1984 est un livre qui est un jalon important de la littérature, un classique à la fois actuel et possiblement prémonitoire, et un manuel de survie pour la liberté de penser, mais… ce n'est pas vraiment agréable à lire, c'est la mise en garde préalable.
Il faut se taper des pages et des pages qui nous font entrevoir un univers totalitaire, répressif et déshumanisé, arrière-plan du quotidien d'un bureaucrate anticonformiste du ministère de la Vérité(en réalité ministère du Mensonge et de la Censure) et de son entourage conformiste. La contagion du sujet traité rend le livre lui-même à la longue répétitif et ennuyeux.
Motivé au départ, j'ai fini par lâcher l'affaire au bout d'une centaine de pages, découragé par la lenteur de la narration, par le manque d'action et par les trop nombreuses lignes consacrées à la description approfondie du monde dystopique orwellien, vu sous les angles de sa géopolitique, de ses guerres perpétuelles et de ses ministères tout puissants où l'on réécrit sans cesse l'histoire.
Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé.
Ce sont pourtant les vérités cachées au fond des tunnels descriptifs, les fulgurances à attraper au vol, d'autant plus flippantes qu'elles nous rappellent notre monde, qui méritent toute l'attention. Pensée unique, crimes d'opinion ou de pensée, censure des opposants, obéissance aveugle de la majorité, histoire réécrite, novlangue des élites dirigeantes, concept de guerre perpétuelle, fabrique de boucs émissaires, et pour la partie technique la généralisation de la vidéosurveillance et de la reconnaissance faciale, les évolutions rapides de l'IA, on n'est plus dans la paranoïa de quelques lanceurs d'alerte mais c'est l'avenir lui-même qui s'annonce inquiétant. Avec en guise de piqûre de rappel pour ceux qui l'avaient oublié le confinement et les papiers à signer pour sortir de chez soi (la Liberté, c'est l'enfermement, disait la Pensée unique).
J'ai donc pris l'occasion de l'année 2024 pour célébrer en cette année ma commémoration personnelle de 1984 et me faire mon propre modérateur de ma tendance au Tout va bien.
Ce sera pour une petite relecture de 1984 à l'occasion des dernières avancées du wokisme, qui ajoute ses propres slogans « Vous endormir, c'est rester éveillé » ou encore «La pensée unique, c'est le pluralisme » aux trois slogans totalitaires du bouquin :
la guerre c'est la paix
la liberté c'est l'esclavage
l'ignorance c'est la force
En espérant que Big Brother ne fasse pas un jour modifier cette critique, comme toutes celles sur des sujets brûlants, en prétextant que ce qui était vrai hier est devenu faux aujourd'hui.