lectures 2021

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Aurel le Consul débarque à l'Ambassade de France à Bakou avec une réputation médiocre : on le dit paresseux, incompétent, et surtout, bien trop curieux pour son statut. Sur une simple intuition, il se lance dans une enquête censée élucider la mort suspecte de la femme de l'Ambassadeur, Marie-Virgine, prétendument tombée du haut d'un fort. Rufin est meilleur dans l'errance initiale de son personnage, dans l'ivresse de la découverte d'un nouveau pays, d'un nouvel univers. On se perd avec Aurel, un bonhomme décalé et excentrique, dans les synagogues inconnues, les boîtes de nuit humides, les déserts où grouillent des cratères de boue. On explore l'Azerbaïdjan comme le ferait un véritable consul, à la fois de manière superficielle et intuitive, au gré des rencontres. L'intrigue policière, en revanche, n'est pas bien ficelée. Rufin se perd dans son théâtre géopolitique (le Nakhitchevan, était-ce bien nécessaire ?) et le dénouement paraît bâclé - merci l'éclair de lucidité omnisciente d'Aurel dans l'avant-dernier chapitre.

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Notes : Endogamie musulmane est plus fréquente dans les quartiers ségrégués que dans les communes où il y a moins d'immigrés, plus rurales. Début des années 2000 : début de la réislamisation de la population arabo musulmane.

Méthode peu rigoureuse pour démontrer la délinquance dans les quartiers des villes moyennes : accumulation des faits divers rapportés par la PQR.

Le marché viticole est en constante baisse depuis les années 60 tandis que l'économie du dueal représente 200 000 emplois soit autant que la SNCF plus qu'EDF. A récupéré la vocation économique et sociale dans les quartiers.

Assimiler toute hétérogénéité à une archipelisation/sécession/fragmentation : bastions d'extreme gauche dans une ville LREM ou LR = archipelisation ?

1983 : année où l'immigration arabomusulmane devient visible, à travers les grèves des usines auto et lar marche des Beurs. Entraîne la montée des votes FN en 84 élections européennes 10%.

2005 tournant : Disparition des idéologies traditionnelles. Cela renvoie chaque strate éducative à ses déterminations propres. Une société mille feuilles.

Frontière entre ouvriers/salariés et indépendants a été arasée : bloc homogène de "perdants", de moins éduqués.

Facteur structurant le vote FN plus que les CSP : le niveau d'études, de chômage et le dynamisme de l'environnement régional, centre périphéeie voire proximité avec la gare TER en IDF.

Métropolisation a fait bouger les anciennes lignes de faille électorales : centre périphérie plutôt que christianisé déchristianisé + désindustrialisation

Hausse de 228% de la part d'expatriés dans l'électorat français, en 15 ans (2002/2017)/ Macron en a profité.

Alors que l'affrontement horizontal entre gauche et droite perd en lisibilité, l'antagonisme vertical entre la base et le sommet de la société a été politiquement réactivé avec Macron.

Le coming out libéral de la bourgeoisie et des classes moyennes supérieures de gauche a entraîné la constitution d'un bloc libéral-élitiste avec le centre et le centre-droit.

Les adhérents LREM sont une élite scolaire (81% de diplômés du supérieur contre 28% à l'ensemble des Français)

La matrice catho-laïque assurait auparavant une force d'agrégation des différentes classes et identités régionales. Ce système intégratif s'est disloqué, entraînant un processus d'archipelisation, la principale manifestation de ce phénomène étant les prénoms.

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Il a suffi d'une passage - ou plutôt d'une scène, tant l'écriture de Kessel est cinématographique, faite de gros plans, de ralentis, ou de travellings imaginaires - pour que je me plonge dans l'univers du Lion et que je devine, quelle que soit la suite de l'intrigue, que ce livre me plairait énormément. Celle du réveil du héros par les macaques. Tout est là, dans cette description-escalier où l'on part du plus petit détail à la vue d'ensemble : le rapport sensoriel de l'homme aux animaux, la moiteur de la savane, la poussière des chambres et la parole réduite aux gestes instinctifs des bêtes. En plus d'être un modèle de narration et de style, le Lion est un fabuleux conte animalier où l'on ressent, plus qu'on ne comprend. Les images de la petite Pascale dans les grosses pattes de King, ces instants de jeux irréels entre la fragile, mais si cruelle, enfant, et le rugissant fauve dompté, vont longtemps me rester en mémoire.

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On ne compte plus les récits sur la Grande guerre, ses tranchées, ses rats, sa correspondance, ses héros, ses victimes. Ce qui explique peut-être la grande exigence que l'on a envers tout nouveau roman prenant cette époque pour théâtre. Au revoir là-haut se distingue pourtant dès son entame. Surtout, finalement, dans son entame. Avec un style direct, familier mais recherché, Pierre Lemaître nous asphyxie avec son héros lorsqu'il se retrouve sous terre - et vivant - en pleine scène de guerre. Cette tête de cheval putride, qui le hantera tout le long, symbolise l'aspect ordurier et puant de la guerre que Lemaître a souhaité mettre en avant. Des corps qu'on laisse pourrir au grand jour, comme celui d'Edouard. D'autres qu'on glorifie justement parce qu'on ne les voit plus, parce qu'ils n'existent plus physiquement, si ce n'est à travers ces cadavres que l'on maltraite tout autant. On est si facilement pacifiste et, pourtant, on le dit si rarement. Lemaître parvient à l'exprimer avec subtilité et force à travers l'escroquerie d'Albert et d'Edouard. Celui-ci la considère d'ailleurs plus comme un geste artistique. Un happening monumental. Malheureusement, le récit s'essouffle un peu au fil des pages. Même le style devient plus paresseux, cédant progressivement à la nécessité de faire avancer l'intrigue. Les personnages sont inégaux, parfois caricaturaux - oh le grand méchant Pradelle - parfois très intéressants, comme Madeleine. Pas étonnant d'ailleurs qu'il l'ait choisie comme héroïne pour la suite. Au revoir là-haut aurait pu être un grand livre, il l'est d'ailleurs à certains égards, mais la démarche reste inaboutie à mes yeux.

Annotation :

Raconter le monde à travers ses voyages. Difficile de faire mieux que Nicolas Bouvier et son Usage du monde, en la matière. Eddy L.Harris essaie, pourtant. A sa manière, en mettant beaucoup de sa personnalité dans son récit pour s'approprier le genre. On sourit parfois, car il sait faire preuve d'auto-dérision. On en apprend beaucoup sur l'univers de la navigation fluviale, des barges aux écluses, en passant par les immenses vraquiers en fin de livre. Mais l'ensemble reste finalement assez superficiel : les rencontres qu'il fait sur son chemin peinent à esquisser avec force l'Amérique qu'il entend dépeindre, les pensées qu'il distille au fil des pages ne volent franchement pas très haut, et si la bienveillance évidente du personnage rend son livre attachant, cela reste assez banal et vite oubliable.