Dans le silence près de la perle de Russie
♥ Coup de cœur ♥
Depuis ma lecture de Dans les forêts de Sibérie en 2012, je suis complètement fascinée par la Russie, la Sibérie et en particulier ce fameux Lac Baïkal. Venant d’arriver en Bretagne, je fais le tour des librairies et j’ai découvert une librairie atypique sur Morlaix (29) : A la lettre Thé, les libraires sont très sympathiques et l’un d’eux m’a conseillé celui-ci. En deux jours, il est dévoré (je voulais le savourer). J’ai retrouvé tout ce que j’aime : ces paysages, cet âme russe, et découvert Géraldine Dunbar dont j’ai adoré le style !
Les 17 nouvelles se déroulent toutes près du Lac. Des nouvelles avec la folie douce des Russes ("Le tire-bouchon", "Chasse dans la taïga"), des nouvelles empreintes de fantastique avec Baba Yaga ou un "Dialogue de phoques". La nouvelle éponyme m’a moins plu, elle était drôle mais pas aussi splendide que "Romance en fa mineur", "L’ermite et le voyageur", "Vainqueurs et vaincus", mes préférés.
Comment ne pas être subjuguée devant la beauté du paysage ? Un lac, immense, brillant sous son manteau de glace en hiver. Un endroit calme comme le dit Tesson "dans le silence des forêts". Le froid ralentit les gens, ils savourent le bonheur simple : un paysage magique et des bonnes conversations. Un endroit qui semble coupé du monde.
On sent l’âme russe, des hommes rudes mais sensibles, épris de choses simples. Des gens qui ne s’inquiètent jamais, tout est relatif comme l’indique la citation suivante :
- Dima n’a pas pu venir, il est tombé de l’échelle en réparant la toiture de l’isba, dit Igor, en tirant une bouffée.
- C’est grave ?
- Niet, six côtes fracturées, les épaules, les coudes et les chevilles cassées, une sciatique paralysante, une hernie discale et un lumbago… Le plus gênant c’est qu’il n’arrive plus à lever son verre de vodka. ("Chasse dans la taïga", p.113)
Avec ces nouvelles, j’ai découvert Géraldine Dunbar, son écriture m’a envoûté, pleine d’ironie. J’ai hâte de piocher dans sa bibliographie (future carnage en librairie…). Parsemée de mots russes, j’ai retrouvé les sonorités que j’aime tant.
Merci aux éditions Transboreal pour vos superbes livres qui mènent à l’évasion et à la réflexion.
Extraits :
Il songea à sa mère qui lui disait de ne jamais craindre, d’accepter la vie dans ce qu’elle pouvait offrir de plus beau comme de plus difficile, à l’instar de Friedrich Nietzsche. Les moments de joie, les moments pénibles, encore et encore. Jouir du bonheur et du malheur, dans le refrain de la vie, à l’infini… Aimer son destin. (p.25)
Le Voyageur sourit et lui proposa de trinquer une nouvelle fois, à la beauté des mots, la plus admirable richesse qui soit en ce monde. (p.36)
L’amour foudroie les êtres dans le silence, et avec fracas. Le plus étonnant paradoxe qui soit. (p.132)
Mon plus beau souvenir ? Gustave, j’en ai tous les jours des beaux souvenirs, plus qu’hier et moins que demain. (p.188)
Géraldine Dunbar ~ Bons baisers de Baïkal, Transboreal (2014)