Parcours commenté Keith Jarrett

Je me suis dit que depuis le temps, ça serait cool de parler de quelques albums que j'ai, en quelques notes, ce sera plus simple et on évitera de lire les sempiternelles bios disponible un peu partout (wikipedia est notre ami). Bios qui, si elles évoquent la vie et le parcours du personnage haut en ...

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9 albums

créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a presque 3 ans
Life Between the Exit Signs
7

Life Between the Exit Signs (1968)

Sortie : 1 avril 1968 (France). Post Bop

Album de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 5/10.

Annotation :

Un disque en trio, son premier qui plus est, à 22 ans (mais avec déjà un parcours rodé notamment chez Art Blakey and the jazz messengers). Même si l'ensemble n'est pas encore poussé à bout, on décerne à la fois le goût de son auteur pour des morceaux de hardbop à tendance free et d'autres plus classiques, comme Margot, dédié à son épouse d'alors. L'ensemble s'écoute agréablement sans toutefois qu'on s'attache de trop à la musique et c'est sans doute le reproche majeur qu'on pourrait faire à ce disque, surtout quand on connait sa discographie par la suite (en solo mais aussi chez Miles Davis par exemple). Bref, bien mais un goût de trop peu. Trop mignon, gentil et un peu fade... Mais peut-être que je suis un poil trop dur ?

Solo Concerts: Bremen/Lausanne (Live)
8.2

Solo Concerts: Bremen/Lausanne (Live) (1973)

Sortie : 1973 (France). Jazz, Free Improvisation

Live de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Il s'agit d'abord d'un des premiers concerts solos de l'artiste, en improvisation, "sans filet" et sa technique n'est pas encore tout à fait rodée, on le sent hésitant par moments quand il ne verse pas dans la pure technicité pour compenser une petite froideur. Et puis notons qu'il s'agit du premier disque live enregistré par ECM alors récemment crée. La méthode n'est donc pas au point, le son baisse parfois dans l'inaudible, enregistre plus le public que les notes, un petit grésillement étouffé semble noyer ces dernières. Et pourtant la magie opère, surtout dans la première partie, du concert à "Brême". Déjà affleure le "Köln concert" tant la puissance expressive du jeune pianiste est déjà là.

The Köln Concert (Live)
8.2

The Köln Concert (Live) (1975)

Sortie : 30 novembre 1975 (France). Post Bop, Jazz, Free Improvisation

Live de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Celui-là est son plus connu et souvent considéré comme son meilleur, à juste titre je dois reconnaître mais à force avec les années, il est un peu devenu l'arbre qui cache un peu la forêt, propulsé comme référence sans toutefois qu'on mette aussi en valeur d'autres oeuvres de Jarrett toutes aussi importantes. Un peu comme le "Harvest" de Neil Young éternellement en soldes et promo là où je conseille plutôt un "After the gold rush", un poil plus riche et bouleversant pour moi (ça ne change rien au fait que Harvest est un grand disque) que son frangin. Cela dit je chipote un peu car ce disque est un pur chef-d'oeuvre et aussi la meilleure porte d'accès pour découvrir Jarrett. 4 pistes pour un disque enregistré un soir à Cologne, avec Keith et son piano. Et entièrement improvisé. Dans pareil cas, l'exercice pourrait être complètement casse-gueule et en fait ici, non. On assiste même purement à un miracle, on constate que le mec est tout bonnement un génie. Jarrett joue sur les notes, rebondit constamment, crée un rythme à travers des parties bien distinctes, crée des structures mélodiques qui semblent constamment pulser, vivre d'elles-même. Nanni Moretti réutilisera génialement un passage de la part I dans Journal Intime, part I très belle et souvent préférée de bon nombres d'auditeurs du fait que c'est sans doute la plus calme et lyrique dans le même temps. Mais pour ma part, je préfère le rythme de course de la II-B qui, dans ses changements de ton progressifs et subtils (sans doute plus que la II-A qui réserve pourtant, de 8 mn à 11mn, un passage à tomber à la renverse, foudroyé de tant de beauté pure). Vous l'aurez compris, on peut tout autant aimer le disque entier, qu'avoir ses propres préférences à travers des moments plus ou moins longs, formule que Jarrett rendra encore plus concise quelques années plus tard. Chef d'oeuvre.

Arbour Zena
6.9

Arbour Zena (1976)

Sortie : 1 mai 1976 (France). Jazz, Smooth Jazz, Contemporary Jazz

Album de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Arbour Zena est une curieuse expérience qui n'a pas vraiment eu de suite.

Avec Jan Garbarek de son quartet européen au saxophone, Charlie Haden, vieux complice des débuts à une basse double et les membres de l'orchestre symphonique de Stuttgart (à la baguette, Mladen Gutesha) pour tisser un fond sonore, Jarrett s'essaye à quelque chose qui tient tout autant de la musique de chambre que d'une musique contemporaine concrète à la fois minimaliste quand elle n'est pas parfois ambiante.

Un album déstabilisant, ambigu et difficile d'accès qui finit par s'imposer de lui-même après de nombreuses écoutes pour finir par s'installer lentement chez l'auditeur. Il m'aura donné du mal celui-là mais les déclics ont été de plus en plus nombreux avec le temps (écoutes le soir à des heures comme minuit et une heure du matin en bus avec la route qui défile : magique) et à un moment donné.

Hymns / Spheres
7.4

Hymns / Spheres (1976)

Sortie : 1976 (France). Jazz, Free Improvisation, Classical

Album de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Hymns / Spheres, à l'origine seulement Spheres (Les Hymns ont été rajoutés finalement en ouverture et fermeture du double disque), est là aussi une nouvelle expérience du pianiste fou. Mais cette fois-ci poussée à bout et réussie de parts et d'autres. Pour faire simple, disons que Keith comme à son habitude va improviser... mais à l'orgue. Pas de l'orgue hammond ou du Moog hein, non, non, de véritables orgues d'église. En l'occurrence ceux de Karl Joseph Riepp (1719-1775) à l'abbaye bénédictine Ottobeuren en Allemagne. Et pour cela il impose que le son et la profondeur pure de l'instrument comme du lieu, sa propre résonance qui donne sa force à l'orgue soient conservé. Comme l'indique fièrement Jarrett dans les courtes notes du disque, "No overdubs, technical ornamentations or additions were utilized, only the pure sound of the organ in the abbaye is heard". Il précise aussi que certains effets sonore ne sont nullement obtenu à un quelconque mixage ou autre mais seulement en variant la vitesse des pédales, des touches et des tuyaux bouchés ou non.

Et c'est impressionnant. Complètement organique, voire mystique.

The Survivors' Suite
8.2

The Survivors' Suite (1977)

Sortie : 1977 (France). Contemporary Jazz, Jazz

Album de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

En plus de sa présence dans des improvisations solo au piano, l'activité de Jarrett est, dans les années 70, partagée entre ses deux quartett, l'un américain, l'autre Européen. The survivor's suite est l'unique enregistrement studio de la formation américaine, plus encline aux tournées live. Album qui aurait pu présager une musique sombre de par son titre (un hommage aux survivants des camps), il n'en est rien. Ce n'est pas même du free-jazz. Juste un jazz langoureux qui prend son temps (deux pistes de près de 20 mn), partagé de multiples changements de climats, de tempos et de sons où chacun des membres fait preuve d'un talent inégalable. Jarrett n'est pas en reste puisqu'en plus de sublimes parties de piano, il se permet aussi de faire du saxophone, du Célesta, supervise l'enregistrement ou fait des percussions. C'est dire la richesse d'une musique qui m'a fait autant penser au Köln Concert qu'a du jazz de haute volée. Bref, un disque méconnu et pourtant admirable.

Ritual

Ritual (2014)

Sortie : 24 janvier 2014 (France). Contemporary, Classical

Album de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 7/10.

Annotation :

Keith se fait plaisir et nous offre une petite sucrerie comme ça. Ayant plusieurs fois travaillé avec le chef d'orchestre Dennis Russell Davies et charmé par son jeu de piano, Jarrett décide de composer une musique de son crû et la délègue à Davies qui ne demandait que ça, de pouvoir jouer une composition spécialement inédite. Du coup on constate avec surprise que ça ressemble à du Jarrett, que, bigre, mais c'est du Jarrett, mais que, diantre, ça n'est pas joué par Jarrett. Mais le style se reconnaît à 100 kilomètres à la ronde, pas de doute possible. On est donc en terrain connu, celui du Köln concert, du concert de Brême et Lausanne avec ce petit quelque chose d'un peu plus intimiste, moins sauvage dans ses envolées et pourtant qui pourrait facilement en faire partie. Et comme le disque est court (à peine 30 minutes), on y revient. C'est d'autant plus intimiste que la technique de Davies s'avère assez élégante. Addictif donc. Une belle surprise.

Paris Concert (Live)
8

Paris Concert (Live) (1990)

Sortie : 1990 (France). Jazz, Contemporary Jazz, Free Improvisation

Live de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C'est un bloc, intense, que Jarrett va longuement sculpter en plusieurs circonvolutions précises.

Depuis le Köln Concert, le jeu du monsieur a changé.
De variations mélodiques qu'il suivait pour rebondir sur un genre dans les 70's, il va suivre par la suite une autre voie, quitte à frôler de plus en plus l'abstraction (Radiance et surtout Testament). Ici, une main crée un rythme, lent, profond, tandis que l'autre fait des vagues, se déploie, toujours mouvante. Au fur et à mesure, Jarrett ne faiblit pas, tout devient plus dense, une main ralentit tandis que l'autre semble accélérer. Le tout forme l'impression étrange d'être projeté lentement vers un cyclone qui arrive de plus en plus vers nous. C'est sans doute l'un des concerts les plus "durs" du monsieur car moins accessible qu'auparavant en terme de linéarité et même après, presque expérimental. On peut adhérer et dans l'instant, être complètement paumé et pourtant on sent qu'il y a un maître à l'oeuvre. Les deux autres morceaux, plus court permettent de respirer alors un peu avant de finir le disque : The wind est une petite ballade impressionniste touchante là où le sobrement Blues ne trahit pas son nom et reste efficace.
Grand disque.

La Scala (Live)
8.4

La Scala (Live) (1997)

Sortie : 2 juin 1997 (France). Jazz, Free Improvisation

Live de Keith Jarrett

Nio_Lynes a mis 9/10.

Annotation :

Dans les années 80, le pianiste réduit ses épanchements lyriques mais continue de tourner et sortir des disques à la pelle. Néanmoins, c'est sur le terrain du live au piano solo qu'il reste le plus attendu. Vers la fin des années 90, il semble même atteint d'une grave fatigue chronique. Il faut dire qu'au rythme de fou qu'il s'est imposé, les concerts improvisés sont autant de surpassements physiques que s'impose Jarrett. Pour lui, se retrouver à improviser au piano impose un enfermement loin de toute idée préconçue qui pourrait le gêner durant les jours qui suivent le concert, une concentration de tous les instants. Le concert de La Scala à Milan en 1995 est un nouveau tour de force et, à nouveau, un chef d'oeuvre. Mais cette fois-ci, moins immédiatement lyrique que le Koln Concert, plus sombre. 2 longs morceaux (dont une part I de près de 44 mn) et une reprise d'Over the rainbow. La part I frappe par son enchaînement, c'est comme si l'on était entraîné dans un grand puits noir, qu'on tentait d'y voir quelque chose, d'y survivre, avant une lente et émouvante remontée vers la lumière à pleurer de bonheur. Jarrett fait évoluer son jeu constamment entre jazz, musique classique, contemporain, épure intimiste, voire musique de film, c'est tout bonnement incroyable.

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