Les envolées désespérées d'un vieil anar sur le déclin (il meurt peu de temps après).
Une poésie indéniable, quelques fulgurances venimeuses qui feront peut-être date, une noirceur a toute épreuve. Un sentiment persistant de futilité, pourtant. Non qu'il s'en défende : son acharnement à revendiquer sa petitesse, son inutilité, sa part de culpabilité dans le triste spectacle universel, est si contradictoire qu'on le devine sincère.
Si sa nostalgie des amitiés passées - seuls remparts contre le désespoir total, le néant improductif - est touchante, on ne peut s'empêcher de se demander : pourquoi ? si tout est si irrécupérable, si nous ne sommes que de la poussière glaireuse qui s'imagine vivre, des gargouillis méprisables de fond en comble, à quoi bon écrire ?
On se prend à se demander, parfois, si l'on lit un brûlot politique ou les lamentations séniles et stériles d'un vieillard sentant la faux s'approcher. Probablement les deux. Le style sauve cependant : le sens de la formule, comme on dit. Un lyrisme sale, définitif.
PS : il y a quelque chose d'indécent à noter cette oeuvre presque posthume, j'aurais aimé m'en passer.