Steven Dietz porte l’intrigue originale de Bram Stoker et en tire la pièce la plus dense, la plus confondante, la plus aboutie qui soit : dans une atmosphère malsaine, oppressante, nauséeuse, on assiste au tourment de tous les personnages, à l’agonie de bon nombre d’entre eux, et au triomphe de Dracula. L’intrigue nouée ici dégage une impression de puissance, de fureur, et de terreur : Renfield hante l’asile et règne sur un royaume de rats, Lucy va rôder toutes les nuits sur des falaises escarpées, et Seward se vide de son sang pour sauver son aimée.

Le grand défi, c’était de fournir une mise en scène efficace pour recréer l’ambiance saturée de Dracula, sans virer dans le grotesque ou le ridicule : Steven Dietz y parvient magnifiquement, en prenant le parti du réalisme pur. Dracula est Dracula, et cela seul suffit à le rendre terrifiant. Transfusions sanguines, attaques de rats et de loups, ou bien rites sexuels violents entre le vampire et ses proies : pas de doute, ce Dracula va décoiffer dans les salles de théâtre ... pour peu qu’un metteur en scène soit assez fou pour porter ce projet titanesque, un véritable défi humain et logistique. Pour que le pari de Steven Dietz fonctionne et happe le spectateur, des comédiens aux accessoires, il faut que tout soit irréprochable.

Mais imaginer ce Dracula sur une scène de théâtre ... les blockbusters de vampires pourront aller se rhabiller. La pièce est simplement terrifiante et fascinante. Comme l’explique Steven Dietz lui-même : « I took Mr. Stoker at his word : although there are obviously many metaphorical dimensions to Count Dracula, the actual being is the most haunting. The question, then, is not what Dracula represents, but what he is : A brilliant, seductive, fanged beast waiting to suck the blood from your throat. Hide from that. »
Wakapou
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le 7 oct. 2013

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