A déguster avec un Fish&Chips...
A la manière de Brian Clough, le principal protagoniste du livre je dirai que c'est : " un putain de bouquin qui cause de la chienne de vie d'un sacré bon entraîneur !! "
Parenthèse refermée je vais parler plus sérieusement d'un livre que j'ai relu il y a de ça quelques mois car les excellents ouvrages sur le foot il y en a pas des dizaines, et celui-là fait parti des meilleurs sans grande hésitation...
Tout d'abord l'auteur David Peace a choisi un mode narratif plutôt insolite mais on ne peut plus réussi : mélanger 2 périodes de la vie de Clough de manière alternative, à savoir son ascension fulgurante à la tête de Derby Couty, équipe insignifiante avant son arrivée mais surtout la période qui justifie le titre du livre, ses 44 jours en tant que Manager de Leeds United : club du Yorkshire qui domine outrageusement le championnat d'Angleterre mais qui suscite bien des controverses au sein des autres clubs qui lui reprochent un jeu trop violent et des coups de vices fréquents sur et en dehors du terrain...
Il faut tout d'abord se resituer dans le contexte footballistique de l'époque, nous sommes dans les années 60-70 et le foot' Anglais n'a rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd'hui, on dit de l'actuelle " Premier League " que c'est un championnat dur physiquement, intense mais c'est absolument rien en comparaison des 70's, une époque que la plupart des nostalgiques du ballon rond regrette aujourd'hui, celle où les plus grandes stars se nomment Georgie Best, Keegan où Bremmer et représentent bien plus que des footballeurs pour les fans de foot et tout particulièrement la " working class " anglaise qui fait du foot une religion à part entière.
Ce sont des idoles presque relevées au rang de gladiateurs contemporains qui apportent un peu de joie et d'entrain dans une société où les inégalités se creusent de plus en plus...
Nous suivons donc le parcours et l'accession à la gloire d'un certain Brian Howard Clough : entraîneur fort en gueule et accessoirement ancien attaquant génial qui ose aussi bien jeter des suspicions de corruption sur les institutions sportives que s'indigner sur le style de jeu de l'équipe coaché par son rival de toujours : Don Revie. Sa rancoeur envers lui remonte à l'époque d'un match de coupe d'Angleterre entre le Derby de Clough et le Leeds de Revie qui l'avait ignoré avant la rencontre de manière un tantinet hautaine.
L'histoire passionnante de Clough commence donc dans un petit club qui végète au fin fond de la Championship (2ème division anglaise). L'équipe de Derby County, présidée par un industriel local sans réelle ambition jusqu'au jour où Brian Clough débarque et réveille les espoirs de tous, aidé de son fidèle adjoint et ami Peter Taylor ( ancien joueur également) qui lui apporte le soutien nécessaire et surtout le conseille en matière de joueurs à recruter. Un domaine dans lequel Clough n'est pas fin spécialiste et suit donc presque aveuglement les propositions de Taylor souvent très pertinentes.
Il fait notamment venir Dave McKay, joueur dont la carrière est derrière lui et " fini " selon la plupart des observateurs contrairement à Peter Taylor qui voit en lui la personne parfaite pour encadrer et devenir le leader d'un groupe encore jeune.
Le pari fonctionne et l'équipe de Derby grappille au fur et à mesure des places et accèdent au rêve ultime de Clough : la premier division et l'occasion de défier son meilleur ennemi Don Revie qui caracole en tête du classement.
S'en suit une lutte sans merci entre les 2 clubs et des passes verbales d'anthologies entre Revie et Clough entraînant bon nombre de polémiques sur la façon de jouer de Leeds et leurs supposées tricheries qui mènera à un désaccord entre le président de Derby et son coach porte bonheur.
Clough dira notamment : " je conseille aux joueurs de Leeds de jeter toutes leurs médailles et leurs trophées, car rien n'a été gagné honnêtement. "
Suite à une divergence d'opinion entre les 2 hommes, " Cloughie " démissionne entraînant de nombreuses manifestations de supporters mécontents dans toute la ville mais en vain, l'aventure se termine au grand damne de Taylor lui aussi remplacé. Le successeur n'est pas inconnu puisque c'est un certain Dave McKay qui reprendra l'équipe...
David Peace nous emmène de fort belle manière dans la tête de Clough et surtout nous fait découvrir l'immense orgueil du type (une sorte de Mourinho de l'époque...). C'est simple, il ne dit pas qu'il est le meilleur entraîneur mais il ne voit personne au dessus de lui... L'humilité by Brian Clough.
A noter également le style très fidèle de l'écrivain concernant le langage du personnage en lui-même, le lecteur a vraiment un sentiment d'immersion ce qui permet de cerner au plus près la personnalité complexe du principal protagoniste, Peace accentue aussi le trait sur ses relations avec ses joueurs et tout particulièrement avec ceux de Leeds qui dès le départ ne voulait pas de lui comme successeur de leur père spirituel Don Revie parti entraîner l'équipe nationale.
S'en suit une confrontation direct entre les 2 parties, d'un côté les vieux briscards qui ont juré fidélité à Revie et de l'autre Clough qui se démène pour changer les mentalités de ses hommes mais malheureusement pour lui c'était perdu d'avance...
Pendant 44 jours, Cloughie comprend au fil des jours qu'il ne parviendra pas à faire mieux que son illustre prédécesseur, il admet également qu'il ne peut pas tout faire dans un club sans son adjoint à qui il doit une partie de sa fulgurante réussite, très vite, il constate que la tache s'avère quasiment impossible. Effectivement Taylor décida de ne pas suivre son ami à Leeds United ne comprenant pas le choix de carrière pour le moins paradoxal de Bryan. Comment un homme profitant de chaque espace de liberté (presse, TV etc...) pour balancer toutes les vacheries imaginables sur son pire ennemi footballistique pouvait finalement rejoindre ce club qu'il déteste tant... L'interrogation de Peter Taylor est compréhensible, personnellement je pense qu'encore une fois son orgueil a pris le dessus, pensant surement qu'il parviendrait tout de même à faire mieux que tout le monde...
Pourquoi ? Tout simplement parce c'est Brian Howard Clough, le meilleur entraîneur que l'Angleterre ait connue...
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