AUX ARMES! Le peuple a faim. AUX ARMES! Le peuple est usé. AUX ARMES! Mais le peuple n'a plus peur...
14 juillet 1789, la Bastille vacille et la France bascule.
La suite, tout le monde la connait: Lafayette, Louis XVI, Varennes, Danton, Robespierre, les têtes qui roulent, roulent...
La nouveauté, avec 14 juillet, c'est que son seul protagoniste est le Peuple.
Ainsi Vuillard nous plonge de manière magistrale dans cette foule bigarrée, crasseuse, chancelante mais déterminée.
Il n'y a pas de linéarité dans le récit, parce que rien ne l'a été ce jour-là.
On est emporté dans une vague, comme l'ont été les parisiens: quelques personnes courent à la Bastille, d'autres les suivent curieux, puis d'autres, qui ont envie d'en découdre... et le Peuple devient foule, et la foule déferlante.
Au milieu de cette foule on rencontre quelques personnages, puis on les perd de vue, on les retrouve parfois, souvent on ne les revoit pas. On entend des noms, on en retient certains. Certains vivront, d'autres non.
Tous étaient là, tous ont fait l'Histoire.
L'écriture est abrupte, chaotique: des adverbes, beaucoup, une ponctuation sèche, des mots empilés... Et c'est précisément ce désordre qui fait la force, la puissance évocatrice du récit, parce qu'il ne laisse aucun répit au lecteur qui avance, comme perdu dans la foule, avec des bribes d'informations, des rencontres furtives, pour se trouver au pied de la Bastille sans savoir comment, sans presque savoir pourquoi.
On regrettera un peu les envolées moralisatrices de l'auteur qui nous extirpent à contrecœur hors de cette foule pour nous placer au dessus, brisant ainsi le rythme du récit, et ce ce qui en fait toute l'âme et la magie.
14 juillet est une lecture parfois exigeante, chaque effort est pleinement récompensé.