne ne veut plus tourner pendant les années 1985/86 (il refuse même une apparition de Talking Heads au Live Aid), c'est parce qu'il a un projet bien précis en tête. Suite au succès important de "Stop Making Sense", il veut absolument réaliser son premier long métrage de fiction. A l'origine considéré comme un projet du groupe au complet, Byrne seul pilotera l'affaire au bout du compte. Le film sort finalement en 1986, sans faire trop de vagues. La musique en est principalement signée par Talking Heads.

Enregistré peu de temps après les sessions de "Little Creatures" (les chansons de ces deux albums ayant été écrites d'un seul bloc par Byrne), la production du disque met l'emphase sur le côté le plus rock du groupe. En soi, "True Stories" reste l'album le plus pop-rock de Talking Heads à stricto sensu, proposant quelques tubes (qui seront les derniers du groupe) tels que "Wild Wild Life" et "Love For Sale", faisant reposer l'instrumentation et la production sur les guitares. Quelques titres gardent une certaine saveur world, comme "Papa Legba" qui évoque les rituels vaudou des Caraïbes, ou "Radio Head", aux intonations mexicaines (et qui donnera son nom au groupe de Thom Yorke, étrangement).

Talking Heads se trouve ici dans un versant nettement plus pop-rock, très éloigné des expérimentations ou de la folie de leurs cinq premiers disques qui pourra éventuellement plaire à certains, et déplaire à d'autres. Il est clair que ce disque prends tout son sens et ne s'apprécie vraiment que lors du visionnage du film éponyme de David Byrne, que je recommande à tous, d'ailleurs.

Blank_Frank

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