Dit "stopie" ?

14 petites nouvelles dystopiques liées entre elles par un réseau, et ancrée dans la dénonciation de nos petits écarts quotidiens. Patrice Franceschi joue ici à lier l’ancrage à la Black Mirror, clairement d’actualité, qui vise à pousser à son paroxysme une logique de nos temps, et une forme à l’issue tragique qui n’est pas sans rappeler Brecht et son Grand Peur.

Par son jeu de clichés tout en ironie, on se rapproche un peu des récits initiatiques des Humanistes à qui il est souvent fait référence mais aussi de tous les textes de Dino Buzzati (les Tartares bien sûr, mais aussi les contes du K, surtout pour la forme), sans malheureusement la petite pointe de poésie.

Si immanquablement pour un recueil, la qualité diverge, le fait que les textes soient liés entre eux comme de petits chapitres d’une grande histoire permets de passer outre certains textes moins bons (La traversée de Paris, peut être trop actuel et donc déjà dépassé) et de garder les belles pages (La journée de Doug Peterson et l’œil du singe par exemple).

Si la petite dystopie contemporaine est à la mode et relève aujourd’hui plus du conte populaire qu’autre chose, ces petits textes viennent nourrir la réflexion avec intérêt et lucidité, et ont le mérite de ne pas totalement tomber à plat comme le 2084 de Bouallem Sansal qui échoue à faire ce qui est ici réussi.