Mona Ozouf, grande universitaire française, est le produit de l'école républicaine. Elle l'a toujours reconnu. Pour autant, elle est bretonne. Yann Sohier, son père, était un militant régionaliste très engagé. Sa famille lui a enseigné le breton, et l'école le français.
Elle décrit dans la première partie autobiographique du livre cette jeunesse écartelée entre l'aspiration (au deux sens du terme) à l'excellence républicaine qui passe par la maîtrise du française et la nécessité de se dépouiller de ses oripeaux régionaliste, et cet attachement à la bretonnité, qui a bercé sa jeunesse et dont les figures de sa famille - notamment sa grand-mère - l'ont profondément marquée.
Dans une seconde partie elle théorise et plaide pour la cohabitation au sein des individus des plusieurs cultures, qui constitue une richesse et non une faiblesse. Dénuée de tout dogmatisme, elle puise dans sa propre expérience au parti communiste, au sein de l'Université et dans le monde intellectuel les exemples et les analyses qui militent pour une identité nationale "composée" et non univoque et uniforme.
Cet ouvrage riche qui s'appuie sur une expérience concrète et intime, très bien écrit et d'une très grande finesse, est une contribution de premier plan à la réflexion générale sur l'identité individuelle, sur la laïcité et sur la République.
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