La vérité sous forme de mensonge, le mensonge sous la forme de la vérité, voilà ce que j’ai écrit.
Ça faisait longtemps que j’entendais parler de la quadrilogie Le quatuor du Yorkshire de David Peace. Un ami m’a dit « c’est très dur et ça te fais te poser des questions ». Après quelques années de lectures de polars, il était évident que je devais découvrir cet auteur. J’ai tenu entre mes mains un polar époustouflant, ultra violent, dur, impitoyable, avec un personnage central unique, narrateur de cette histoire, et qui nous fait plonger parmi les autres protagonistes.
Pourquoi ce polar est différent ? parce que tous ses aspects sont tous aussi travaillés et efficaces les uns que les autres et surtout parce que cette histoire est intemporelle.
Parlons du décor. Nous sommes en décembre 1974. Le climat politique britannique est très sombre. L’IRA terrorise l’Angleterre, les prix flambent, la misère s’installe définitivement parmi la population des mineurs. Il fait froid, humide, sombre. Le roman se termine le 24 décembre 1974, je l’ai terminé exactement 44 ans plus tard alors que les prix flambent, que le peuple tente de se soulever contre une misère grandissante parmi les moins riches.
Parlons de la trame de l’histoire. Une petite fille de 10 ans est enlevée, torturée, violée et assassinée. Un journaliste, Edward Dunford, remonte la piste de deux autres fillettes assassinées dans la même région. Petit à petit, les médias effacent ces petites victimes au profit du sport et des articles économiques. Edward, lui, ne renoncera à aucun prix.
Dans quel monde nous vivons.
On massacrait des enfants et tout le monde s’en foutait.
Mais, par-dessus tout ça, Peace dénonce aussi la vénalité, la corruption, la cupidité et, dans une scène fantastique, l’extorsion d’aveux lors d’un interrogatoire totalement illégal par des policiers. Alors, oui, tout cela reste de la fiction officiellement, mais cela nous amène à nous interroger sur les présumés coupables qu’on nous sert à longueur d’année dans les médias, quand on voit les agissements de certains représentants des forces de l’ordre et, parfois, leurs mises en examen.
Pour la première fois, mes prières ne furent pas pour moi, mais pour tous les autres, et je priais pour que toutes les choses qui étaient dans tous mes carnets, sur toutes ces bandes, dans toutes les enveloppes et les sacs qui se trouvaient dans ma chambre, pour que rien de tout ça ne soit vrai, pour que les morts soient vivants et les disparus retrouvés, et pour que toutes ces vies puissent être revécues.
En lisant Peace, nous perdons peut-être nos dernières illusions.
Ce qui est certain c’est qu’après l’avoir lu, on se dira qu’on n’avait jamais vraiment lu de polar et que tous les autres perdent de leur saveur.
Je ne lirai pas les trois autres en suivant, voulant savourer cette plume précise, brutale aussi, sans fards, je l’étalerai sur l’an prochain, me refaisant un petit shoot de Peace de temps en temps, histoire de me rappeler pourquoi le Noir est ma couleur littéraire de prédilection.
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