Une très grosse découverte avec ce premier roman. Je ne suis pas spécialement porté sur la fantasy en littérature (même si j’essaye de me soigner), mais j’ai été conquis par l’univers (qui a aussi un petit soupçon steampunk) et l’intrigue. Le seul reproche qu’on peut émettre, c’est sa brièveté ! On aurait tellement aimé en découvrir plus sur ces personnages, sur les mécaniques de cet univers foisonnant, sur Sheltel. L’autrice nous happe dès les premiers chapitres et on dévorera cette histoire tant elle est se révèle palpitante et bien ficelée. Il y a un côté fatalisme, où chaque personnage vogue au grès de l’intrigue vers son destin, essaye de surmonter des obstacles qui se dressent les uns après les autres. Le découpage comme un journal de bord et l’alternance entre les points de vue donne un rythme au récit tel un décompte, entrecoupé par les petits textes diégétiques qui permettent d’approfondir un peu plus l’univers.
On nous présente aussi trois personnages franchement intéressants, qu’il est difficile de vraiment en choisir un en particulier. Que ce soit par les symboles qu’iels représentent, les messages qu’iels véhiculent, on s’y attache d’une façon ou d’une autre. Le rôle d’antagoniste n’est jamais clairement établi, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il n’est pas forcément celui qu’on aurait pu croire. Ou disons qu’il n’est pas forcément traité comme on s’y serait attendu, donnant au roman une saveur toute particulière. À cela s’ajoute d’autres personnages tout aussi marquants, même s’iels seront un peu mis en retrait ou pas forcément exploité à leur plein potentiel. Mais là aussi, on sera servi en surprises et destins inattendus.
Et puis il y a bien sûr le style de Chris Vuklisevic ! Là aussi, dès les premières pages, on note un style plaisant, bien rythmé, qui parvient bien à tisser peu à peu son univers en équilibrant l’humour, le suspens, l’action et le côté humain. Un style très épuré, qui va droit au but, qui ne s’encombre pas de lourdeurs, mais qui ne se prive pas non plus de jouer avec les mots et les phrases pour rendre la lecture agréable, captivante, addictive, inspirante. On est plongé dans cet univers, dans ces mots, et ils nous laissent une empreinte même une fois le livre reposé. Voici la marque des grands. Du régal de bout en bout.
Bref, si j’aurais pu plongé dans ce récit pour encore 500 pages, force est de constater qu’il est très bien équilibré : la mise en place de l’univers, des personnages, des enjeux, les péripéties et la conclusion épique. Je ne suis pas expert en fantasy, ni forcément un grand amateur, mais voilà clairement un livre qui me donne envie de m’y plonger encore plus. Une réussite à ne pas manquer !