Mystique Poétique : Sic itur ad astra
De la cendre et de la boue vers les plus hautes sphères. (juste des jolis bouts de poèmes)
Poéture : Ut pictura poesis : https://www.senscritique.com/liste/Poeture_Ut_pictura_poesis/142856
{Vélasquez, La Forge de Vulcain, 1630, Musée du Prado, Madrid}
189 livres
créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a 1 jourLa Théogonie · Les Travaux et les jours
et autres poèmes
Sortie : 27 octobre 1999 (France). Mythes & épopée, Poésie
livre de Hésiode
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Et Kallirhoè donna le jour à un enfant monstrueux, invincible, nullement semblable aux hommes mortels et aux Dieux immortels. Elle enfanta, dans un antre creux, la divine Ekhidna au cœur ferme, moitié nymphe aux yeux noirs, aux belles joues, moitié serpent monstrueux, horrible, immense, aux couleurs variées, nourri de chairs crues dans les antres de la terre divine. »
Lorsque les dieux faisaient l'homme (1989)
Mythologie mésopotamienne
Sortie : avril 1989 (France). Conte, Histoire
livre de Samuel Noah Kramer et Jean Bottéro
Nushku a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
A tête-reposée, le Seigneur
De Tiamat contemplait le cadavre :
Il voulait débiter la chair monstrueuse
Pour en fabriquer des merveilles.
Il la fendit en deux,
Comme un poisson à sécher,
Et il en disposa une moitié qu'il voûta en manière de Ciel. »
L'Épopée de Gilgameš
(Traduction Jean Bottéro)
Sha naqba īmuru
Sortie : 23 octobre 1992 (France). Mythes & épopée
livre
Nushku a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Sur son ami Enkidu,
Gilgamesh
Pleurait amèrement
En courant la steppe.
« Devrai-je donc mourir, moi aussi ?
Ne (me faudra-t-il) pas ressembler à Enkidu?
L'angoisse
M'est entrée au ventre!
C'est par peur de la mort
Que je cours la steppe!
(Mais) je vais tirer chemin
Et partir, sans tarder,
Rejoindre Utanapishtî,
Le fils de UbarTutu! » »
Anthologie de la poésie persane
Anthologie de la poésie persane (XIe - XXe siècle)
Sortie : 1960 (France). Poésie, Anthologie
livre de Zabihollah Safâ
Nushku a mis 10/10.
Annotation :
« Pareille à l’astre des nuits, qui t’en vas-tu visiter ?
et ce verset de beauté, pour qui fut-il révélé ?
Un parasol d’ambre gris royal ombrage ta tête :
couverte de dais noir, sur qui donc vas-tu régner ?
Dirai-je que tu es miel ? Le miel est moins doux que toi,
ou que tu ravis les cœurs ? Mais lequel vas-tu combler ?
Tu t’en vas et peu s’en faut que moi je ne rende l’âme :
ô douleur de Nézâmi, de qui es-tu le dictame ? »
Nezami
« Le flanc de la montagne est couvert de tulipes fraîches
Ne te laisse point abuser : ce n’est là que le sang du cœur.
Ouvre l’œil à l’instar du narcisse et regarde : sous terre,
Combien sont ensevelis de visages de rose et de tailles de buis ?
Ne plante point la tente de l’accoutumance aux portes de ce vieux château ****
Car il ne repose sur rien de cohérent ni de solide.
Khâdjou n’a recueilli ici-bas d’autre récolte que le chagrin.
Heureux qui s’est détaché de ce monde »
La Tentation de saint Antoine (1874)
Sortie : 1874 (France). Roman
livre de Gustave Flaubert
Nushku a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
[Oannès :] « J'ai habité le monde informe où sommeillaient des bêtes hermaphrodites, sous le poids d'une atmosphère opaque, dans la profondeur des ondes ténébreuses, -quand les doigts, les nageoires et les ailes étaient confondus, et que des yeux sans tête flottaient comme des mollusques, parmi des taureaux à face humaine et des serpents à pattes de chien. »
Le Jardin des langues (1974)
Sortie : 1974 (France). Poésie
livre de Gérard Macé
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Empire inca écroulé dans le peu de bruit dans la mémoire du noyau troué d'une cerise introuvable comme si le verrou doucement tourné de la phrase ouvrait à l'œil du voyeur un champ labouré par l'antédiluvien (la maison mère à l'écoute d'un ciel sourd où l'on vend à la criée l'article de la mort tombé dans l'oreille d'abord ourlée de bave et du verbe végétal (les miettes d'un nom aboli à le marteler dans le cœur comble et continu de la foison un cœur anthracite l'avale Carnivore et c'est un bruit de fougères et de mâchoires dans le temple vide la chambre de plein vent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les Chants de Maldoror (1869)
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse)
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Et les hommes, que penseront-ils de moi, dont ils avaient une opinion si élevée, quand ils apprendront les errements de ma conduite, la marche hésitante de ma sandale, dans les labyrinthes boueux de la matière, et la direction de ma route ténébreuse à travers les eaux stagnantes et les humides joncs de la mare où, recouvert de brouillards, bleuit et mugit le crime, à la patte sombre!... Je m'aperçois qu'il faut que je travaille beaucoup à ma réhabilitation, dans l'avenir, afin de reconquérir leur estime. Je suis le Grand-Tout: et cependant, par un côté, je reste inférieur aux hommes, que j'ai créés avec un peu de sable! Raconte-leur un mensonge audacieux, et dis-leur que je ne suis jamais sorti du ciel, constamment enfermé, avec les soucis du trône, entre les marbres, les statues et les mosaïques de mes palais. »
Saperlotte !
Sortie : 1 novembre 1998 (France). Poésie, Peinture et sculpture, Essai
livre de Eugène Savitzkaya
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Nous sèmerons du lin afin de nous ménager de larges espaces de bleu mirifique et de la moutarde pour proclamer notre appartenance aux astres. Nous ferons croître des lys et des pâquerettes jusque sur notre plastron. Nous mangerons des multitudes d'œufs et nous pourrons vomir d'invraisemblables quantités de grenouilles et de crapauds qui iront peupler nos nuits de brefs gémissements innombrables. »
Les Amours jaunes (1873)
Sortie : 1873. Poésie
livre de Tristan Corbière
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« – Tout se trouvait en toi, bonne femme cynique :
Brantôme, Anacréon, Barème et le Portique ;
Homère-troubadour, vieille Muse qui chique !
Poète trop senti pour être poétique !…
– Tout : sorcier, sage-femme et briquet phosphorique,
Rose-des-vents, sacré gui, lierre bacchique,
Thermomètre à l’alcool, coucou droit à musique,
Oracle, écho, docteur, almanach, empirique,
Curé voltairien, huître politique…
– Sphinx d’assiette d’un sou, ton douanier souvenir
Lisait le bordereau même de l’avenir !
– Tu connaissais Phœbé, Phœbus, et les marées…
Les amarres d’amour sur les grèves ancrées
Sous le vent des rochers ; et tout amant fraudeur
Sous ta coupe passait le colis de son cœur…
– Tu reniflais le temps, quinze jours à l’avance,
Et les noces : neuf mois… et l’état de la France ; »
Poèmes barbares (1862)
Sortie : 1862 (France). Poésie
livre de Leconte de Lisle
Nushku a mis 5/10 et a écrit une critique.
Annotation :
« Voici. Quaïn errait sur la face du monde
Dans la terre muette Eve dormait, et Seth,
Celui qui naquit tard, en Hébron grandissait.
Comme un arbre feuillu, mais que le temps émonde,
Adam, sous le fardeau des siècles languissait.
Or, ce n'était plus l'Homme en sa gloire première,
Tel qu'Iahvèh le fit pour la félicité,
Calme et puissant, vêtu d'une mâle beauté,
Chair neuve où l'âme vierge éclatait en lumière
Devant la vision de l'immortalité.
L'irréparable chute et la misère et l'âge
Avaient courbé son dos, rompu ses bras nerveux,
Et sur sa tête basse argenté ses cheveux.
Tel était l'Homme, triste et douloureuse image
De cet Adam pareil aux Esprits lumineux. »
Les Chimères (1854)
Sortie : 1854 (France). Poésie
livre de Gérard de Nerval
Nushku a mis 9/10.
Annotation :
« Il reprit : " Tout est mort ! J'ai parcouru les mondes ;
Et j'ai perdu mon vol dans leurs chemins lactés,
Aussi loin que la vie, en ses veines fécondes,
Répand des sables d'or et des flots argentés :
Partout le sol désert côtoyé par des ondes,
Des tourbillons confus d'océans agités...
Un souffle vague émeut les sphères vagabondes,
Mais nul esprit n'existe en ces immensités.
"En cherchant l'oeil de Dieu, je n'ai vu qu'une orbite
Vaste, noire et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours ;
"Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l'ancien chaos dont le néant est l'ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les jours ! »
L'écriture des pierres
Essai, Culture & société
livre de Roger Caillois
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Pareille rencontre n'est pas illusion, mais avertissement. Elle témoigne que le tissu de l'univers est continu et qu'il n'est pas de point, en l'immense labyrinthe du monde, où des cheminements incompatibles, venus d'antipodes bien plus radicaux que ceux de la géographie, ne puissent interférer en quelque carrefour que révèle soudain une stèle commune, porteuse des mêmes symboles, commémorative d'insondables et complémentaires fidélités. »
Terraqué
Sortie : 3 janvier 1991 (France). Poésie
livre de Eugène Guillevic
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« La danse est en eux,
La flamme est en eux,
Quand bon leur semble.
Ce n’est pas un spectacle devant eux,
C’est en eux.
C’est la danse de leur intime
Et lucide folie.
C’est la flamme en eux
Du noyau de braise. »
Dans l'odeur des collines (1998)
De l'Olympe à Manosque
Sortie : 16 juin 1998. Poésie, Beau livre
livre de Jean Giono
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Quand il te rencontre par les chemins, toi couronné de violettes, dont les joues sont roses et l'œil limpide, lui tout ratatiné comme une feuille d'automne, un feu s'allume dans sa poche à fiel. Si, au milieu du vent aigre de l'aube, je rencontre une fois, l'acère déesse et qu'elle veuille me couvrir de roses, je lui dirai :
Ô toi qui marches en l'âpre crépuscule matinal, porte tes roses vivantes à ceux qui clament vers toi leurs détresses, mais moi, laisse-moi, comme je suis.
Une légère étincelle suffit pour allumer le feu de ma joie.
Tant que les vents descendront les collines, tant que la mer gonflera son ventre de soie par-delà mon verger de pêchers aux fleurs rouges, je ne demanderai rien aux dieux. Rien ! Et cependant si. Ô toi, fleurie, je te prie de m'accorder une chose. Fais que je reste toujours comme je suis. baise-moi sur la bouche et puis, va ! »
Les Antiquités de Rome (1558)
Sortie : 1558 (France). Poésie
livre de Joachim Du Bellay
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Toi qui de Rome émerveillé contemples
L’antique orgueil, qui menaçait les cieux,
Ces vieux palais, ces monts audacieux,
Ces murs, ces arcs, ces thermes et ces temples,
Juge, en voyant ces ruines si amples,
Ce qu’a rongé le temps injurieux,
Puisqu’aux ouvriers les plus industrieux
Ces vieux fragments encor servent d’exemples.
Regarde après, comme de jour en jour
Rome, fouillant son antique séjour,
Se rebâtit de tant d’œuvres divines :
Tu jugeras que le démon romain
S’efforce encor d’une fatale main
Ressusciter ces poudreuses ruines. »
Poésies et souvenirs (1824)
Sortie : 1824 (France). Poésie
livre de Gérard de Nerval
Nushku l'a mis en envie.
Annotation :
« Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.
.
Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide. »
Pavot et mémoire (1952)
Mohn und gedächtnis
Sortie : novembre 1987 (France). Poésie
livre de Paul Celan
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or
Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré »
L'Ajour
Sortie : 1998 (France).
livre de André Du Bouchet
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
« ...poussières... poussières retaillées... figures, sur une oblique, de ce sol ressaisi (par des mains dont un rêve antérieur de quelques années à celui qu'en vain je tente aujourd'hui de relater, aura fait l'économie, les figures venues à s'y inscrire alors — comme vrillées — y ayant surgi tout achevées... en cours cependant... scintillantes... ajourées...»
Amers (1957)
Sortie : 1957 (France). Poésie
livre de Saint-John Perse
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« L'aube d'Été est, sur la mer, le premier pas d'amante nue hors de son linge foulé bas. De mer issu, et par les femmes, ce corps de femme né de femme... Et celle qui pour la nuit avait gardé ses perles nées de mer, s'apparentera encore au siècle du corail...Et peut-être n'a-t-il plu : si douce, ô pluie, fut ton approche... »
Vents (1946)
Sortie : 1946 (France). Poésie
livre de Saint-John Perse
Nushku a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
« ...Des terres neuves, par là-bas, dans un très haut parfum d'humus et de feuillages,
Des terres neuves, par là-bas, sous l'allongement des ombres les plus vastes de ce monde,
Toute la terre aux arbres, par là-bas, sur fond de vignes noires, comme une Bible d'ombre et de fraîcheur dans le déroulement des plus beaux textes de ce monde. »
Poésies (1899)
Sortie : 1899 (France). Poésie
livre de Stéphane Mallarmé
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« — Le Ciel est mort. — Vers toi, j’accours ! donne, ô matière,
L’oubli de l’Idéal cruel et du Péché
À ce martyr qui vient partager la litière
Où le bétail heureux des hommes est couché,
Car j’y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d’un mur,
N’a plus l’art d’attifer la sanglotante idée,
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur… »
Les Complaintes (1885)
Sortie : 1885 (France). Poésie
livre de Jules Laforgue
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Blasé dis-je! En avant,
Déchirer la nuit gluante des racines,
À travers maman, amour tout d’albumine,
Vers le plus clair! vers l'alme et riche étamine
D'un soleil levant !
- Chacun son tour, il est temps je m’émancipe,
Irradiant des Limbes mon inédit type!
En avant!
Sauvé des steppes du mucus, à la nage
Téter soleil et soûl de lait d'or, bavant,
Dodo à les seins dorloteurs des nuages,
Voyageurs savants ! »
Haut Mal (1943)
suivi de Autres Lancers
Sortie : 1943 (France). Poésie
livre de Michel Leiris
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« L'Univers est un orgue aux tuyaux qui s'éraillent
dans cette église monstrueuse bâties par les truelles de la folie
sans même une franc-maçonnerie pour unir les visages par des signes inconnus mais qui pourraient transparaître parfois
comme les couches souterraines que révèle la coupure des ravins
Ses tubes d'acier sont ravinés et s'amollissent
détestables entrailles
canaux sordides entrelaçant leur labyrinthe
aux trajectoires des fusées à peine incandescentes
que lâchent des prêtres à soutanes déchirées au fond de caveaux pleins de boue
Les viscères sont moins noirs perdus au ventre d'un cheval
que ce bouquet de tiges funestes plus creuses que le sureau
Ils sont moins sales et forment un moins ignoble carnaval
mais ô ma douce lèpre que ne cueilles-tu leurs rameaux ?
Tu te ferais ainsi un beau diadème sonore une couronne perlée de mots
Il est vrai que tu n'as pas besoin de cette tiare animale
Tu es trop souterraine pour cela et trop hallucinée par les seuls vrais émaux
ceux de tes pas ma jolie lèpre
plus sûrs que toutes les paroles et les incantations magiques »
L'Imitation de Notre-Dame la Lune · Les Fleurs de bonne volonté (1886)
Sortie : 2001 (France). Poésie
livre de Jules Laforgue
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Soleil ! soudard plaqué d'ordres et de crachats,
Planteur mal élevé, sache que les Vestales
À qui la lune, en son équivoque œil-de-chat,
Est la rosace de l'Unique Cathédrale,
Sache que les Pierrots, phalènes des dolmens
Et des nymphéas blancs des lacs où dort Gomorrhe,
Et tous les bienheureux qui pâturent l'Éden
Toujours printanier des renoncements, -t'abhorrent.
Et qu'ils gardent pour toi des mépris spéciaux,
Bellâtre, Maquignon, Ruffian, Rastaquouère
À breloques d'œufs d'or qui le prends de si haut
Avec la terre et son Orpheline lunaire. »
L'Ombilic des limbes (1925)
suivi de Le Pèse-nerfs et autres textes
Sortie : 23 juillet 1925. Poésie
livre de Antonin Artaud
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
« Et il y a un point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée, - et par quoi ? - un point de magique utilisation des choses. Et je crois aux aérolithes mentaux, à des cosmogonies individuelles. »
Gaspard de la nuit (1842)
Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot
Sortie : 1842 (France). Poésie
livre de Aloysius Bertrand
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Rien encore ! — Et vainement ai-je feuilleté pendant trois jours et trois nuits, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres hermétiques de Raymond Lulle.
Non, rien, si ce n’est, avec le sifflement de la cornue étincelante, les rires moqueurs d’une salamandre qui se fait un jeu de troubler mes méditations.
Tantôt elle attache un pétard à un poil de ma barbe, tantôt elle me décoche de son arbalète un trait de feu dans mon manteau.
Ou bien fourbit-elle son armure, c’est alors la cendre du fourneau qui souffle sur les pages de mon formulaire et sur l’encre de mon écritoire.
Et la cornue toujours plus étincelante siffle le même air que le diable, quand saint Éloi lui tenaille le nez dans sa forge.
Mais rien encore ! — Et pendant trois autres jours et trois autres nuits je feuilletterai, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres hermétiques de Raymond Lulle ! »
« Encore un printemps, — encore une goutte de rosée qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s’en échappera comme une larme.
Ô ma jeunesse ! tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu’elles ont étouffé sur leur sein.
Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s’il y a eu dans mon roman d’amour quelqu’un de trompeur, ce n’est pas moi, quelqu’un de trompé, ce n’est pas vous !
Ô printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d’une saison qui chante mélancoliquement dans le cœur du poète et dans la ramée du chêne !
Encore un printemps, — encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux chêne, parmi les bois ! »
Le Drageoir aux épices (1874)
Sortie : 1874 (France). Poésie
livre de Joris-Karl Huysmans
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Meurs donc, larron ; crève donc dans ta fosse, souteneur de gouges ; tu n’en seras pas moins immortel, poète grandement fangeux, ciseleur inimitable du vers, joailler non pareil de la ballade. »
« La chambre était tendue de satin rose broché de ramages cramoisis, les rideaux tombaient amplement des fenêtres, cassant sur un tapis à fleurs de pourpre leurs grands plis de velours grenat. Aux murs étaient appendus des sanguines de Boucher et des plats ronds en cuivre fleuronnés et niellés par un artiste de la Renaissance. »
Le Contre-Ciel (1936)
suivi de Les Dernières Paroles du poète
Sortie : 23 octobre 1970 (France). Poésie
livre de René Daumal
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« La flamme est morte dans cet œil
où s'enchaînaient les siècles,
les dragues raclent aux grèves des crépuscules,
les derniers râles des âges noirs
et dans les sables mouvants des nausées,
des poings et des lèvres sanglantes
forgent le soleil du malheur.
Déjà les larves vénéneuses rongent
les rêves des hommes et leurs amours,
et des lueurs vivantes s'amassent sous les lits. »
Croquis parisiens (1880)
Sortie : 1885 (France). Poésie
livre de Joris-Karl Huysmans
Nushku a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« La nature n’est intéressante que débile et navrée. Je ne nie point ses prestiges et ses gloires alors qu’elle fait craquer par l’ampleur de son rire son corsage de rocs sombres et brandit au soleil sa gorge aux pointes vertes, mais j’avoue ne pas éprouver devant ses ripailles de sève, ce charme apitoyé que font naître en moi un coin désolé de grande ville, une butte écorchée, une rigole d’eau qui pleure entre deux arbres grêles. Au fond, la beauté d’un paysage est faite de mélancolie. »
À la lisière du temps (1984)
suivi de Le Voyage d'automne
Sortie : avril 1990 (France). Poésie
livre de Claude Roy
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Quand je ferme les yeux je vois des points brillants
un pan de ciel en moi et ses milliers d'étoiles
Si je rouvre les yeux par une nuit très claire
je fais partie du ciel qui fait partie de moi
(13 mai) »