Diderot le génie débraillé par Tempuslegendae

Dès sa jeunesse, on l'appelait l'enfant bohème, le génie débraillé. Diderot est un débauché du Quartier latin qui l'abrite, il y vit dans un tourbillon de sensualité et de débauche amoureuse permanente. Sa vie marginale lui fait très vite perdre la foi alors que très tôt, son père, maître coutelier, décidait de le confier chez les jésuites pour lui garantir une certaine droiture. La romancière Sophie CHAUVEAU a décidé de ressusciter le temps de son écriture, l'enfant mystérieux, séducteur, exubérant, l'encyclopédiste aux côtés des grands comme Voltaire, D'Alembert, Montesquieu, Rousseau, La Condamine, enfin le grand philosophe, son incarnation au deisme, au septicisme, et pour finir au matérialisme. La fidélité qu'il vouera d'ailleurs aux intellectuels encyclopédistes de ce siècle éclairé sera indéfectible, mais malheureusement mieux vaut ne pas parler de réciprocité sur ce registre. Viendra le temps de son incarcération à Vincennes où il trouvera une énergie démultipliée pour se consacrer à l'Encyclopédie, néanmoins ses forces y seront considérablement hypothéquées. La deuxième partie de sa vie sera marquée par des rencontres affichées comme celle du grand Voltaire sur la scène de son Théâtre parisien. Plus tard, la complicité qu'il entretiendra avec la Grande Catherine de Russie, souveraine de son état, entrainera polémique et jalousie à Paris. Son retour dans la capitale sera accueilli par l'attaque et la calomnie, lesquelles seront répliquées par ses amis de toujours. Après cet intermède difficile, Diderot poursuivra son travail d'éditeur ainsi que l'avancée de son œuvre littéraire, le surplus d'énergie dont il bénéficiera, sera consacré comme au temps de ses vingt ans, soit à sa vie de parade et de tumulte. Une vie bien remplie il aura, il s'éteindra peu avant la Révolution à l'âge de soixante-dix ans, laissant derrière lui un précieux capital littéraire, philosophique, même théâtral.
Toute son œuvre, en dehors de l'«Enyclopédie», n'aura été, à partir de lectures, de personnages rencontrés, de faits divers observés, de récits entendus, qu'une éblouissante projection de lui-même.
Quelle belle idée Sophie CHAVEAU, auteur d'essais et d'une monographie sur l'art comme langage de l'amour, a-t-elle eu, de consacrer son temps, son énergie, sa plume et son savoir au profit d'un Grand des Lumières que notre fière France a abrité. Deux tomes représentent beaucoup pour une histoire ennuyeuse, toutefois bien peu pour le récit d'une vie bien remplie comme celle de Diderot.
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le 15 oct. 2013

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