J’ai terminé Canada. Et je sais pas trop quoi en penser mon vieux, si ce n’est que j’en attendais certainement autre chose.
Peut-être un aspect social beaucoup plus développé ou alors un roman talentueux de plus sur les grands espaces sauvages nords américains.
J’suis déçu à cause de ça tu vois, alors que le livre est parfait en ce qui concerne son thème : la désillusion, la perception de ce qu’on appelle l’entrée dans l’âge adulte à l’adolescence. Pour moi c’est pas l’entrée dans l’âge adulte, c’est juste un prétexte parce qu’en dehors de la Nature, le monde est vraiment dégueulasse si tu veux tout savoir et cette prise de conscience n’a rien à voir avec le fait de grandir.
La désillusion donc de Dell Parsons et de sa soeur jumelle Bev Parsons, des enfants blancs modestement privilégiés, qui comme moi se sont rendus compte à un moment donné que leur parents n’avaient pas qu’une fonction parentale, qu’ils sont constitués de personnalités complexes, paradoxales, liberticides pour la mère, bref qu’ils sont humains.
Être ou en tout cas se sentir trahi par ses parents. Se délester du « nid », s’enfuir le plus loin possible de ses racines, se mentir, trahir à son tour ce qu’on est, d’où on vient, ce qu’on veut devenir.
Voilà ce qui a fini par me séduire dans ce roman, mais qui arrive bien trop tard dans la construction de l’histoire.
Les trois parties du livres sont assez inégales ; une première partie consacrée au hold-up des parents, beaucoup trop dense. La deuxième partie sur l’exil au Canada pas assez approfondie, et la troisième partie une blague de conclusion, assez télescopée finalement.
Sauf qu’il y a tellement de désespoir assumé dans ce livre, une sorte de paix et d’acceptation de ce désespoir, sans pour autant que ça passe pour de la résignation (parce qu’il faut bien tenter des trucs ma vieille) qu’on se laisse finalement avoir et qu’on continue de lire, bercé par cette quiétude solitaire, froide et belle comme pas deux.