Ashes to ashes
Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...
le 5 déc. 2015
80 j'aime
11
Ils sont cons, drogués et violents, et ce sont les nouveaux héros de l'aventure signée du mec de l'underground alias Johann Zarca.
Soit une bande de bras cassés (genre Gringe et Orelsan de Comment c'est loin, mais en mode méchant et s'exprimant majoritairement dans un mélange de verlan-gitan parfois obscur) qui décide, pour financer ses rêves de gloire factice (Miami, drogues et putes siliconées), de braquer le magot de deux mafieux, les frères Perez. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu et les péripéties vont s'enchaîner à un rythme digne d'un jeu vidéo.
Ce que je retiens de ce livre, c'est le défi lexical qu'il représente puisqu'il est entièrement rédigé dans cette langue à la fois grossière et (donc ?) drôle, typique du parler de la téci à laquelle nous avons déjà eu affaire dans les livres précédents.
Zarca fait encore preuve ici d'une dextérité verbale assez folle, même si cette forme peut également lasser, voire un peu écœurer. Trop de vulgarité finit par fatiguer le lecteur qui y voit une forme de facilité voilant mal le vide du fond. Toutefois, les trouvailles, calembours et jeux de mots fusent dans cette comédie tarée, et certaines font sourire : "arabe s'trait", "se gratte comme un gamin qui a la vermicelle", "la bite ne fait pas le moine", "Jane Dark"..
Amoralité à tous les étages, inconscience, puérilité, agissements sans foi ni loi d'une clique de branleurs, mais oralité très bien rendue et interjections fréquentes à base de zob ! ou enculé (d'une grande élégance) : tels sont les ingrédients de ce roman dispensable selon moi.
J'ai particulièrement détesté la figure de la sœur, qui m'a rappelée le personnage de Charlotte Cabris dans Babysitting 2 : encore plus royaliste que le roi, la jeune fille donne dans la surenchère ordurière pour tenter de faire le poids face aux 3 pieds nickelés (son frère et ses 2 acolytes). Las, la grossièreté est encore plus insupportable chez une femme qu'un homme, c'est ainsi. La frelonne (que le frère bastonne régulièrement, mais tout va bien, ne pas se formaliser) est donc pour moi un personnage inutile qui n'apporte rien au scénario.
On retrouve également la thématique des drogues, multiples et omniprésentes, qui sont aux protagonistes de Zarca un moteur essentiel. Déjà débiles de base, les anti-héros le sont encore davantage sous substances et vont se vautrer dans les projets les plus absurdes qui soient.
166 pages à un rythme effréné, entre embrouilles, galères, défonce et kebab qui en disent toutefois long sur la psyché de la racaille abrutie à la Crystal et ses préjugés (sur les Juifs, la Californie, les médecins..). L'épilogue laisse soupçonner une suite- mais pas certaine d'avoir envie de rempiler aux côtés de cette bande d'irrécupérables assez peu attachants au final (sans parler de l'affreuse couverture choisie par Fleuve noir).
Je préfère Zarca dans son costume de documentariste de l'underground, bien plus profond et sociologiquement intéressant que cette comédie grossière à l'amoralité érigée en principe.
Dommage !
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Petites (ou grandes) déceptions littéraires
Créée
le 26 déc. 2019
Critique lue 411 fois
5 j'aime
1 commentaire
Du même critique
Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...
le 5 déc. 2015
80 j'aime
11
Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...
le 17 déc. 2015
77 j'aime
25
A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...
le 23 janv. 2015
71 j'aime
27