1984
8.3
1984

livre de George Orwell (1949)

Un chef d'oeuvre de génie !

Alors, comment dire ? Jamais un livre ne m'aura atteinte comme celui-la. M'atteindre au point de remettre en question ma vie quotidienne et comment je comptais la mener jusque là. Il a réussi à m'arrêter en plein jeu pour me demander de revoir mes cartes et ma stratégie. On en sort pas indemne de cette lecture, surtout si l'on est comme moi. C'est à dire du genre à croire ce qu'on lit. Je suis comme Winston et ceci est le livre.

Tout en lisant, j'ai eu beaucoup de mal à croire que ce livre a été écrit entre 1944 et 1949, jamais vu un auteur aussi visionnaire, un véritable génie ! Si ce livre a été de la fiction à cette époque, aujourd'hui il ne l'est plus qu'à 20% parce que les 80% sont totalement réels et reflètent notre monde actuel aujourd'hui.

Ce livre parle d'un monde dirigé par trois grands états à puissance égale, l'Eurasie, l'Estasie et l'Océanie. Trois grands états qui ont décidé de mener une guerre perpétuelle, une guerre où aucun d'eux ne sera jamais ni gagnant ni perdant, parce que la fin de la guerre ne rendrait service à aucun d'eux, et ça me fait penser à la guerre en Palestine, au Sahara marocain et bien d'autres... Le monde est arrivé à un stade où il est capable de produire assez pour les habitants de la planète entière, de sorte à ce que la pauvreté n'existe plus, l'ignorance non plus, ni l'illettrisme... etc. mais le confort est synonyme de temps libre pour réfléchir et l'éveil de l'intelligence, et ceci ne les intéresse pas si ça doit s'étaler à l'échelle mondiale. Si tout le monde s'éveille, ils disparaîtraient.

Orwell décrit un monde dirigé par une minorité. Une minorité dirige, une minorité offre un certain mode de vie privilégié à une petite catégorie, une petite catégorie qui n'en est pas moins abrutie. Une petite catégorie qui vit dans le confort pour servir la partie dirigeante. Une petite catégorie qui, puisqu'elle est la plus proche des dirigeants et doit les servir, est celle qui ne doit jamais se rebeller contre eux. Alors on lui fait un lavage de cerveau, on lui fait croire que le vrai c'est le faux, et le faux c'est le vrai. La double pensée devient la norme, le passé et l'Histoire deviennent ce que cette minorité veut qu'ils soient, après tout qui raconte le passé à part eux ? On ne distingue plus rien. Tout va bien. La schizophrénie devient l'état normal des choses.

Par contre les prolétaires, on s'en fou ! Ils sont assez préoccupés par leur quotidien fait de misère et la lutte quotidienne pour la survie. Ils ne se rebelleront jamais. Ils ont beau être beaucoup plus nombreux, ça n'arrivera jamais.

Orwell a imaginé des télécrans dans chaque maison, un écran qui permet aux dirigeants de voir et entendre tout ce qui se passe chez vous 24h/24, et ça m'a fait penser à Internet et aux réseaux sociaux.

Il a imaginé un monde où les enfants sont fascinés par l'espionnage, les guerres et les pendaisons, et ça m'a fait penser à tous ces jeux vidéos de guerre qui fascinent les enfants aujourd'hui et j'en passe...

Il a imaginé un monde où les alliés deviennent ennemis du jour au lendemain et on ne s'en étonne même pas, comme si ça a toujours été le cas. Hier votre Etat était l'ami d'un autre état et demain il vous annonce qu'ils sont en guerre et le surlendemain ils redeviennent alliés et ça ne surprend personne. Le passé est supprimé des mémoires sous un flux incroyable d'informations de toutes parts (les médias) et seul le présent devient vérité absolue. Et ça me rappelle tous ces chefs d'Etats arabes qui étaient amis des Etats-Unis et autres pays et sont devenus leurs ennemis du jour au lendemain, Saddam Hussein, Housni Mubarak, Zine Abidine Ben Ali, Kaddafi... Des personnalités qui étaient accueillies à bras ouverts, à qui l'on serrait la main et qu'on assassine dans un trou le lendemain parce que c'est un ennemi. Oui, il a toujours été notre ennemi. Comment ça non ? 2 + 2 = 5 puisque je vous le dis. Il faut avaler la pilule sans discuter. Éteindre son cerveau et se soumettre au pouvoir.

Il a aussi imaginé un monde où ces mêmes dirigeants nous font croire que la qualité de vie va en s'améliorant avec les années, en nous gavant de chiffres qu'on ne peut contrôler après tout. Il est même allé plus loin et a imaginé un comité spécialisé dans la réécriture du passé en fonction du présent. L'Histoire ne survit après tout qu'à travers les documents et les mémoires des Hommes, ils s'occupaient des deux. Et ceci m'a fait penser aux différentes versions de la bible.

A la fin du livre, et après un début de réflexion, je me suis dit qu'en fait on a le choix : accepter le mensonge et vivre en nous convaincant qu'il n'en est pas un, ou résister, ne pas renoncer à la vérité et vivre en luttant toute sa vie, en étant préparé au pire, parce qu'on a toujours mené la vie dure aux défenseurs de la vérité et parce qu'ils ne se lasseront pas de nous brouiller les pistes jusqu'à s'assurer que nous sommes totalement perdus.


Un livre qui donne froid dans le dos, du fait d'être trop réel. Je l'ai vécu comme une torture et une grande frustration. Il faut être fort pour pouvoir entendre la vérité et tout le monde ne choisit pas d'être aussi fort.



"L'Homme n'est pas beau à voir" aurait tout aussi bien pu être le titre de ce livre.


"Ce que je veux dire, c'est que nous sommes en guerre" dit-il et je sais très bien ce que tu veux dire George, je l'ai moi-même écrit tellement de fois.

Tout ce que je peux dire devant une aussi grande œuvre : je m'incline !
Hajar
10
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Créée

le 17 mars 2012

Critique lue 319 fois

Hajar

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