Il y a la vie que l'on mène et celle que l'on aurait pu avoir. Meilleure ? Qui sait ? Quizás, Quizás, Quizás ! Leonardo Padura n'est pas seulement un grand auteur policier, un torréfacteur de romans au long cours (Hérétiques), il sait aussi rédiger d'exquises nouvelles comme celles écrites entre 1985 et 2009 qui figurent dans Ce qui désirait arriver. 13 récits qui disent la nostalgie et la mélancolie avec pour bande originale les notes d'un boléro suranné et pour carburant quelques rasades d'un rhum carta blanca. Le recueil égrène des histoires de destins ratés, d'espoirs déçus, d'illusions flétries. Mais il respire aussi l'amour d'un pays, Cuba, que l'on souhaite quitter pour s'échapper de la pauvreté et de la fin d'un idéal et que l'on tient chaud dans son coeur quand on est loin de lui. Tour à tour sombres, sensuelles, désabusées et vibrantes, les nouvelles de Padura sont de petites pépites de tendresse et d'ironie, de rage et de fatalisme, serties dans une langue poétique et chamarrée. En passant par l'Angola et l'Italie, mais le plus souvent dans les quartiers populaires de La Havane, Ce qui désirait arriver raconte des moments charnières dans des existences profondément ancrées dans le contexte cubain mais aux résonances universelles. Avec élégance, toujours, même si c'est la plupart du temps celle du désespoir.