Fondée dans les années 50 par le zoologue Bernard Heuvelmans, la cryptozoologie est une (para)science forcément controversée, dans la mesure où elle s’intéresse comme son nom l’indique aux « animaux cachés », non encore découverts, parmi lesquels certains mythes tenaces : le monstre du Loch Ness, le Bigfoot ou encore le Mokélé-Mbembé, monstre légendaire du fleuve Congo qui serait un dinosaure survivant. Bref : ça a tout l’air d’être un truc d’illuminé.
Éric Buffetaut, paléontologue et chercheur au CNRS, n’est pas du genre à croire aux licornes. Mais, dans A la recherche des animaux mystérieux, il propose un bilan de la cryptozoologie et de ses méthodes, et tout n’est pas à jeter. Si, au fil des courts chapitres du petit livre très accessible qu’est ce recueil « d’idées reçues », Buffetaut démonte avec aisance la plupart des légendes concernant les grands rêves des cryptozoologues amateurs, il note que certaines méthodes peuvent encore être utiles pour découvrir de nouvelles espèces. Car les cryptozoologues qui tentent de donner une allure de sérieux à leur discipline procèdent à des recueils de témoignages locaux, fussent-ils de l’ordre de la légende, pour tenter d’en extraire le vrai et enquêter ensuite sur le terrain, tout en utilisant des méthodes d’anatomie comparée (y compris à partir d’espèces éteintes) pour faire des suppositions sur la morphologie des animaux recherchés.
C’est ce genre de procédés qui permit de découvrir les derniers grands mammifères encore inconnus : l’okapi au début du vingtième siècle, et le saola dans les années 90. Même si les zones blanches sont de plus en plus rares sur le globe et que découvrir le Yéti (ou un autre des très nombreux avatars des mythes de l’homme sauvage) semble donc à peu près impossible, la cryptozoologie peut être un outil dans la panoplie du zoologue.
A la fin, on retiendra que le Loch Ness, formé il y a moins de 10000 ans, ne saurait abriter un plésiosaure, disparu quelques millions d’années avant, et que celui-ci n’y trouverait de toute façon pas de quoi se nourrir. Bye bye, Nessie.