En 10 lignes, max! (Par Frconstant)
Dans ce tome 1 d’une trilogie classée ‘thriller’, l’intrigue est simple et complexe. L’analyse de marché désigne le monde carcéral comme l’Eldorado pour la Mafia polonaise qui a le monopole de la Drogue. Il faut donc infiltrer le premier pour combattre la seconde. Parmi une panoplie de personnages, tous plus véreux les uns que les autres, Piet Hoffman a un lourd passé mais est un père et mari amoureux fou. Il devra, pour survivre, anticiper les attaques et coups bas qui lui tomberont dessus autant que les trahisons des gradés et ronds-de-cuir de tous poils qui n’ont, pour moralité, que celle qui les maintient en position de pouvoir! En équilibre entre réalisme et invraisemblances, un contre la montre glauque qui soulève bien des questions sur l’espèce humaine! Mais, entrez donc, humez « les fleurs et la poésie » qui se dégagent des ramifications d’un monde pourri.
Ma critique:
Avant tout, un grand merci à NetGalley, France et aux éditions Fayard/Mazarine pour leur confiance renouvelée.
Ce roman a beaucoup pour plaire malgré quelques ficelles du genre qui peuvent énerver. Quoi qu’il en soit, le personnage de Piet Hoffman est ingénieux. Il réjouira tous les amateurs de solutions ‘gadget’ et sophistiquées pour berner ses contradicteurs. Le vieux flic bourré de rancoeur et de colère, Ewert Grens, se montre aussi obstiné que peut l’être celui qui se sent floué par ses propres collègues, son milieu, sa famille. Il attirera donc sur lui la sympathie ou le rejet pour son côté atypique que l’on sent forcé et peu naturel. Mais assurément, ce poil à gratter chez les enquêteurs ne laissera personne indifférent. Quant à tous les tordus qui cherchent à tirer les ficelles et la couverture à eux, ils ne manqueront pas de développer chez le lecteur une saine envie de leur casser la gueule… envie, somme toute assez facile à ressentir tant qu’elle reste livresque et n’engage en rien le lecteur sur une voie de fait responsable.
Mais il faut le reconnaître, cette composition à quatre mains de Anders Roslund et Börge Hellström tape fort et juste sur le clavier. Ces auteurs, pêcheurs de lecteurs suspendus au fil de leur histoire, savent comment jeter du leurre, appâter, ferrer le poisson, relâcher le menu fretin des intrigues périphériques et, à nouveau, remplir leur nasse de vérités, de profondes noirceurs et de questions dérangeantes quant à ce dont l’homme est capable pour se hisser au pouvoir, même au détriment des autres, ou se fondre dans la masse pour disparaître, mais, à chaque fois, en perdant tout droit de se regarder en face dans un miroir avec une once de considération personnelle.
Ce n’est sans doute pas par hasard que ces auteurs ont été plébiscités par la Presse et que la trilogie 3 SECONDES, 3 MINUTES, 3 HEURES a été récompensée par le CWA International Dagger, le Prix du Polar Scandinave et le Prix des Auteurs de Polar Suédois… Une bonne indication pour, selon vos goûts et habitudes, décider d’ouvrir – ou non – ce tome 1. Pour ma part, malgré les quelques grosses ficelles et les invraisemblances de scénario, je placerai le tome 2 sur ma pîle à lire. Histoire de vérifier si les auteurs ont pratiqué les huilages que réclamaient cette mécanique thriller grippée quelques fois dans ce premier tome.