Galerie de portraits reussie

Dans l'imaginaire collectif (en tous cas dans le mine), Alphonse Daudet est un auteur pour collégiens, que l'on lit de bonne grâce car il nous narre une Provence imagée et fleurie ou se meuvent de truculents personnages nous semblant pour le moins anachroniques voire fantasmes.

En réalité, Alphonse Daudet était bien un provençal pur jus, de ceux qu'ils décrit a travers ses livres les plus connus (lettres de mon moulin, tartarin etc...) nous narrant sa Provence bien réelle, bien vécue.

Le "making of" de ses livres majeurs est d'ailleurs consigne dans quelques chapitres au cœur du livre, dans lesquelles il nous apprends quelles étaient a la fois ses inspirations, ses états physiques et moraux, les endroits ou il a trouve telle ou telle trame et - surtout - les modèles qui façonnaient ses personnages (il insiste régulièrement sur le fait que tout ce qu'il écrit ou presque il le tire de ses expériences de vie ou de choses vues et entendues).

Bien que ces pages (150 environ) m'ait intéressées contrairement a ce que je pensais, l egras, l’onctueux; le savoureux de ce livre se trouve dans le reste, a savoir la galerie de portraits bien chapitrée, souvent chronologique qui nous immense dans ce qu’était le Paris du milieu du XIXe.

Et la, première surprise pour moi, Daudet - jeune provincial arrive a Paris sans le sou - fut bien a cette époque bien mieux considéré il me semble qu'il ne l'ait aujourd'hui. Pour exemple, le salon littéraire qu'il fréquente a son apogée est compose de Flaubert, Zola, Goncourt aine et Tourgueniev!

Ensuite, en étant pendant quelques années au cabinet du duc de Morny, il est au cœur de la politique politicienne de l’époque même si il n'en parle finalement qu'un peu, cela épaissit le personnage.

Il rencontre Gambetta dans ses jeunes années puis le retrouve après la commune, il est envoyé (très brièvement) en éclaireur avec une petite troupe pour parer l’avancée des troupes allemandes, il vit la siège puis la commune - semble t il sans souffrance particulière - une vie riche en événements et en rencontres donc.

Les deux derniers chapitres dédiés a son ami Edmond de Goncourt sont également touchants par l’amitié et l'admiration qui semblait lier les deux écrivains.

Enfin, le style - beaucoup plus fin, drôle et poétique que je ne l'aurai pense. Je voyais en Daudet un petit gaillard provençal grassouillet a l'esprit troupier, pas du tout! Analyste dans les moindres détails, fin analyste politique par endroit, il se montre ici sous un jour bien différent. On ne "passe" pas 40 ans dans le Paris de cette époque (écrivain, au cabinet du duc, chroniqueur dans les journaux etc..) avec tous ses soubresauts sans un sens aigu "du" politique;

NB -et c'est une richesse fabuleuse de ce type de livre - la recherche de photos d’époques et de notice wikipedia en même temps que l'on lit cette galerie de portraits est fantastique - les figures et les personnages sont ré-animes devant nos yeux au fur et a mesure qu'on les découvre.

"Rochefort s'ignorait; ce fut un hasard, un accident, comme presque toujours, qui vint le révéler a lui-même."