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Car ce qui marque très fortement (la rétine, entre autres), ce sont ces sabbats de sorcières, ces mixtures concoctées à partir de crapauds, de doigts de voleurs ou de corps de nouveau-nés, ces foules entières converties au satanisme en embrassant la croupe du diable, ces envoûtements donnant lieu à des scènes incroyablement érotiques, ces reconstitutions de moments de torture d’une grande diversité. Toute l’artillerie technique disponibles à l’époque est mobilisée, avec des surimpressions, des séquences en stop motion, des maquillages variés, des gros plans sur les visages burinés de vieilles femmes, pour alimenter une atmosphère horrifique (en prenant le parti des sorcières de toutes les époques) à la lisière du surréalisme, sous l’impulsion sans cesse renouvelée de la perspective documentaire. Ces éclats de violence, d’angoisse et de nudité, avec la lubricité des bacchanales et l’effroi des arrière-cuisines où sont préparés divers onguents, feront clairement date.

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Un peu plus tard, à la faveur d'un vrai cauchemar, le curseur sera encore poussé plus loin dans la folie avec les juges aux couleurs inversées (maquillés en noir et en robes blanches), sautant par dessus leurs bureaux dans une séquence totalement surréaliste et filmée au ralenti.

Et le film de se terminer sur la sortie de prison de Crainquebille, moment éminemment éprouvant pour lui qui avait trouvé un grand confort enfermé, au chaud, avec de quoi manger, boire, et un lit pour dormir. Feyder se focalise sur un rejet généralisé, toute la population lui reprochant son séjour en prison, et le condamnant presque de facto à l'alcoolisme et à la misère. C'est un jeune enfant, "la souris", qui le sauvera de cet état en lui manifestant le seul geste d'affection de cette dernière partie, à la faveur d'une magnifique séquence.

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… Avant que l'histoire ne plonge plus avant dans l'expression d'une monstruosité accablante, on notera tout de même cette pointe d'humour : le protagoniste s'échappant de la tour incendiée en sautant le premier, délaissant la femme qu'il courtisait dans la chambre en feu, sous prétexte qu'il voulait tester le filet de sécurité tendu par les secours en bas. Suite à quoi l'incendiaire se suicidera en se jetant à la mer et le comte, victime d'une humiliation publique, ira tenter sa chance (comprendre violer) du côté d'une simple d'esprit, en l'occurrence la fille d'un faux monnayeur qu'il connaissait. Volonté de la part de von Stroheim ou simple difficulté au cours d'un montage réputé pour son caractère épineux (sans doute à l'origine du rythme parfois bancal), on retrouvera son personnage traîné et jeté dans les égouts sans qu'on ne comprenne vraiment ce qui a conduit à cette situation quelque peu obscure.

La conclusion de cette fable hautement cynique se montre très cruelle quant à la représentation de la lutte des classes qu'elle renvoie, en trouvant pour point de chute de cet ancien habitué des palaces guindés une fange abjecte. Que de monstruosités pour dénoncer le pouvoir de l'argent ! Monte-Carlo ressemble à un enfer sur Terre, gangrénée par d'innombrables ignominies, loin du décor de bord de mer de carte postale. Le ton de ce film, empreint d'une ironie féroce et empêchant tout processus d'identification ou d'empathie, apparaît ainsi en opposition totale avec la norme cinématographique de son époque.