Chinoises de Xinran.
Xinran est une journaliste et écrivaine chinoise née en 1958 à Beijing qui a présenté l’une des toutes premières émissions de radio consacrée aux femmes après l’ouverture du pays décidée par Deng Xiaoping, le successeur de Mao. Avant cette ouverture, la radio n’était qu’un organisme de propagande de plus, mais l’émission quotidienne de Xinran, bien que soumise en bonne partie à la censure, permis pour la première fois d’écouter des centaines d’histoires de femmes aux travers de lettres envoyées par les auditrices et lues à l’antenne par la présentatrice et même par la suite de prendre les appels de ces femmes en direct à la radio, brisant de nombreux tabous. Tout au long du livre, l’auteur rappelle souvent ce dicton chinois qui prétend que « dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix », or ces livres, ces histoires cachée, sont devenus sa propre quête usant tous ses outils pour lever le voile et comprendre la face cachée de la Chine à propos de ses femmes. Après une dizaine d’années à parcours les campagnes, à se battre pour que l’impensable passe à l’antenne, Xinran se lasse des obstacles et décide de commencer une nouvelle vie en 1998 loin de la doxa du parti et devient citoyenne britannique et rédige ce livre de 352 pages pour dévoiler enfin certaines histoires qu’elle n’a jamais pu oublier. Fille pauvre, femme de général, femme des minorités, prisonnière, chacun des quinze chapitres nous dévoile l’histoire d’une femme particulière et les pensées intimes de l’auteur, mais au-delà des simples destinées anonymes, c’est tout le modèle chinois de la compréhension des femmes du siècle dernier qui nous est dévoilé.
Commencé peu avant mon voyage en Chine, le livre de Xinran m’ a accompagné lors de mes nombreux voyages en train, mais je dois convenir que les histoires qui y sont racontées ont souvent été tellement pénible à lire qu’elles m’ont plongé régulièrement dans de longues minutes de souffrance silencieuse. Indispensable à tous ceux qui s’intéressent à la question féminine ou à l’histoire récente de la Chine, l’ouvrage n’est pas de ceux que l’on traverse sans heurts.
-Chinoises – Xinran (2002) – traduit depuis l’anglais chez Picquier (2003) – 8,50 € (poche)