Fil à la patte ancillaire

Labiche, comme Feydeau, a exploité le thème du "fil à la patte" : comment se débarrasser d'une amourette sans importance quand vient le moment décisif de prendre femme devant deux familles et un notaire ?

Les personnages de Labiche sont régulièrement entraînés dans une cascade de mensonges : au moment où un mensonge est sur le point d'être découvert, le personnage invente un autre mensonge encore plus gros pour se tirer d'affaire, ce qui fonctionne en général pas plus de cinq minutes, le temps que survienne un nouveau contretemps. Ici, par exemple, Edgard réussit à être absent à la cérémonie de signature du contrat... jusqu'à ce que le notaire s'invite carrément chez lui !

Florestine empêche donc Edgard de sortir de chez lui, ce qui a pour conséquence que son beau-père, Veauvardin, lui rende visite. Ce dernier personnage est responsable de pas mal d'effets comiques : "le cerveau, c'est ma partie faible..." (scène VII); Edgard lui refile plusieurs fois entre les mains les objets qui ont servi à ses diverses machinations, et dont Veauvardin ne voit pas le rapport avec le mariage de sa fille (nous non plus, d'ailleurs...). De plus, Veauvardin se pique de magnétisme et d'hypnotisme, ce qui donne lieu à des scènes bouffonnes, aussi peu vraisemblables que drôles.

Vers la fin, comme les évènements se retournent un peu trop contre Edgard, Labiche introduit deux coups de théâtre symétriques et rapprochés, d'une extravagante invraisemblance, qui permettent que tout finisse par les couplets approximatifs et bon enfant habituels.

C'est précisément cette invraisemblance qui accentue la drôlerie de la pièce : on sent que l'auteur ne se prend pas au sérieux, et c'est sa manière d'envoyer un clin d'oeil au spectateur...

Le rythme, soutenu, des ennuis d'Edgard, confère son dynamisme savoureux à la pièce.