Top 10 Albums selon Mayeul TheLink
Cette liste de 10 albums par Mayeul TheLink est une réponse au sondage Top 100 albums des Tops 10
Pas vraiment un top, plutôt une énumération de propositions musicales différentes m'ayant toutes marqué, que ce soit personnellement ou dans la démarche (parfois les deux). Le but de cette liste serait donc plus d'exprimer mon intérêt pour la musique par des exemples significatifs, plutôt qu'un réel ...
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créee il y a plus de 9 ans · modifiée il y a 2 mois
Empath (2019)
Sortie : 29 mars 2019 (France).
Album de Devin Townsend
Mayeul TheLink a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
[Metal / Musique symphonique / Experimental]
Devin Townsend est là depuis mes quasi-tout débuts de mélomane assidu. Rien de plus normal avec le recul : aucune musique ne me donne la sensation d'être aussi en phase avec une oeuvre. Avec Empath, Devin synthétise toute sa carrière en 75 minutes. En sort un album à l'image du rapport au monde qu'a développé le canadien, soit un rapport haine/passion, fait de frustration face à un chaos généralisé autant intérieur qu'extérieur, et d'euphorie de pouvoir témoigner de ce chaos. Devin sait autant susurrer un chant doux au coin du feu que gueuler toute sa rage, exprimer une amertume nous rapprochant des autres qu'une joie communicative de chanter. Un grand bordel organisé, effrayant par le trop-plein qu'il propose, mais dans le même temps d'un réconfort infini par son appel à échapper à la solitude. Mélodique, bordélique, violent, doux, euphorique, dépressif, frustré, enjoué... Et bien plus encore. Bref, la vie, quoi.
An Awesome Wave (2012)
Sortie : 28 mai 2012 (France). Pop, Rock, Experimental
Album de alt-J
Mayeul TheLink a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
[Pop]
alt-J est une inspiration constante dans mon rapport à la musique : une ambition assumée pour servir une émotion accessible. Une sensibilité indéniable dans les mélodies riches (le refrain de Something Good est-il amer ou heureux ? Rythmé ou lancinant ? Ou tout ça en même temps ?), des structures réfléchies en amont afin de mettre toutes les trouvailles en valeurs et éviter de se répéter, un mélange d'influences perceptibles mais toujours au service d'un style unique... 45 minutes au rythme imparable malgré les expérimentations (enchaîner le morceau d'introduction avec un interlude, quel album de pop peut se le permettre sans bousiller l'expérience d'écoute ?), une voix à la sensibilité palpable, et tout un jeu sur les textures pour jouer d'une envie de visiter des mondes imaginaires. Soit ce qui pourrait bien être l'aboutissement de toute une idée de la pop telle que pensée à la fin des 60's.
How to Train Your Dragon: The Hidden World (Original Motion Picture Soundtrack) (OST) (2019)
Sortie : 1 février 2019 (France).
Bande-originale de John Powell
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Musique de film]
De nombreuses écoutes attentives de l'album m'auront permis de prendre conscience de ce que la musique de film peut accomplir : une expression de doutes et d'un cheminement émotionnel, dans tout ce que ça implique de bouillonnement incontrôlable, de moments de grâce, et tout ce qui existe entre les deux. Les thèmes expriment musicalement des idées qui s'entremêlent pour créer tout un monde dans lequel on se ballade d'émotion en émotion. Une note lointaine peut transformer un doute en espoir, un rappel de motif, une peur en fierté de l'avoir surmontée, et des thèmes qui se mélangent, un conflit en résolution.
The Köln Concert (Live) (1975)
Sortie : 30 novembre 1975 (France). Post Bop, Jazz, Free Improvisation
Live de Keith Jarrett
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Piano / Musique live / Improvisation]
C'est accrocheur et émotionnellement accessible, mais ce n'est pas de la pop. C'est improvisé et bouillonnant, mais ce n'est pas du jazz. C'est maîtrisé et exigeant, mais ce n'est pas de la musique savante. Cet album est de la musique. Dans le sens du musicien qui s'exprime, ici dans un flot de conscience musical que l'on croirait sans limite, sans contrainte. La pochette est bien choisie : Keith est renfermé sur lui-même, et on apercevrait presque au milieu de la photo, dans le cercle blanc formé par le piano et le visage, la lueur qui anime le pianiste dans une intimité désormais matérialisée. Un rêve de musicien, un aboutissement en terme d'expression artistique.
(What’s the Story) Morning Glory? (1995)
Sortie : 2 octobre 1995. Brit Pop, Alternative Rock
Album de Oasis
Mayeul TheLink a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
[Pop / Rock]
Les Beatles ont rendu le monde heureux avec une facilité déconcertante, mais Oasis nous rappelle qu'être heureux n'a rien de facile : c'est avant tout une rébellion contre cette existence futile, donner du sens par nous-même à ce qui nous entoure. Le City des années 90 est un club de merde ? Pas grave, ça crée une ambiance de feu dans les tribunes. Manchester est une ville ennuyeuse à mourir ? Pas grave, on crée une mythologie autour pour la sublimer dans nos paroles. Le groupe a tutoyé les cieux (et selon Liam, ce seront les derniers à le faire avant l'arrivée d'internet, comment lui donner tort ?), s'est brûlé les ailes, mais pour toujours reste cet album pour nous rappeler que plus profond est le désespoir, plus grande est la renaissance. Mais pour ça il faut savoir regarder le soleil dans les yeux.
Geogaddi (2002)
Sortie : 18 février 2002. Abstract, Ambient, Electronic
Album de Boards of Canada
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Musique électronique / Ambient]
Boards of Canada est absolument unique dans les impressions qu'il dégage. Celles d'un enfant observant le monde, découvrant à chaque seconde une nouveauté étrange, se laissant bercer par les voix d'adultes déformées... Un retour au berceau, sans que cela ne soit idéalisé une seule seconde : Geogaddi peut être effrayant, angoissant, mais toujours en gardant ce ton éthéré de la conscience qui ne peut pas encore appréhender ses émotions et son environnement. L'importance des mathématiques et/ou de la géométrie, exprimée autant par l'électronique des sons que par les paroles ou les visuels, vont dans le sens de cette perception du fondamental. Pas étonnant alors que BoC puisse être ennuyeux pour beaucoup de monde : ce n'est rien de moins qu'un retour aux sources qui est proposé, un retour aux sensations qui ont créées nos premières impressions. La musique comme mémoire d'un temps dont on ne peut se souvenir.
A Love Supreme (1965)
Sortie : 1965 (France). Avant-garde Jazz
Album de John Coltrane
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Spiritual Jazz]
Dans une certaine idée de la discographie de Coltrane, du point de départ (la maîtrise technique de Giant Steps) jusqu'au point d'arrivée (la musique devenue abstraite de sa fin de carrière), A Love Supreme fait figure de juste milieu. Une spiritualité se dégage, le musicien cherche Dieu dans son saxophone, et en cela tend vers la transcendance qui arrivera par la suite avec ce jazz de plus en plus free, mais ne renie pourtant jamais le monde matériel en restant ancré dans l'improvisation mélodique de ses débuts. Un déchirement entre deux pôles permettant la spiritualité, ici basée sur l'observation par la musique d'un monde en changement constant. Une fusion de l'observateur/artiste et du matériau avec lequel il travaille pour enfin voir, et percevoir l'amour qui se dégage de tout. Dieu n'est pas ailleurs, il est tout autour de nous, et un mantra pour se laisser porter par lui : A love supreme... A love supreme...
Storm Corrosion (2012)
Sortie : 4 mai 2012 (France). Rock, Experimental
Album de Storm Corrosion
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Rock progressif / Experimental]
Mikael Akerfeldt et Steven Wilson, déjà responsables (entre autres gens) du chef d'oeuvre Blackwater Park, s'isolent pour assouvir leur rêve de composer exclusivement à deux. D'isolement, il en est beaucoup question dans Storm Corrosion. Ambiances austères, contemplation et exploration de l'intime font de cette musique une expérience virulente malgré le calme apparent. Les guitares et les voix s'accompagnent de sons qui semblent aller et venir sans nous voir, faisant de l'étrange l'impression principale qui se dégage des morceaux. La tension est constante (les différents riffs acoustiques qui ne se résolvent jamais, les quelques notes qui se répètent sur tout un morceau sans arriver nul part, les structures qui semblent se contenter d'enchaîner les parties)... Et puis parfois une caresse, paternelle (Wilson en intro du morceau titre) ou angélique (Akerfeldt qui réinvente sa voix pour la première partie de Ljudet Innan) nous donne un peu de répit. À l'album de se terminer sur son meilleur morceau, complainte de soulagement qui libère enfin l'auditeur dans ce monde d'une beauté à fleur de peau renversante.
Blackwater Park (2001)
Sortie : 13 mars 2001 (France). Prog Rock, Death Metal, Acoustic
Album de Opeth
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Death metal / Rock progressif]
Opeth affirme fièrement son héritage tirant ses racines dans le death metal et le prog rock. Mais plus qu'une cohabitation de ces deux styles, Blackwater Park en propose une véritable fusion, autant musicalement (les riffs saturés se mêlent aux guitares folk dans un même mouvement) que dans l'idée : on retrouve aussi bien la mort dans ce qu'elle a de plus concrète (la décomposition des corps, le putride) venant tout droit du death, que la fascination pour l'étrange du prog. Une fascination pour le néant du corps inanimé, donc, et toute la déstabilisation sur l'auditeur qu'une telle émotion peut infliger. Une tension musicale qui monte et descend mais ne disparaît jamais (les parties énervées de manière évidente, mais les parties les plus calmes également, le piano en fin de Leper Affinity continue de me hanter) pour une richesse dans l'austérité démontrant toutes les contradictions d'une humanité perdue entre son désir de contrôle sur la mort et l'effroi existentiel qu'elle lui impose. Jamais le clair et l'obscur n'auront aussi bien dialogué, dissimulant la limite entre les deux pour donner à voir un nouveau monde tout aussi inquiétant qu’attirant.
Ocean Machine (1997)
Sortie : 16 juillet 1997 (France). Heavy Metal, Prog Rock, Rock
Album de Devin Townsend
Mayeul TheLink a mis 10/10.
Annotation :
[Metal alternatif]
Biomech : Ocean Machine. Biologique et mécanique, sur la pochette une machine naît de l'eau pour ne jamais y retourner. Pour Devin, dès son premier album (et le City de son groupe Strapping Young Lad, sorti la même année, sorte de face cachée de cet album et qui devrait donc apparaître dans ce top), l'être humain est fragile et jeté dans un monde chaotique, condamné à devoir le ressentir de manière tout aussi chaotique. L'intensité est le mot d'ordre, avec pour ambition de la dépasser pour atteindre un zen salvateur (le meilleur exemple de ça étant la production mur de son, rappelant à la fois les violents courants d'une mer agitée et l'émerveillement d'un tel spectacle sous-marin). Devin nous parle de vie et de mort, revient aux certitudes les plus fondamentales de l'émotion (les refrains pop ultra accrocheurs) pour ensuite explorer tout ce qui en découle (les nombreuses expérimentations sonores et structurelles). Un rythme imparable sur plus d'une heure de musique pour nous rappeler que si les émotions sont mécaniques, elles sont tout ce que l'on a. Autant en profiter.