Du lourd
Seize pages de notes et citations, j'en déduis donc que ce livre m'a marqué. Mon unique expérience de Schopenhauer jusque la remontait a plusieurs années et a son "art d'avoir toujours raison" qui...
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le 26 févr. 2020
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Seize pages de notes et citations, j'en déduis donc que ce livre m'a marqué.
Mon unique expérience de Schopenhauer jusque la remontait a plusieurs années et a son "art d'avoir toujours raison" qui m'avait laisse froid - l'impression d'un cynisme, presque d'un machiavélisme mesquin ayant pour but de marquer une petite supériorité - toute artificielle - sur son interlocuteur. Un esprit de capo détestable, me semblait-il...
La gueule de l'auteur (en gros sur la couverture) ressemblant a un prof de physique chimie prussien ne m'inspirait pas non plus a écrire des poèmes... Délit de sale gueule? Affirmatif!
Qui qu'il en soit, n'ayant pas les bagages philosophiques et encore moins les outils dialectiques, je me limiterai ici a faire une critique succincte mais la plus proche possible de mon ressenti de ce livre qui m'a laisse forte impression.
Ou plutôt devrais-je dire sa second moitie car je dois dire que la première, consacrée a désosser consciencieusement la carcasse fumante de la pensée du pauvre Kant, si elle est intéressante en elle-même -elle pourrait facilement être amputée de moitie tant elle n'est que répétitions, redites, ressassements etc...Trop pleine de citations aussi (de Kant et d'autres) certaines extrêmement enrichissantes par ailleurs.
Il faut aussi s'accrocher par endroits tant abondent les formules et concepts philosophico-metaphysiques - ayez un dico a portee de main!
Je résume ici en une phrase cette première partie : "Chez Kant (...), le principe de la morale est indépendant de l’expérience et de ses leçons, il est transcendantal et métaphysique."
Dit autrement, la morale nous "tombe" dessus sans autre forme de jugement, quasi par nécessite - et surtout - au fi de nos expériences de vie.
Hors, tout s’éclaire et se decomplexifie en 2eme partie du livre dans laquelle Arthur S. s'acharne (c'est le mot tant il lui paraîtra lui même ardu de faire coller au papier et de développer son argumentaire) a démontrer tout le contraire. A savoir que :
Au cœur de sa pensée, sa formule ultime résumant le fondement de la morale est la suivante:
"Neminem laede, imo omnes, quantum potes, juva" - Ne lèse personne, aide plutôt chacun selon ton pouvoir"
Puissante formule qui va bien au delà de l'habituel (et biblique) "Ne fais pas a autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse".
Durant tout cette deuxième partie, Arthur S. démontre page après page et avec un réel brio, comment l’égoïsme est le ressort ultime de chaque action humaine (les deux autres étant la méchanceté et la pitié).
En passant par des thématiques plus globales et des opinions bien tranchées (valeur de la femme, critique du judaïsme) qui le placeraient a l’extrême droite sur échiquier politique du 21 eme siècle et d'autres inattendues (il développe un long argumentaire sur le pourquoi il faut traiter les animaux comme l'on traite nos semblables humains sur un ton qui le ferait passer pour un antispeciste en 2020!)
Finalement, la thèse principale développée dans cette deuxième partie est comment, empiriquement, l'homme parvient a dépasser occasionnellement cet égoïsme enracine lui en éprouvant de l'empathie pour un autre être humain (et donc faire acte de charité en l'aidant).
Il soutient l’idée que ce que voit l'homme en son prochain n'est autre que son propre reflet - ou son négatif - et que tout compte fait l'homme devient un être doué de morale lorsqu'il a compris que tout est dans tout, ce qui signifie que nous faisons tous partie (que nous formons) un univers (hommes et animaux) se rapprochant ainsi d'un certain animisme hindouiste (religion dont il fait d'ailleurs un éloge marque et remarquable et dont il se sert pour faire une critique féroce du mode de pensée colonialiste anglo-saxon (très bas du front) au travers de l'exemple du sacrifice rituel d’agneaux.
Voici donc la réponse apportée a la thématique du livre résumée en une formule mathématique :
Justice + Charité (pitié) = MORALE
En conclusion, Schopenhauer transparaît dans ce livre comme un penseur brillant et certainement sous estimé car a la fois original, (brutalement) sincère, critique pointu, styliste par endroit, et non conformiste a beaucoup d'autres.
Un livre que je relirai sans doute rapidement tant il est riche d’idées et vecteur de réflexions profondes et intimes sur soi et sur le monde dans sa globalité.
"La pitié, voila le vrai contre-pouvoir a la colère"
Créée
le 26 févr. 2020
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