La relation étroite spécifique entre l'homme et le chien m'a toujours intéressé. Je dois bien dire que depuis que je lis des ouvrages d'éthologie, la question me turlupine un peu d'autant que je savais que le regard du chien provoque en nous une production d’ocytocine...
Nous avons ici une synthèse assez récente (2011) sur la recherche sur le chien. Il y est question de son évolution (la domestication date peut-être de 50 000 ans), de la notion de race, de sa coévolution avec l'homme et des hypothèses concernant son comportement, notre interrelation, leur umwelt, nos communications, nos malentendus...
"Le lien social comme ajustement mutuel.
Dès lors que l'on adopte un tel point de vue, les traits égrainés dans les chapitres précédents invitent à considérer qu'il existe un authentique et riche lien social entre l'homme et le chien, compte tenu de la multiplicité et de l'étendue des ajustements mutuels qui nous lient à eux: coprésence quasi universelle des deux espèces; adaptation du chien à la niche anthropogénique, qui lui donne des quelques trais cognitifs et comportementaux fonctionnellement identiques à ceux des humains ou en adéquation avec eux; double socialisation du chien; sens de la hiérarchie sociale;, qui permet au chien de se mettre au service de l'homme, et ajustement des interactions de domination; stratégie active, et non passivement subie, du meilleur ami de l'homme dans sa domestication; plasticité développementale du chien, qui lui permet d'ajuster son physique et ses aptitudes aux multiples besoins des sociétés humaines; communication avec les humains; ajustement des interactions par le malentendu, l'engagement modulable de l'être humain, l'ambivalence de ses sentiments; capacité du chien à solliciter le penchant humain à converser avec soi-même ou avec un autre humain, à travers la parole adressée à l'animal."
L'auteur a souvent soin de concilier les différentes approches sans dogmatisme. Et il termine son propos en se servant de l'étude du chien pour bannir la dichotomie nature/culture qui n'a plus lieu d'être, à la dépasser pour une meilleur dialogue entre les champs scientifiques (surtout entre les sciences sociales héritières d'un socioconstructivisme et les sciences cognitives, naturelles). Je ne peux qu'être d'accord.