✩ Présélection jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩
Teresa a 14 ans lorsqu'à la faveur d'une nuit d'été on ne peut plus torride, penchée à sa fenêtre, elle surprend les corps nus de 3 jeunes hommes s'ébrouant gaiement dans la piscine de sa grand-mère.
Peut-être aurait-elle dû s'en tenir à cette troublante vision, un peu comme un cadeau du ciel (le Seigneur donne et le Seigneur reprend), mais le halo de mystère entourant ces trois garçons entrés par effraction dans son jardin, décrits par les adultes comme des hippies un peu sorciers, les rend évidemment irrésistibles.
Bert, Nicola et Tommaso vivent dans la ferme voisine, presque en autarcie, dans une illusion de liberté savamment gérée par Cesare, un genre de vieux hippie qu'aurait viré gourou/fou de Dieu et qui distille aphorismes et leçons de vie tout au long de chaque journée...
Mais à ce moment là, aucun de nos jeunes protagonistes ne s'en préoccupe: seules comptent la pureté d'une vie en communion des hommes avec la nature et la puissance de leurs corps et de leur désir.
Et Teresa, elle, n'a d'yeux que pour le léger strabisme de Bert.
Sur une vingtaine d'année, l'auteur trace le destin de ces quatre adolescents et s’interroge particulièrement sur la manière dont les idéaux de l'enfance peuvent survivre au passage à l'âge adulte.
Dans un entretien accordé à Olivia Gesbert sur France Culture (à retrouver ici), Paolo Giordano explique:
"Quand on s'ouvre à la possibilité de l'autre, on s'ouvre à la possibilité de la trahison, et ça aide beaucoup à grandir".
La découverte de sa propre identité engendre des conflits de loyauté dont les conséquences sont parfois dévastatrices.
Paolo Giordano signe en outre un véritable hymne à la nature, méditerranéenne, celle des Pouilles.
Dévorer le ciel, C'est une histoire d'amour(s) mais c'est aussi une fable écologiste qui pose les bases d'une réflexion en soi passionnante et probablement éternelle sur la nature de nos combats et leurs moyens d'action, sur leur place dans nos vies et les conséquences de nos engagements sur la vie de ceux qui nous sont proches.
Paolo Giordano construit son roman sur les récits enchevêtrés du présent et du passé, illustrant le chaos en chacun de ses personnages.
A mon sens l'auteur s'est malheureusement un peu perdu en route et, le mieux étant souvent l'ennemi du bien, on regrettera un peu l'accumulation d'événements peu pertinents qui font perdre l'intensité insufflée par le rythme dans les deux premiers tiers du roman.
"On peut se rendre fou en se demandant si l'on aime quelqu'un"
Allé, c'est beau comme du Eros Ramazzotti et des pâtes "alla carbonara" sans crème un soir d'été sous les oliviers, ne soyons pas chagrins, et plutôt que dévorer, dégustons...