Top 10 - 1980
Ils auraient pu figurer ici mais ils restent sur le banc (films notés 8/10 minimum) :
"Du Sang sur la Tamise" de John MacKenzie
"Pulsions" de Brian De Palma
"Quelques jours de la vie d'Oblomov" de Nikita Mikhalkov
"Le Saut dans le Vide" de Marco Bellocchio
10 films
créée il y a plus de 11 ans · modifiée il y a plus de 4 ansL'Empire contre-attaque (1980)
Star Wars Episode V: The Empire Strikes Back
2 h 04 min. Sortie : 20 août 1980 (France). Aventure, Science-fiction, Action
Film de Irvin Kershner
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Je voudrais pouvoir dire à ce film à quel point je l’aime. Mais le sait-il ? Comment rendre justice à ces constellations d’images gravées au plus profond de ma mémoire, à la fascination émerveillée que me valent ces initiations complexes, à l’imaginaire poétique contenu dans ces mondes de nuages et de lianes, de glaces et de feux, à l’incommensurable émotion que me valent Luke, Han, Leia et les autres, figures constitutives de ce que je suis ? Lui seul peut le comprendre car en vérité ce film, c’est moi.
Raging Bull (1980)
2 h 09 min. Sortie : 11 mars 1981 (France). Biopic, Drame, Sport
Film de Martin Scorsese
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Les films seventies de Scorsese racontent tous l’histoire d’un homme qui souffre et se détruit. En voici la formulation la plus sincère, viscérale, douloureuse. Elle laisse percevoir la fêlure d’une âme primitive écartelée entre sa part obscure et ses exigences. Le style incandescent, dont la maestria inouïe s’accorde à la prestation dévastatrice de De Niro, nous fait vivre son voyage au bout de la nuit, nous renvoie ses abîmes tourmentés qui ne sont autres que ceux de la condition humaine.
Shining (1980)
The Shining
1 h 59 min. Sortie : 16 octobre 1980 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Stanley Kubrick
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
L’espace encastre des couloirs dédaléens, des escaliers interminables, des enfilades de salon. Le temps laisse déambuler fastes moelleux et apparitions du passé sur les entreponts feutrés d’un vaisseau fantôme. Quant à la caméra, elle épouse en des circonvolutions somnambules une conscience lentement envahie par les maléfices de la nef des fous. Le sommeil de la raison engendre des monstres disait Goya. Ce "Marienbad" de la terreur en atteste, sur les terrains du vertige et de la métaphysique.
La Porte du paradis (1980)
Heaven's Gate
3 h 39 min. Sortie : 22 mai 1981 (France). Drame, Western
Film de Michael Cimino
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Derrière le faste d’une épopée toute en sépia, rivalités, passions, Cimino prend le relais de Griffith et de Ford, s’attaque aux fondements de la nation américaine, démonte l’illusion de la prairie et de la liberté, et révèle les origines d’un pays bâti sur le sang avec la bénédiction de l’État. Son espace n’est plus celui du western mais celui de la menace permanente, des affrontements sociaux, du champ historique où l’homme doit se battre contre l’homme. Une œuvre à la hauteur de sa légende.
Mon oncle d'Amérique (1980)
2 h 05 min. Sortie : 21 mai 1980. Comédie dramatique, Romance
Film de Alain Resnais
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Resnais est le pionnier d’un nouveau monde. Sa méticulosité mène de l’idée à l’écrit, de l’écrit au décor, du décor à l’acteur, de l’acteur à la récompense. Avec trois personnages, quelques rats et des inserts de Gabin, Darrieux et Marais, il éclaire notre conduite affective, la nature des mutations sociales et les modes d’existence que nous croyons maitriser. Son vaudeville scientifique, grignoté par les faisceaux du rêve et de l’inconscient, se place là où il s’est toujours tenu. À l’avant-garde.
Kagemusha - L'Ombre du guerrier (1980)
Kagemusha
3 h. Sortie : 1 octobre 1980 (France). Drame, Historique, Guerre
Film de Akira Kurosawa
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Kurosawa et le Moyen-Âge, encore et toujours. Il faut bien accrocher sa mâchoire devant la flamboyante majesté de ce drame épique, ses cieux empourprés que balaye un vent de mort, ses armées alignées en ordre de bataille. Dernier râle d’un monde instable et mourant, la guerre y consacre un jeu de doubles, d’illusions et de trompe-l’œil condamnant les personnages au doute et à la confusion. Rarement mise en scène, réglée comme un combat de géants, aura atteint une telle politesse du désespoir.
Des gens comme les autres (1980)
Ordinary People
2 h 04 min. Sortie : 11 mars 1981 (France). Drame
Film de Robert Redford
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Nourri d’intelligence et de compassion, ce psychodrame en sourdine fait emporter la sensibilité sur la démonstration. Il raconte avec tact une crise intérieure, une lente dislocation familiale, un difficile retour à la vie dont la quête passe autant par la réconciliation paternelle que par la parole qui libère. Sa pudeur doit beaucoup à la finesse de son interprétation, et sa lucidité nous rappelle, comme le lance le psy avec une goguenardise tragique, que "les sentiments c’est pas du gâteau."
Le Dernier Métro (1980)
2 h 11 min. Sortie : 17 septembre 1980 (France). Drame, Romance, Guerre
Film de François Truffaut
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
De cette période blafarde qu’est l’Occupation, le cinéaste met à nu les fils secrets. Du théâtre, ce lieu qui mêle intimement le jeu et la vie réelle, il éclaire les effets de miroir à sa manière, aimant se placer une fois de plus au-delà des conventions morales. C’est donc un Truffaut de grande cuvée où rôdent, fantomatiques, l’ombre du garde-chasse de "La Règle du Jeu", la cabotine du "Carrosse d’or", et où trônent des tragédiens pittoresques, funambules, entourés par les lutins de la passion.
Au-delà de la gloire (1980)
The Big Red One
1 h 53 min. Sortie : 28 mai 1980. Action, Drame, Guerre
Film de Samuel Fuller
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
L’horreur de la guerre, Fuller l’a vécue. Tout porteur d’idéal y est un mort en sursis : cette abjection, il la révèle en bousculant les certitudes et le confort du spectateur, tout comme il filme la nécéssité de la survie, la crainte d’être tué, le goût du sang. Son odyssée furieuse vaut allégorie de notre condition (on y voit les fous paisibles d’un asile d’aliénés gardé par des nazis), nourrie de cet humanisme désillusionné que seuls les vieillards ayant beaucoup bourlingué savent dispenser.
Elephant Man (1980)
The Elephant Man
2 h 04 min. Sortie : 8 avril 1981 (France). Biopic, Drame
Film de David Lynch
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Quitte-t-il ses guenilles pour des habits distingués et John le croque-mitaine devient dandy, sa démarche cahotante passant au port d’aristocrate. Rarement nos peurs, nos mépris, notre regard sur l’être différent ont été pareillement interrogés. On croirait l’œuvre tombée de la lune mais c’est sa face cachée qu’elle nous révèle, le destin déchirant du martyre-objet porté par l’espoir de vivre comme tout le monde, la souffrance infinie du monstre qui était un homme meilleur que tous les hommes.