Je suis une grande admiratrice de Philippe Besson, pourtant, son dernier roman m’a déçu, et je me sens étrangement triste en essayant de l’écrire.
Soyons clairs, je ne reproche rien à l’intrigue, ou au déroulement du roman, et le style de l’auteur, même s’il perd en force et en éclat (selon moi, c’est un peu comme la romance de Louise et François, quelque chose qui n’est pas viscéralement déplaisant, mais qui s’use, et devient convenu) possède toujours sa patte particulière, que l’on aime, ou non.
Ce qui est séduisant, pour moi, dans les romans de Philippe Besson, c’est avant tout la fragilité des personnages, tout particulièrement celle des hommes.
Le personnage de François, bien que très à l’arrière plan, possède toutes les qualités de l’écriture de l’auteur. Mais je déplore Luca, qui ne parvient pas à exister, pas à être autre chose que ‘l’italien jeune, inexistant, lisse et profondément cliché –même son nom a la convention du personnage « qui fait tout voler en éclat, en toute innocence ».
La littérature de cet auteur ne fonctionne qu’avec les sentiments, et l’empathie au personnage principal, l’immersion. Ici, c’est simplement insuffisant, peut-être parce que le personnage principal est une femme, peut-être parce qu’elle se veut froide, peut-être parce qu’elle vit comme elle écrit ses romans, en notant ses propres phrases comme si elles étaient des petites perles.
Cette auteure, Louise, tout droit sortie de Paris, m’a profondément laissé de glace. Ce n’est pas que je l’aie jugée, ou détestée, ou appréciée, littéralement, elle m’a ennuyé. Je n’ai pas pu me retrouver dans ses conflits, dépeints, somme toute, très sommairement. C’est dommage. Le thème du roman, c’est-à-dire « ce qu’on est en droit d’attendre de l’amour et de la vie » devrait parler à tout le monde.
Les scènes qui décrivent les moments d’intimité des amants (et je parle bien de l’intimité des mots, pas celle des corps) m’ont mortifié, tant c’était surfait, et vide. Besson m’a donné l’habitude, en lisant ses romans, d’avoir accès à un bout de vie étranger, presque de le vivre, à travers ses romans. Là, sur ma faim, dans ces moments qui auraient dû être bouleversants – puisqu’ils bouleversaient Louise- j’ai effectivement eu l’impression de lire, au mauvais sens du terme, de voir s’enchaîner des mots sans profondeur, sans poids réels, et que même les gestes, les réactions des personnages étaient celles d’automates de papiers, qui se croyaient très poétiques, et qui étaient en fait tout à fait bancals. Ca se voulait tendu d’amour et d’angoisse, mais ça s’affaissait sur soi.
Il y a eu de l’émotion, pourtant. Principalement face à l’époux, dans les confrontations, de l’empathie pour lui, énormément. Pour le téléphone qui sonne sur une ligne, et que l’on ignore à toute allure, du respect pour cette liberté immense qu il laisse à la personne qu’ il aime, et dont il préfère l’absence que le départ. Dommage que l’auteur se soit davantage concentré sur le jeune amour, très banal, et laisse à la dérive, très très loin derrière, ce personnage amoureux, comme s’il n’était pas concerné, le roman perd beaucoup en profondeur, pour le coup, et tous les sentiments de Louise en deviennent effroyablement superficiels.
Et puis, l’Italie, le Soleil, la Lumière, l’exorcisation de sentiments au travers d’une mise en abîme maladroite de romancier à romancière… surfait. Trop de choses qui se veulent porteuses d’images les ont tuées. Et j'en suis désolée, vraiment.