Cover Douglas Sirk - Commentaires

Douglas Sirk - Commentaires

Maître sans doute inégalé du mélodrame, auquel il offert ses expressions les achevées et les plus poignantes, Douglas Sirk a conféré à ses pépites un rayonnement exacerbé, une précision du trait, une perfection formelle et une puissance d’émotion dont peu de ses contemporains peuvent se réclamer.

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9 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a plus d’un an
Tempête sur la colline
6.6

Tempête sur la colline (1951)

Thunder on the Hill

1 h 24 min. Sortie : 8 août 1951 (États-Unis). Drame, Film noir

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Tohu-bohu au couvent de Notre-Dame de Rheims, converti en hôpital pour les victimes d’une région dévastée par les cieux en colère. Une jeune condamnée à mort y fait escale en attente de son exécution, qui clame son innocence. Et sœur Mary, convaincue par la touchante détresse de l’accusée, de s’improviser Sherlock Holmes en cornette. L’œuvre appartient à une espèce importante du Hollywood d’après-guerre : le film de nonnes. Soutenu par la fermeté sereine de Claudette Colbert, il le fait glisser du côté du suspense gothique, nimbe de clair-obscur les nombreuses séquences nocturnes, ménage une enquête fertile en mystères, rebondissements et coupables potentiels, jusqu’au dénouement typiquement hitchcockien dans un clocher. L’exercice, sans doute mineur, est aussi maitrisé que captivant.

Le Secret magnifique
7.1

Le Secret magnifique (1954)

Magnificent Obsession

1 h 48 min. Sortie : 18 mai 1955 (France). Drame, Romance

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ce film aux lignes pures et à l’indéniable clarté d’exécution organise déjà tous les motifs qui s’épanouiront dans les opus suivants. Baigné de couleurs chatoyantes, faisant la part belle à la nature, il accumule les évènements dramatiques au fil d’une intrigue aux intentions un peu chargées, telle la teneur du secret du titre, à forte consonance religieuse ou morale. Les péripéties qui adviennent en cascades débouchent sur une forme d’invraisemblable sulpicien que le cinéaste ne critique jamais ; au contraire, il accompagne ses deux personnages dans leur trajectoire intérieure, examinant comment ils en viennent à se respecter, se regarder et s’aimer pour trouver une forme d’accomplissement individuel et social. L’œuvre demeure belle et émouvante, mais la couture sera encore plus fine par la suite.

Tout ce que le ciel permet
7.6

Tout ce que le ciel permet (1955)

All That Heaven Allows

1 h 29 min. Sortie : 18 septembre 1963 (France). Drame, Romance

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Même couple mémorable : Jane Wyman, tendre et déchirée, Rock Hudson, à la virilité quasi angélique. C’est un ballet de couleurs, d’ombres bleutées, de teintes rougeoyantes, qui joue de tous les tourments intimes, des affres et douleurs de la représentation sociale, de la perte des repères, du sacrifice sans but ni raison, mais aussi de l’être chéri qui s’en va, éternel outsider d’une communauté délétère et mesquine. Sirk élève sa chronique du quotidien à une hauteur intemporelle, oppose la pastorale (Thoreau explicitement cité) au poison étouffant des normes, révèle l’évolution patiente des sentiments, fait naître l’amour à l’ombre du koelreuteria puis le laisse mourir à celle des conventions, avant que la neige ne le ravive. Pas étonnant qu’Almodóvar, Fassbinder et Haynes se soient inspirés de ce film subtil et splendide.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

Demain est un autre jour
7.3

Demain est un autre jour (1955)

There's Always Tomorrow

1 h 24 min. Sortie : 28 décembre 1956 (France). Drame, Romance

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Injustement méconnu, ce très beau film propose comme une vision en réduction et à l’arrêt du pessimisme sirkien, jetant sur celui-ci une autre lumière et le faisant entendre d’un autre son : ailleurs exalté, il est ici presque atone. Mais qu’on ne se méprenne pas : la possibilité d’un amour hors du cadre conjugal est traitée avec une subtilité d’autant plus admirable qu’elle n’étouffe jamais le feu de ce qu’elle met en branle. Par l’entremise des enfants, petits soldats du pouvoir, zélateurs domestiques de la morale américaine, et de la mère qui règne telle une déesse froide aux mains blanches, la menace de l’adultère est conjurée avant même qu’elle ne se déclare pour de bon, la famille se recompose, la boucle se boucle, et la génération montante assoit son succès sur les cendres de celle qui la précède.
Top 10 Année 1956 :
http://lc.cx/Zwm2

Écrit sur du vent
7.2

Écrit sur du vent (1956)

Written on the Wind

1 h 39 min. Sortie : 9 janvier 1957 (France). Drame

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Où le réalisateur porte à son point d'incandescence la beauté convulsive qu’il fait éclore dans le chaos d'univers condamnés à disparaître. Par la stylisation baroque de la mise en scène, par son somptueux Technicolor à l’orée de la saturation visuelle, par ses effets de miroir qui se succèdent jusqu’au délire, par son interprétation expressionniste (avec mention à Dorothy Malone, déchaînée), cette tragédie tourmentée agit comme véritable un tourbillon lyrique. Pulsions paroxystiques et passions destructives y meuvent les membres écartelés d’une famille faulknerienne du Sud (reproduction du rêve américain, devenu cauchemar), en une concentration de sentiments exacerbés et morbides qui mènent tout un monde vers une déchéance inéluctable. Jamais peut-être l’art du cinéaste n’a été aussi tumultueux, foisonnant, embrasé.
Top 10 Année 1956 :
http://lc.cx/Zwm2

Les Amants de Salzbourg
6.4

Les Amants de Salzbourg (1957)

Interlude

1 h 30 min. Sortie : 18 septembre 1957 (États-Unis). Drame, Romance

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Elle, Américaine, est une attachée culturelle venue à Munich pour découvrir l’Europe. Lui, Germano-Italien, est un chef d’orchestre à la Karajan qui se déplace comme un jeune coq, toujours avec l’air de mettre en scène même quand il est sincère. La première partie, qui puise un romantisme assez frelaté des paysages de Bavière et d’un folklore autrichien pour carte postale, laisse circonspect. C’est pour mieux abattre la carte maîtresse du cheminement dramatique : la suite révèle précisément le caractère illusoire d’une idylle dans laquelle chacun cherche à combler des désirs insatisfaits et à fuir une réalité qu’il n’assume plus. La prise de conscience finale, où le renoncement à l’amour est envisagé comme un don curatif, enrichit ainsi d’un relief inattendu la relative banalité de ce drame mondain.

La Ronde de l'aube
7.3

La Ronde de l'aube (1957)

The Tarnished Angels

1 h 31 min. Sortie : 19 février 1958 (France). Comédie dramatique

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Sirk adapte le "Pylône" de Faulkner. Ils sont quatre à donner leur douleur en spectacle, quatre " Bohémiens" tombés d’une autre planète et enchaînés les uns aux autres par leurs défaites. Cernés, comme les anges de Hawks, par la proximité de la mort, ils cherchent à conquérir des espaces qui ne sont que les reflets trompeurs et dérisoires d’une trajectoire inéluctable. Convoitée par tous, la femme de l’aviateur suicidaire y concentre les aspirations à l’amour et au bonheur, les regrets des vies manquées, le long d’un carnaval crépusculaire fait de voltes et de masques, où même les atours de la fête ont des accents de danse macabre. Car entre le ciel et la boue, l’extase et l’agonie, la griserie des envols et l’ivresse de la chute, il n’y a pas de moyen terme, seulement la certitude absolue du désastre.

Le Temps d'aimer et le Temps de mourir
7.7

Le Temps d'aimer et le Temps de mourir (1958)

A Time to Love and a Time to Die

2 h 12 min. Sortie : 16 janvier 1959 (France). Drame, Guerre, Romance

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sur fond de Seconde Guerre mondiale, le cinéaste délivre une histoire d’amour sans entrave, au romantisme enfiévré, qui tire sa force de la beauté de l’éphémère, des instants de bonheur arrachés aux ruines allemandes, à l’instant où la campagne du Russie bat son plein. L’idylle des ces deux amants maudits laisse transparaître une authentique grandeur d’âme, le point d’incandescence entre spectacle et vérité, mais aussi ce flottement cosmique qui empêche de construire des certitudes. Elle semble porter toute la douleur d’une humanité déchirée par l’absurdité du conflit et les traces qu’elle imprime à l’âme, dont la dimension pathétique est atténuée par des éclats lumineux comme autant de fulgurances (le corbillard, le cheval en feu, le final et ses branches bourgeonnées, promesses de renouveau). Magnifique.
Top 10 Année 1958 :
http://lc.cx/Zw9w

Mirage de la vie
8

Mirage de la vie (1959)

Imitation of Life

2 h 05 min. Sortie : 2 octobre 1959 (France). Drame

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

L’apothéose du mélodrame flamboyant, une œuvre aussi subtile que riche et déchirante à travers laquelle Sirk, assortissant la tragédie d’un vibrant plaidoyer antiraciste, fait passer la vie, la mort et l’amour essentiellement par ses figures féminines, exacerbe les relations entre enfants et parents, les différences culturelles, les rivalités familiales, les ambitions personnelles, les blessures intimes de personnages préférant qui se mentir à elle-même plutôt qu'affronter les difficultés de l'existence, qui se sacrifier pour préserver le bonheur de sa fille... Jusqu’au lyrisme démesuré des grandioses funérailles conclusives, le film marque l’apogée de l’art de son auteur, dans la multiplication de ses images somptueuses, dans ses couleurs baroques et leurs reflets qui suggèrent l’irréalité où se noient les aspirations des protagonistes – mirage de la vie.
Top 10 Année 1959 :
http://lc.cx/Zw95

Thaddeus

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