Tous proches du poème en prose, les cinquante et quelque chapitres décousus qui constituent "Anvers" peuvent sembler « des phrases sans queue ni tête […], peut-être parce que la réalité me paraît un essaim de phrases sans queue ni tête » (p. 72-73). En gros, même s’ils restent moins confus que, mettons, du Burroughs, on y retrouve ce qui a fait la renommée de Bolaño, et assez logiquement, ils déstabilisent le lecteur, même aguerri. Cela dit, « J’ai écrit ce livre pour les fantômes » (préface, p. 13) : la couleur était annoncée. "Anvers" n’est sans doute pas un futur classique, mais reste à prendre avant tout comme une œuvre annexe d’un auteur appelé à le devenir — tout au moins dans un cercle restreint mais actif de lecteurs, ce qui est peut-être la définition d’un « auteur-culte ».
Désolé pour le titre de la critique.