Jardin de la culture romaine antique

Valère Maxime vivait au premier siècle de notre ère. En ce siècle d'or de la culture romaine, il cherche surtout à enraciner la paix, la moralité et les bonnes moeurs, tout en contribuant à fortifier la mémoire nationale des hauts faits attribués à des héros, de grands capitaines ou des femmes de valeur.

Les neuf livres de son ouvrage enchaînent les thèmes les plus variés sans grand esprit d'enchaînement logique. De même, Valère Maxime narre avec bonhomie les faits réels et légendaires, avec une égale indifférence vis-à-vis de leur authenticité. Un historien y trouverait évidemment fort à redire, mais le fourmillement de ces anecdotes (dont certaines ne sont connues que par ce livre précisément) possède un agrément lié à sa variété et à la naïveté de ton, qui enchanta les humanistes de la Renaissance, et qui rendit Valère Maxime irremplaçable dans les références de Montaigne, de Rabelais, d'Erasme...

Le livre s'apparente parfois à un ouvrage d'exercice rhétorique, par son goût pour les antithèses par exemple, mais il est beaucoup plus attrayant que l'ouvrage de Sénèque le Père, pour ne citer que lui.

Ce beau jardin d'anecdotes, celles qui ont une telle vertu pédagogique qu'on la racontait encore aux petits Français qui étudiaient le latin au début du XXe siècle, est un exemple de ce que peut faire la simplicité d'expression pour une culture : en définir la mémoire, fonder une morale collective, susciter l'identification du citoyen à une conscience nationale digne d'être aimée et défendue.

Tout ce que la France d'aujourd'hui rejette en ricanant.

Certes, Valère Maxime n'est ni un grand créateur, ni un bon historien. Mais il nous parle comme à des enfants qu'on éduque, et pourquoi, après tout, n'en serions-nous pas ?