Très beau plaisir de lecture, ce 1793 de Niklas Natt och Dag. Comme vous l’aurez probablement compris, l’intrigue se déroule sur une année : 1793, et principalement dans le Stockholm contemporain de la révolution française. En même temps qu’une enquête policière, l’auteur nous fait découvrir la vie, les mœurs et la tumultueuse situation politique de l’époque ; en effet, au cours de cette même année, en France, le roi et la reine de France sont arrêtés, jugés, condamnés, et exécutés. Louis XVI est tué le 21 janvier, et Marie-Antoinette d’Autriche subira le même sort le 16 octobre. Comme le rappelle fort justement Natt och Dag, lors de cette annus horribilis, des milliers d’hommes, de femmes, et d’enfants perdirent la vie pour que naisse la république. C’est dire si toutes les royautés d’Europe de l’époque devaient être épouvantées par les échos de la Terreur qui leur parvenaient.
Le point de départ de l’intrigue de 1793 est la découverte, faite par un vétéran de guerre alcoolique, d’un corps affreusement mutilé dans le lac Fatburen, quartier de Södermalm à Stockholm.
Quatre destins vont se croiser lors de cette enquête ; celui de Cecil de Wing, un homme de loi phtisique (tuberculeux), à qui échoit la mission de découvrir l’auteur de cet odieux assassinat ; celui du vétéran Jean Michael Cardell, qui va seconder Cecil de Wing ; celui de l’insouciant et naïf Kristofer Blix ; et celui de la malchanceuse Anna Stina Knapp.
Des quatre, il m’est impossible de dire lequel est mon préféré. Ces personnages sont magnifiques, plus réels que réels.
Ces destins biens distincts, terribles et tragiques, sont autant de prétextes pour Niklas Natt och Dag d’évoquer (sans en avoir l’air) de multiples sujets au fil de sa prose : les mœurs, les lois, la politique, les conditions de travail, la condition féminine, les conditions sanitaires, bref, tout ce qui contribue à faire fonctionner une société. 1793 est une lecture passionnante à tous points de vue : intrigue, prose, personnages complexes et finement développés, ambiance. Cela faisait un petit moment que je n’avais rien lu d’aussi intéressant, d’aussi prenant.
Enfin, pour rassurer les amateurs, oui : il y a une tonne de noms propres parfaitement imprononçables et presque impossibles à retenir ????
Il fait froid et, même si le cœur de Cardell bat comme un marteau de forge et que son corps imbibé d’alcool sue abondamment pour se rafraîchir, il doit serrer son manteau autour de sa ceinture pour se protéger du vent de la baie. Il prend Västerlånggatan en direction de Riddarhustorget et tourne à droite pour remonter Slottsbacken. ????
J’avoue : j’ai zappé sans vergogne tous les noms propres de plus de deux syllabes^^
©Marguerite Rothe