C'est une impression de malaise qui domine.
J'ai fini de relire 1984 hier et si je me sens "obligée" d'en reconnaitre d'indéniables qualités pour imaginer et décrire ce totalitarisme si poussé (surveillance de masse certes, réécriture de l'histoire bien sûr, mais aussi suppression de tout affect et éradication de tout esprit critique, de toute pratique artistique et de toute connaissance de base, par exemple concernant les lois de la physique) je reste toujours mitigée quant au choix du personnage principal qui se laisse vraiment promener, qui manque de personnalité, bref qui est vraiment juste un prétexte à décrire ce monde impitoyable et infini contrôlé par le Parti. Du coup, narrativement, je trouve l'écriture un peu grossière, manquant de subtilité, avec ses trois parties bien installées : naissance (découverte en soi du potentiel de la révolte, éveil de la conscience), adolescence (rébellion, amour) et âge adulte (responsabilités, souffrance) comme d'immenses panneaux de signalisation. Il y a beaucoup d'éléments intéressants à en retirer et à étudier mais le rythme n'est pas vraiment là, ni l'empathie. Bref, ça manque d'incarnation. Vous me direz, c'est normal, le personnage est écrasé par le système. Oui c'est vrai, mais il a quand même grandi dans la période de transition et s'il y a des personnes qui peuvent encore faire quelque chose, c'est bien eux, et ils méritent d'avoir une carrure plus importante que ça. De mon point de vue.
Bref en tout cas, ça fait plaisir de relire. On parle un peu de 1984 à tout va mais c'est pas mal de se rafraichir la mémoire pour savoir vraiment ce que le livre contient, et de ne pas le limiter à la surveillance de masse, parce que ça va beaucoup plus loin que ça.