Du narrateur, nous ne connaissons même pas son nom. Seulement qu’il est enfermé dans le couloir de la mort depuis des années, et qu’il ne parle jamais. Depuis ce qu’il appelle son donjon, il contemple les allées et venues. Les détenus, les gardes, les chemises noires, joli nom pour parler des bourreaux, la Dame qui peine à sauver les quelques âmes incarcérées qu’elle peut, le prêtre qui n’en est plus un mais qu’importe…
Recroquevillé dans sa cellule, il dévore les livres, ses derniers compagnons. Plusieurs fois chacun, il savoure les mots, s’évade, s’octroie une promenade au grand air qui lui est physiquement interdite.
C’est un roman très dur, sombre, glauque mais étrangement poétique par moment. Un autre regard, c’est certain, de l’univers carcéral et du couloir de la mort. Un cadre surprenant pour un premier roman, mais l’auteure connaît bien son sujet, elle-même journaliste spécialisée dans les peines de mort. La sombre réalité des prisons, elle la retranscrit dans ce roman. Tout comme la violence et la dureté du quotidien avec laquelle les prisonniers doivent composer pendant leurs dernières années. Jusqu’à parfois, refuser toute aide et céder à la condamnation. Plus qu’une résignation, une vraie envie pour certains de s’extraire de ces murs gris par tous les moyens, si la mort en est un.
Bouleversant !