La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Douglas Kennedy, écrivain de 35 ans sans un sou en poche, se rend aux États-Unis pour revoir un ancien camarade de faculté. Retrouvant ses anciens amis, il se rend compte qu'ils travaillent tous à Wall Street. À New York comme dans le reste du pays, le rêve américain passe par un profit maximum et l'accomplissement personnel est vite remplacé par le besoin d'argent, comme Toby, qui a troqué ses rêves de journaliste sportif contre un salaire à 6 chiffres de courtier en bourse.
Pour vérifier si le matérialisme régit le monde, Kennedy part au Maroc visiter la place boursière de Casablanca. Le marché étant encore sous l'égide du Ministère des finances, la «corbeille» – lieu où se déroulent les échanges boursiers – n'est ouverte que trente minutes par jour. Après le grouillement de Wall Street, c'est un Kennedy amusé qui assiste à la dizaine de transactions journalières, notées à la craie sur un tableau noir. Dans un café, il rencontre Youssef, qui lui explique que c'est par devoir familial qu'il a rejoint la banque de son père. Études à l'étranger, mais destin à Casablanca. Derrière le vernis cosmopolite du financier international se cache pourtant un traditionaliste inflexible. Lorsque Kennedy lui raconte qu'il n'a pas d'enfants après six ans de mariage, Youssef, embarrassé, pense que c'est à cause de problèmes médicaux, et que sa femme doit vraiment s'ennuyer à la maison.
Après le Maroc, direction l'Australie et la place boursière de Sydney, où les traders aux allures de surfeurs ne dépassent pas les 25 ans. Jeunes, beaux, riches, ils engrangent un maximum d'argent avant l'âge fatidique de 35 ans. Après plus de 10 ans de stress intense, impossible pour eux d'être toujours aussi performants. Jane, ex-infirmière dans un élevage de moutons l'a très bien compris, et comme la plupart de ses collègues, elle prépare sa reconversion des plus banales : avoir des enfants et les élever en banlieue, ouvrir une librairie, un magasin de vin, ou devenir guérisseur.
Le voyage de Kennedy se poursuit à Singapour et Budapest, pour se terminer à Londres, avec l'ancien trader le plus célèbre de la City qui, à 45 ans, vit dans un minable studio à côté d'une décharge.
En une année de voyages, Kennedy démonte brique par brique le rêve américain.
Bien avant tous les romans qui ont fait son succès, je découvre une fraîcheur inattendue dans sa façon d'écrire et d'analyser le monde qui l'entoure, sans moralisme, ni jugement.
Il observe, pose les bonnes questions et ne remet jamais en cause son interlocuteur. Avec cette technique qui rend la lecture dynamique, le lecteur profite du voyage comme s'il observait la scène.
Dans Combien ?, Douglas Kennedy découvre que malgré la diversité culturelle, le but reste le même partout, celui de se faire le plus d'argent possible.