Top 10 - 1955
Ils auraient pu figurer ici mais ils restent sur le banc (films notés 8/10 minimum) :
"Les Contrebandiers de Moonfleet" de Fritz Lang
"La Fureur de Vivre" de Nicholas Ray
"Le Grand Couteau" de Robert Aldrich
"Le Héros Sacrilège" de Kenji Mizoguchi
"Lola ...
10 films
créée il y a plus de 9 ans · modifiée il y a environ 1 anLa Nuit du chasseur (1955)
The Night of the Hunter
1 h 32 min. Sortie : 11 mai 1956 (France). Drame, Thriller, Film noir
Film de Charles Laughton
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
S’il ne devait rester qu’un seul film pour résumer l’histoire du cinéma, de ses racines virginales à l’extrême richesse de ses niveaux de lecture, ce pourrait être l’étoile filante de Laughton. Aucun mot ne saurait rendre grâce à la féérie ensorcelante de ses images, à leur puissance de fulguration lyrique, à la magie sorcellaire avec laquelle ce poème de l’innocence et de la malédiction tutoie l’essence de nos peurs, de nos rêveries, de nos émerveillements. Le terme sublime a été inventé pour lui.
La Parole (1955)
Ordet
2 h 06 min. Sortie : 28 décembre 1955 (France). Drame
Film de Carl Theodor Dreyer
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Il faut une extrême rigueur morale et esthétique pour parvenir à représenter un miracle à l’écran. En déployant toutes les forces de son cinéma pour atteindre cet instant de tension absolue, le gourou scandinave de l’ascèse transcende la vocation métaphysique d’un art qui ouvre l’austérité au frémissement et la cérébralité à l’approche tangible des différentes attitudes devant la foi. Taillée au plus près de l’âme, cette œuvre vive et fulgurante comme une révélation spirituelle laisse sans voix.
Tout ce que le ciel permet (1955)
All That Heaven Allows
1 h 29 min. Sortie : 18 septembre 1963 (France). Drame, Romance
Film de Douglas Sirk
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Les années 50, une idyllique Amérique pavillonnaire, des voisins charmants et des enfants parfaits : le cauchemar climatisé d’une bourgeoise prisonnière de sa condition sociale et d’un jeune jardinier qui fera fleurir son arbre d’amour. Sirk livre le mélo ultime, infiniment cruel sous sa flamboyance iconographique, aussi implacable que la télévision renvoyant à l’héroïne son reflet d’enterrée vivante, aussi éclatant que le paysage hivernal contemplé de sa fenêtre – vue utopique d’un monde idéal.
Dossier secret (1955)
Mr. Arkadin
1 h 36 min. Sortie : 2 juin 1956 (France). Film noir
Film de Orson Welles
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Film fou, aussi génial que désordonné, fait de bouts de ficelle et télescopant le récit d’espionnage, la comédie policière et la politique. Welles donne à voir une Europe en morceaux, fédérée par l’esperanto cinéma, comme s’il croisait les ruines de Rossellini avec la vision oblique et grotesque de la série B américaine. S’y déroule un feuilleton frénétique à la "Mabuse", dicté par la vitesse (d’information, de déplacement) et que traversent de part en part les obsessions insatiables de l’auteur.
L'Homme de la plaine (1955)
The Man from Laramie
1 h 43 min. Sortie : 30 novembre 1955 (France). Drame, Western
Film de Anthony Mann
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Cet homme de Laramie est un étranger errant qui pénètre dans un territoire hostile pour y étouffer ses démons. À travers son aventure, Mann déploie un éventail d’échos, de contrastes et d’émotions complexes qui réfute toute lecture harmonieuse. Il introduit une dimension œdipienne dans un cadre tendu et dépouillé, où les cadrages audacieux, les nuages immenses et la nuit tombante semblent figurer l’âme même de personnages lancés au bord de précipices abrupts. Un grand western shakespearien.
Les Diaboliques (1955)
1 h 57 min. Sortie : 29 janvier 1955 (France). Drame, Policier, Thriller
Film de Henri-Georges Clouzot
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Pour les hypocrites qui entendent défendre la morale en acceptant toutes les conventions et compromissions, Clouzot fait figure d’ange déchu, d’empêcheur d’abêtir en rond, de dangereux espiègle. Dangereux dans la mesure où son talent est incisif et ses desseins inquiétants. Tout en lignes d’ombres et twists affolants, flambées d’humour noir et visions de terreur, glissements étranges et ambigüités vénéneuses, son jeu sadique avec les nerfs brille d’une maîtrise et d’une unité sans reproches.
Sourires d'une nuit d'été (1955)
Sommarnattens leende
1 h 48 min. Sortie : 20 juin 1956 (France). Comédie, Romance
Film de Ingmar Bergman
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Parce qu’il a compris le sens du mot libertinage, Bergman débarrasse le cinéma de sa ceinture de chasteté. Dans la lumière diffuse du solstice et de la Saint-Jean, ses quatre couples se défont et se refont, franchissent l’innocence et l’imbroglio pour atteindre finalement la clarté. Et ce sont les héroïnes qui offrent au monde leur féminité, la poésie, la légèreté, qui démêlent leurs écheveaux pour mettre à nu toutes les significations, tous les bonheurs, tous les cris libérateurs de l’amour.
En quatrième vitesse (1955)
Kiss Me Deadly
1 h 46 min. Sortie : 9 septembre 1955 (France). Film noir, Policier
Film de Robert Aldrich
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Au monde de Spillane, Aldrich, qui se méfie des promiscuités douteuses, a préféré le sien. Grâce à la richesse de son inconscient il met ses angoisses en rêve et fait vrombir un cortège de nuit et de mort dont on sort hirsute. La brutalité d’un univers pestilentiel, la surenchère irraisonnée de la violence et de la peur dictent sa logique à ce film strident, où les ellipses ajoutent à l’horreur de ce qu’on voit celle qu’on devine, et qui éclaire de ses sunlights les abîmes de la chose infâme.
Nuages flottants (1955)
Ukigumo
2 h 03 min. Sortie : 15 janvier 1955 (Japon). Drame, Romance
Film de Mikio Naruse
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Enserré entre deux flash-backs, ce superbe mélo fait le récit quasi immobile de l’après d’une passion, un après trébuchant, balbutiant, condamné à ne se mouvoir que sous le signe de la répétition. Son espace narratif se situe dans le temps suspendu de la douleur, entre le trop tard de l’amour et le trop tôt de la mort. Et s’il n’oublie pas la dimension sociale de son histoire, ce qui requiert avant tout Naruse sont les arcanes du cœur, la confusion des sentiments, la rigueur obstinée du désir.
À l'est d'Eden (1955)
East of Eden
1 h 55 min. Sortie : 19 octobre 1955 (France). Drame
Film de Elia Kazan
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Californie, 1917 : détresse affective d’un garçon dont le front buté, le regard myope quêtant l’amour, les gestes névrotiques disent les fièvres de l’adolescence. Ainsi naquit le mythe James Dean. Devant la caméra d’un artiste qui refuse l’hypocrisie, le grégarisme et la tiédeur que l’on confond avec la vertu, qui brise les reins des puissants pour accorder sa grâce aux humiliés, et dont la perception biblique du monde s’épanouit dans une Amérique hantée par l’Ancien Testament et ses prophètes.