Nous étions de ces gens qui ont besoin de silence pour avancer. En parler nous aurait fissurés pour

Evie a grandi dans une famille défaillante. Son père, alcoolique et instable, l'a élevé pendant que sa mère vivait sa vie loin d'eux et ne revenait faire que des apparitions éclaires. Ils vivent sur l'ile de Winter Island, au large de la Californie. C'est une terre soumise aux tempêtes et aux embruns, une terre à laquelle Evie se sent profondément attachée. Le roman commence alors qu'elle prépare son mariage. Son futur mari tarde à revenir de sa mission de pèche et sa mère débarque à l’improviste. Dans la baie une baleine morte pourrit et devient une obsession pour Evie et sa mère. Le roman fonctionne ensuite à la manière des marées, par flux et reflux. Les épisodes du passé ou du futur s’entremêlent. Nous découvrons l'histoire par vagues successives.
Dés les première pages on plonge dans une ambiance très particulière. Ce texte sent les embruns marins et le poison. On ressent la chaleur brulante de l'été comme l'humidité des journées d'hiver. Les éléments naturels ont une grande place dans l'histoire et rythment la vie des personnages. Ils donnent de l'ampleur à leur quotidien.
Le roman raconte une famille dysfonctionnelle et la manière dont on grandi en son sein. Evie ne peut s'affranchir de son histoire, elle en est le fruit. Son père, junkie et alcoolique, est un homme profondément attaché à sa fille et qui tente de lui inculper une certaine vision du monde, certaines valeurs. Sa passion pour les créature marine, Evie la doit à son père. Sa mère n'est jamais présente et lui manque constamment mais elle ne peut s’empêcher de l'aimer et de l'attendre. Elle choisi de les accepter ainsi, de les aimer malgré tout et de tenter de se construire avec leurs manquement. L'autrice sonde la complexité des relations familiales avec justesse. Il y a la famille de sang mais aussi celle qu'on se choisit. La vie de Evie est traversée par Marie, mère de substitution qui ne restera auprès d'elle que trop brièvement, et Rook une sœur de cœur encore plus cabossée qu'elle. C'est deux femmes ont autant d'impact dans sa vie que ses parents.
Je regrette quelques longueurs. La question des la solitude est très présente et parfois redondante. Evie se questionne beaucoup sur elle ou sur son couple. Elle doute énormément. Ces interrogations, bien naturelles au regard de son histoire familiale, deviennent répétitives. Vers le milieu du roman, elles nuisent au rythme du texte. Le coté très déstructuré du roman est lui porteur de beaucoup de sens. L'autrice utilise les éléments et les créatures marines en écho à la psyché d'Evie. A la manière d'un ressac, les chapitres se heurtent les uns aux autres et créent une tension dans le récit. Les morceaux de l'histoire peu à peu s'assemblent. Il faut accepter de louvoyer d'une époque à l'autre, d'un souvenir à l'autre, de se laisser porter par les courants marins.
C'est un premier roman abouti par sa construction audacieuse et par son ambiance captivante. J'ai été séduite par l'écriture poétique et imagée de l'autrice. Une belle découverte.
Traduction de Mathilde Bach.
Merci aux éditions La croisée et au Picabo River Book Club pour la découverte !

Anaïs_Alexandre
8

Créée

le 2 mars 2021

Critique lue 32 fois

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