Top 10 - 1953
10 films
créée il y a plus de 9 ans · modifiée il y a 5 moisLe soleil brille pour tout le monde (1953)
The Sun Shines Bright
1 h 30 min. Sortie : 8 mai 1953 (France). Comédie dramatique
Film de John Ford
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Le siècle s’ouvre à Fairfield, dans le Kentucky, véritable Amérique en réduction où se concentrent, parmi les calèches, les redingotes et les bateaux à roues, toutes les lignes de force du cinéma fordien. Atteignant l’harmonieuse quintessence de son art, mêlant la drôlerie la plus truculente et l’émotion la plus profonde, faisant rimer le souvenir des morts avec l’équilibre collectif, le maître exalte un humanisme tranquille capable de conjurer le chaos de toute société. Une véritable merveille.
Voyage à Tokyo (1953)
Tokyo Monogatari
2 h 16 min. Sortie : 8 février 1978 (France). Drame
Film de Yasujirō Ozu
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Singulier et visible à chaque plan, le style d’Ozu affirme un réalisme minutieux, un cadre et une temporalité à nul autres pareils, joue entre l’immuable et le mobile, entre ce qui reste et ce qui passe. Jamais cet art du retrait n’a atteint un point d’achèvement aussi parfait que dans cette très émouvante chronique familiale, où l’intensité du moment est saisie sans coller à l’exhibition du pathos, et où le polissage de la réalité machinale permet d’atteindre une pudeur, une limpidité absolues.
Le Port de la drogue (1953)
Pickup on South Street
1 h 20 min. Sortie : 7 avril 1961 (France). Film noir
Film de Samuel Fuller
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Le titre français a substitué la drogue aux microfilms des espions communistes, mais l’intérêt du cinéaste ne porte pas sur l’aspect politique. Dans ce polar de nuit et de confusion, animé par un voltage stupéfiant, il croise une aventurière des bas-fonds et un pickpocket aux rictus frénétiques, et leur insuffle une consistance nouvelle. Parias imprévisibles, peu recommandables, au bout du rouleau, mais qui s’affrontent et s’étreignent pour survivre au nom des valeurs mêmes fondant la société.
Madame de... (1953)
1 h 40 min. Sortie : 16 septembre 1953. Drame, Romance
Film de Max Ophüls
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Ophüls est un joaillier et cette poignante tragédie sentimentale sa plus belle perle. Il y dessine, par la grâce chorégraphique d’une caméra ultrasensible, les mouvements intérieurs d’un couple et la déshérence d’une société régie par les masques de la respectabilité. Chandelles et tours de valse, accords de harpe et passions illicites, agitations mondaines et silences déchirés y captent la souffrance derrière l’amour, la mort derrière la fête, la pathétique gravité derrière l’apparence futile.
Les Contes de la lune vague après la pluie (1953)
Ugetsu monogatari
1 h 36 min. Sortie : 18 mars 1959 (France). Drame, Fantastique
Film de Kenji Mizoguchi
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Ces contes sont des poèmes de sagesse dont le chant plein et mesuré atteint l’harmonie. Construits en boucle comme pour figurer l’éternel retour, ils sont la paix même, parfois la joie au cœur de la tragédie. Mizoguchi avouait avoir sacrifié au désir de son producteur d’"occidentaliser" l’histoire, de renchérir sur l’esthétisme. Mais quand la sensibilité d’un artiste épouse à un tel degré de perfection le génie d’une civilisation, on ne peut que s’abandonner, et on croit cerner la beauté pure.
L'Appât (1953)
The Naked Spur
1 h 31 min. Sortie : 2 octobre 1953 (France). Thriller, Western
Film de Anthony Mann
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Peu de westerns ont donné des images aussi fortes de l’effort ou de la fatigue, de la fruste rivalité des hors-la-loi, de l’âpreté de leurs combats ou de leurs attachements. Les visages graves des hommes, décomposés par les émotions élémentaires, tout comme la frimousse dépeignée de Janet Leigh sont rendus mémorables par les simples prestiges de la sueur, des stigmates ou d’un brusque sourire. Ainsi s’esquisse, sinon une philosophie, du moins un point de vue remarquable sur la destinée humaine.
Tous en scène ! (1953)
The Band Wagon
1 h 52 min. Sortie : 3 février 1954 (France). Comédie, Comédie musicale, Romance
Film de Vincente Minnelli
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Au cinéma on peut adopter indifféremment un ton de réalisme, de fiction, de comédie, de reportage, de prose, de vers, de parties parlées ou chantées. On peut aussi favoriser les glissements de l’un à l’autre – alors le monde chavire. C’est ce à quoi s’applique ici Minnelli, qui fait clignoter puis s’éteindre nos repères familiers, culminer le sentiment en virevoltes infinies et gracieux tourbillons et qui, quelques mois après Donen et Kelly, livre sa propre apothéose de la comédie musicale.
Le Salaire de la peur (1953)
2 h 28 min. Sortie : 22 avril 1953 (France). Aventure, Drame, Thriller
Film de Henri-Georges Clouzot
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Si, une heure durant, la caméra toujours penchée vers le sol nous colle dans la fange de Las Piedras, du tripot d’Hernandez, des indigènes chevauchant des bourricots qu’affolent les jeeps de la SOC, c’est pour mieux amplifier ensuite l’intensité d’un admirable morceau de bravoure dont le suspense repose sur le combat d’un "sale petit espoir" contre la fatalité. Drame de la défaite, quête de salut, vanité métaphysique : Il y a bel et bien du Conrad dans ce voyage au pays de la peur et de la mort.
Vacances romaines (1953)
Roman Holiday
1 h 58 min. Sortie : 9 avril 1954 (France). Comédie romantique
Film de William Wyler
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Aucun autre titre ne saurait mieux refléter l’esprit enchanté de cette éphémère love story, qui commence dans une lotion de gaieté pour s’achever sur une note sereine mais mélancolique. Entraînante et voltigeuse comme une bulle dans le ciel de la péninsule, elle offre à Gregory Peck l’occasion d’affirmer un charisme à rendre jaloux, et à la petite Audrey, Cendrillon saisie par les vertiges de l’anonymat, celle de se livrer à un déchenillage superbe qui glorifie sa souplesse de lutin-derviche.
La Nuit des forains (1953)
Gycklarnas Afton
1 h 32 min. Sortie : 18 octobre 1957 (France). Drame
Film de Ingmar Bergman
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Autour du directeur d’une troupe itinérante et de sa jeune épouse, écuyère suscitant bien des convoitises, Bergman fait jouer la folie, la trépidation, les contraintes sociales, les drames et les joies, la pluie et la canicule qui dansent la farandole des grands jours. Son film-soleil, dont chaque image bande êtres et éléments par sa grande tension, brille d’une lueur désespérée : les masques sont absurdes, les maquillages dénudent les hommes, et la fureur des sentiments fait saigner les cœurs.