J'ai failli décrocher, genre sérieusement. Non pas pour la qualité du texte mais à cause de l'auteure et du sujet ; une privilégiée qui écrit sur les mexicains qui migrent aux États-Unis au péril de leur vie. Au début, le texte en pâtit, une avalanche de clichés digne d'une production Netflix, pas vraiment littéraire mais qui a de quoi vous accrocher malgré tout.
Suffisamment en tous cas pour continuer ... Et revenir sur mes propos décevants du début de la lecture.
L'auteure, certes de par son prisme tombe dans le côté fictif accrocheur, néglige certainement la voix de quelqu'un ayant vraiment vécu cette expérience de parcours mortel, mais elle crée malgré tout une passerelle entre ces différentes cultures. On sort de ce roman avec une certaine boule au ventre, quelques trémolos dans la gorge (suivant la sensibilité qu'on a hein...), mais c'est écrit avec beaucoup de respect.
Je salue aussi la volonté de casser avec la littérature de cartels ; glorification machiste et avalanche de corps criblés de balles (même si le roman commence sur le massacre de la famille de l'héroïne par un cartel). Ici Jeanine Cummins place la volonté de survivre, la force, dénonce les viols, la traite des femmes, insuffle l'énergie à ses héroïnes les transformant ainsi en véritable modèles de courage et de détermination.
Un mot sur l'histoire quand même ;
Lydia est libraire à Acapulco, ville où règne un des plus grands cartels mexicains. Le jour de l'anniversaire de sa nièce, toute sa famille est décimée pour une histoire de vendetta par ce cartel, parce que le mari de Lydia a publié un papier sur El Jefe. Seuls survivants de ce massacre, Lydia et son fils n'ont plus aucun endroit où aller, la décision est vite prise ; partir illégalement aux États-Unis.
American Dirt, n'est pas un mauvais roman de cette rentrée littéraire. Il est parfois agaçant mais la construction et la psychologie des personnages sont telles, qu'en dehors de savoir comment la situation va finir, l'empathie l'emporte. Elle nous permet de croire au besoin pour la population "étatsuniennes" (et mondiale) de vivre ce que les migrants traversent.
Les mots de l'auteure à la fin expliquant ses maladresses et présentant ses excuses est un gage de qualité, surprenant. En espérant que les auteur.es souhaitant écrire sur des sujets qui les touchent mais qui amoindrissent la visibilité des personnes ayant vraiment vécu ce genre de situations en fassent de même.
À vous d'voir !