Pour moi Deadlands c'est un peu le classique instantané, le jeu qui semble débouler de nulle part et qui s'impose dans le paysage ludique avec évidence : un tel jeu ne pouvait tout simplement pas ne pas exister. C'était mon premier contact avec le weird west (du western avec du fantastique, de préférence horrifique) et, je confesse mon ignorance en la matière, un genre d'univers que je ne connaissais pas avant cela et qui me semble avoir fait florès depuis (mais dont je ne doute pas qu'il soit bien antérieur).
Sans doute étais-je d'autant plus prêt à accueillir le jeu, idéalement enrobé sous une couverture inspirante et évocatrice de Brom, que j'étais déjà fan de l'inénarrable Torg et que le jeu en reprend certains principes fondateurs (l'esprit pulp, le récit de ses exploits comme moyen d'altérer le monde, le côté ludique du système de jeu).
Le livre de base de Deadlands, très ramassé (pour un bouquin de jeu de rôle s'entend) est d'une grande efficacité. L'écriture argotique donne le ton et l'univers efficacement évoqué, de sorte qu'il s'impose immédiatement à l'esprit et qu'il est facile et rapide de le prendre en main. Pour le système de jeu c'est une autre paire de manches car il se révèle assez lourd (recours aux cartes, à toutes les variétés de dés - et en quantité - , fait appel à de nombreux systèmes ad hoc) et pourtant parfaitement adapté à l'univers. Dans Deadlands les séquences d'action deviennent un jeu dans le jeu et si elles sont sans doute assez longues à résoudre elles se révèlent intéressantes en tant que telles et contribuent largement à l'ambiance.
Par ailleurs je ne sais pas ce qu'est devenue la gamme (au développement assez pléthorique il faut le reconnaître) au fil du temps mais les premiers suppléments de background (du genre The Great Maze) étaient de qualité.
Je suis nettement moins convaincu par la version Reloaded! (sans parler de l'absurdité D20) qui simplifie beaucoup le système (en fait ledit système a été simplifié pour le jeu de figurine puis est revenu vers le jeu de rôle sous la forme du générique Savage Worlds pour réenfanter Deadlands), lui faisant perdre sa qualité ludique et qui souffre par ailleurs de quelques inconsistances regrettables.