Il y a d'abord le coup de génie de Maurice Leblanc d'utiliser un chiffre comme titre. Au point que ensuite ce chiffre n'aura plus d'autres signification pour beaucoup de gens. Comment créer comme ça une formule cabalistique, désormais il y a ceux pour qui 813 est une référence (au premier rang François Truffaut qui dans chacun de ses films l'utilise une ou deux fois) et les autres.
Il y a ensuite l'audace d'un auteur Maurice Leblanc qui entraine son personnage dans un autre registre celui d'un personnage qui joue son jeu mais ne le maitrise pas (quel contraste entre le Lupin de 813 et le gentleman cambrioleur du début qui rendait fou, avec ses milles et un tours, le directeur de la prison et le policier Ganimard). Là on a un homme qui croit maitriser le jeu mais se fourvoie et se fait manipuler avant de finir psychologiquement détruit comme si à force de multiplier les identités il s'était perdu lui-même.
"il s'en revint à pied vers Paris, errant, le désespoir au cœur, courbé par le destin.
Et les paysans s'étonnaient de voir ce voyageur qui payait ses repas de trente sous avec des billets de banque.
Trois voleurs de grand chemin l'attaquèrent un soir, en pleine forêt. A coup de bâton, il les laissa quasi mort sur place...
Il passa huit jours dans une auberge. Il ne savait où aller... Que faire ? A quoi se raccrocher? La vie le lassait. Il ne voulait plus vivre... il ne voulait plus vivre..."
Plus loin.
"Il pleurait, secoué de sanglots, bouleversé par un désespoir immense, gonflé d'une tendresse qui se levait en lui, comme ces fleurs tardives qui meurent le jour même où elles éclosent."
Ah qu'on est loin du cliché de l'aventurier flamboyant.