Au vu de la quasi absence d'activité autour de sa bibliographie, il semble que l'oeuvre d'Henri-Frédéric Blanc soit - sur SC à tout le moins - très peu connue, ce qui me navre.


Je l'ai de mon côté découverte il y a environ dix ans lors d'une soirée d'anniversaire. J'y avais engagé avec une autre convive une conversation qui à la découverte d'un goût commun pour la lecture, s'était vite transformée en aparté exclusif et fiévreux, typique de la mise en présence de deux golfeurs ou autres philatélistes. Le genre que les non-initiés fuient à toute jambe, mus par un instinct de survie primaire tout à fait justifié. Il m'incombe donc désormais d'assurer le SAV et de passer le témoin que cette lectrice m'avait confié ce soir-là.


"Combat de fauves au crépuscule" s'inscrit à plein dans une lame de fond narrative que l'auteur affectionne particulièrement. Tel un Gargamel ricanant, il aime à déposer ses Schtroumpfs au fond d'une éprouvette, leur verser quelques gouttes de réactif sur le bonnet, secouer et nous raconter ce qui se passe. Et pour accélérer la tombée des masques, la révélation des natures profondes, il s'en remet souvent et avec brio, au système du huit-clos.


Dans l'excellent "Sous la dalle" par exemple, le protagoniste se réveille dans son cercueil avec pour seule compagnie un téléphone portable et du réseau. On conviendra que dans le registre du huit-clos, on peut difficilement pousser le curseur plus loin... Dans "Combat de fauves au crépuscule" l'unité de lieu est celle d'une cage d'ascenseur dans un immeuble bourgeois. Elle se referme durablement sur un jeune mâle triomphant, tout en dent et sûr qu'une part juteuse en ce bas-monde lui revient de plein droit. Son Créateur le livre en pâture à des circonstances ostensiblement surréalistes pour mieux observer - et se délecter - de l'inexorable désenflement de ses certitudes et de son torse bombé.


Le talent d'H.-F. Blanc est donc de tisser au coeur de sa trame le fil d'une délicieuse misanthropie, grinçante, toujours drôle, pour déboulonner Sapiens de son auto-décerné piédestal de grand singe prétentieux. Il nous croque, nous égratigne, fait craquer la couche vernissée des convenances sociales et des dîners en ville. Et nous lecteurs, bien au chaud du bon côté de la page, on glousse de bon coeur, bercés par la naïve et désolante illusion qu'il s'agit "des autres".


Voilà, j'espère avoir suffisamment titillé votre curiosité et suscité votre envie de faire une petite place dans votre bibliothèque à cet auteur qui le mérite.


Bonne lecture dans tous les cas,
Dustinette

Dustinette
7
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le 25 sept. 2020

Critique lue 38 fois

Dustinette

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