Il ne faut pas s'y tromper. Si le roman de Boualem Sansal nous plonge dans un univers qu'il connaît, lui qui a souffert de l'islamisme qui sévissait dans son pays, la critique de la religion (salutaire cela dit) n'est qu'un prétexte. Il montre ici surtout la réalité du totalitarisme. Non, ces dictatures ne refondent pas l'être humain ni la civilisation. Ils ne font que contrôler la masse tandis que l'élite continue de vivre dans une oisiveté et une aisance somme toute banale, loin d'être baignée dans la culture qu'ils sont censés incarner. Il n'y a aucun manichéisme dans l'oeuvre, que dis-je, le chef d'oeuvre de Boualem Sansal. Toutes les relations humaines, philosophiques, historiques et économiques sont détaillées de manière clinique et passionnantes. Le style est certes ardu, mais il se marie à un monde complexe et profond.