Mes plus beaux romans

Une liste très subjective de mes romans préférées et que j'ai personnellement appréciés, pour différentes raisons

Liste de

8 livres

créée il y a plus de 9 ans · modifiée il y a plus de 9 ans
L'Étranger
7.7

L'Étranger (1942)

Sortie : 19 mai 1942. Roman

livre de Albert Camus

Tom_Ab a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un de mes tout premier choc littéraire alors que je devais juste entrer au collège. Ce court roman et pourtant d'une impressionnante densité m'a bouleversé dès la première page, par un style laconique et détaché, froid et glaçant.

Happé par l'utilisation de la première personne, on croit se prendre de pitié pour ce personnage absurde, asocial, erratique, incompréhensible, face à une société injuste et terrifiante. On se révolte, on se rebelle, adolescent que l'on est, contre un monde encore plus absurde que ceux qu'il condamne.

Et pourtant, on grandit, on relit le livre fort d'un nouveau regard. Meursault a tord. Ce qu'on croyait injuste ne l'est plus autant qu'autrefois et, on comprend les raisons de la société qui poussent à condamner de tel canard boiteux. Nous voilà devenu cynique, nous voilà devenu juges arrogants.

On peut reconnaitre l'immensité de ce roman à la lumière des sentiments qu'elle continue de produire durant toute une vie, au gré de ses évolutions. A chaque âge sa lecture, comme si l'Etranger était un manuel de savoir-vivre et une leçon philosophique adressée à tous les âges. L'oeuvre reste incompréhensible dans sa totalité, son sens nous échappe à chaque fois et on s'y replonge avec la même fascination morbide et avide de vérité. Le sens de la vie est là, dans toute son incompréhension et dans toute son absurdité. Nous voilà plus sot et plus misérables que nous étions, plus ébahis et plus philosophes que jamais pourtant, face à ce roman de la perdition et du sens tout à la fois.

Magistral.

Les Liaisons dangereuses
7.9

Les Liaisons dangereuses (1782)

Sortie : 1782 (France). Roman

livre de Choderlos de Laclos

Tom_Ab a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Si savoureux à lire, ce roman épistolaire, dans une forme aujourd'hui désuète mais portée ici à la perfection, se manifeste à nous au travers d'un cynisme grinçant.

Le style est remarquable. Laclos parvient à insuffler un style à chacun de ses personnages, à glisser des phrases pernicieuses et ironiques, à faire des échos et des ponts entre les correspondances, dans un jeu de complicité et de duplicité perverse avec le lecteur. Nous prenons plaisir à voir ce libertinage sous nos yeux, alors que l'immoralité la plus crasse et la plus inadmissible s'offre à nous.

On aime Valmont, personnage pourtant détestable, dans ses emportées lyriques et dans son romantisme avant l'heure et on hait Merteuil, qui n'est pourtant pas pire que lui. La sentence infligée aux femmes par Laclos est terrible. Les femmes sont perverses et naïves, les hommes sont lubriques et romantiques. Il leur réserve à tous de funestes destins, tels des héros tragiques, sans moralité pourtant, renforçant le caractère scandaleux de l'oeuvre.

Reste alors ce splendide et outrageant portrait du 18ième siècle, de l'aristocratie, des perruques, des libertinages, des conversations de boudoirs entrevues dont on se fait complices. Le siècle des siècles, le siècle français, dans les ores et les affres de sa toute puissance.

Aziyadé
7.3

Aziyadé (1879)

Sortie : 1879 (France). Roman

livre de Pierre Loti

Tom_Ab a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je n'aurais jamais de cesse de répéter toute la beauté de ce merveilleux récit de voyage. Loti, loin de se contenter de livrer un récit autobiographique de ses pérégrinations dans la vieille Istanbul affabule, fantasme, rêve d'un Orient délicieux et désuet, au point de remplacer la réalité par un portrait bigarré, entre splendeur et décadence orientales.

Aziyadé, cette jeune femme des harems, aux grands yeux verts et aux traits fins devient le symbole de cette orient suranné et condamné à mourir. Plus qu'une vision colonialiste, Pierre Loti partage son amour du voyage et du fantasme. Bientôt le voilà lui-même devenu turc, et définitivement lié à cette terre fabuleuse et à cette ville damasquée.

Le récit de voyage porté à sa quintessence, subtile, poétique, nostalgique. Il n'en fallait pas moins à Pierre Loti, constamment épris d'aventures et d'amour pour nous parler de l'Orient et de toutes ses beautés.

Les Misérables
8

Les Misérables (1862)

Sortie : 1862 (France). Roman

livre de Victor Hugo

Tom_Ab a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Que dire de ce roman fleuve qui n'a pas déjà été dit ? Victor Hugo dans cette oeuvre magistrale entre dans la légende, dressant le portrait de dizaines de personnages devenus par la suite les canons universels du roman.

Ce n'est pas simplement l'histoire de la rémission de forçat Jean Valjean, c'est le portrait d'un siècle au travers des réflexions poétiques, philosophiques, politiques d'un écrivain immense qui n'hésite pas à réécrire l'histoire au détriment de la vérité historique, qui n'hésite pas à parler des miséreux et des pauvres, de ces oubliés du siècle. Hugo réhabilite l'humanité sans pour autant oublier le romantisme, la beauté et les descriptions épiques, lyriques et légendaires.

Les Misérables, c'est notre odyssée française, dans un siècle de transformation, industrielle, philosophique et artistique.

Le Rivage des Syrtes
8

Le Rivage des Syrtes (1951)

Sortie : 25 septembre 1951. Roman

livre de Julien Gracq

Tom_Ab a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Julien Gracq, géographe de formation, nous livre ici un splendide exemple de lieu imaginaire en littérature. Oubliez Tolkien ou les romans d'héroiques-fantasies ou de sciences-fiction, car Julien Gracq ici crée un univers d'une remarquable cohérence, dans les lieux, les paysages, les sociétés et les hommes, mélange entre l'Italie médiévale, la France des Lumières ou du 19ième siècle, Orsenna, face à un pays barbare et désertique en guerre depuis des siècles face à cette Empire.

La résonance avec notre monde est claire : d'un côté un monde occidental décadent à la puissante histoire et très riche, de l'autre un pays jeune, oriental, barbare agité d'ambition et plein de convoitise. La mer qui les sépare, les Syrtes, semble alors une sorte de Méditerranée paisible, dernier rempart contre la barbarie. Un jeune officier ambitieux devient chargé de surveiller cette frontière orientale, où la flotte autrefois glorieuse d'Orsenna moisi dans les cales d'une vieille bastide.

Le jeune homme subodore une menace toujours plus grandissante, une attaque possible et probable de ce vieil ennemi séculaire, de l'autre côté de la mer mais on n'en sera pas plus. Le livre s'arrête là, au moment où l'attaque semble possible, laissant ainsi le lecteur continuer l'histoire, et même, on peut le dire, la commencer. Le roman est un récit d'attente, d'expectative. Il ne se passe rien d'autre qu'un vide, représentant la déliquescence du grand pays d'Orsenna.

Le roman est donc remarquable en ce qu'il lie cette tradition historique, littéraire du roman de l'imaginaire et de civilisation, avec de vieux enjeux, de vieilles querelles et un sens de la nostalgie et cette modernité dans la forme, inspirée du Nouveau Roman, avec une intrigue qui ne se met pas en place, une non-action, la narration étant repoussé hors du roman. Un anti-roman on ne peut plus romanesque, avec un style difficile mais extrêmement riche et travaillé.

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Tom_Ab a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Proust c'est une oeuvre, une seule, gigantesque, pétrie de l'esprit torturé et maladif de son auteur, en perpétuel réécriture de sa vie, de son sens, agitant les souvenirs de jeunesse, les premiers émois, les premières amours, les premières respirations de la vie, les voyages, les sensations.

L'oeuvre se démarque par son style, magistral, imbattable, longues phrases à la musicalité profonde, élan de l'esprit qui se remémore en l'instant la vie qu'il a vécu, douceur des mots. Tout est doux chez Proust, tendresse d'une mère et d'une grand-mère, tendresse des amantes et des personnages, dont les façades se brisent une à une pour laisser l'émotion la plus pure s'installer. A regarder, pourtant, Proust a vécu une vie intéressante mais peu palpitante. Les évènements sont ténus, les personnes rencontrées parfois d'une snoberie insupportable et les situations apparaissent au premier abord d'une banalité convenue. Mais voilà, Proust exagère, transforme, fait du quotidien, d'une simple madeleine, d'un simple regard une ode à la beauté universelle du monde, comme si chaque chose et chaque être contenait sa part des mystères de l'existence et participaient à l'édifice immense du souvenir.

Proust était malade, chétif, fragile physiquement et psychologiquement mais le "je" qu'il s'invente dans ce livre est d'une puissance ahurissante. Il laisse une empreinte indélébile sur la littérature mondiale tant il magnifie le fait même d'être vivant.

Voyage au bout de la nuit
8

Voyage au bout de la nuit (1932)

Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman

livre de Louis-Ferdinand Céline

Tom_Ab a mis 10/10.

Annotation :

Céline était un homme condamnable mais son oeuvre littéraire est totalement louable. Voyage au bout de la nuit est une claque qui vous transporte dans les méandres de la noirceur humaine, révoltant, stylistiquement parfait, d'un cynisme effroyable mais d'une beauté décapante.

Le roman commence par montrer l'horreur de la Grande Guerre, le spectacle morbide et violent des tranchées, avant de décrier les affres du capitalisme, la lâcheté des hommes, les vicissitudes de l'Occident, voué à mourir, dans ses symboles les plus forts, la ville et l'argent. La nuit englobe le roman d'une noirceur désespérante. Céline trouve des formules pourtant lumineuses et criantes de vérité.

Un roman remarquable, un chef-d'oeuvre absolu, à lire et à relire, une leçon de style, une leçon de déshumanité.

"On est puceau de l'horreur comme on l'est de la volupté." Céline nous initie à la noirceur de ce monde.

Belle du Seigneur
7.6

Belle du Seigneur (1968)

Sortie : 1968 (France). Roman, Romance

livre de Albert Cohen

Tom_Ab a mis 9/10 et a écrit une critique.

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